Des chiffres de l’INED qui confirment la gravité de la politique menée par le gouvernement dans les DOM

“L’Outre-mer victime de la fuite des cerveaux”

26 avril 2012

Sous le titre “L’Outre-mer victime de la fuite des cerveaux”, le quotidien parisien ’Métro France’ a publié hier un article qui présente une analyse de l’Institut national d’études démographiques (INED) sur divers aspects de l’évolution sociale et démographique dans les Départements d’Outre-mer. Ces chiffres illustrent de façon dramatique les effets de la politique injuste menée dans ces pays par l’État avec ses complices ultra-marins. Ils montrent également l’importance et l’urgence des changements à apporter dans cette politique, notamment à La Réunion, en appliquant le projet signé avec les Réunionnais par François Hollande. Nous publions ci-après l’intégralité de cet article, et dans ’An plis ke sa’, des extraits du résumé publié par l’INED.

La métropole française attire 42,7% des jeunes diplômés des Départements d’Outre-mer, ce qui accentue la crise sociale sur place, selon une étude démographique de l’INED.

Les jeunes d’Outre-mer ont la bougeotte : plus d’un quart des 18-34 ans (27,1%) ont migré en métropole pour leurs études ou pour trouver un emploi. Cette proportion atteint même 42,7% parmi les diplômés du supérieur. C’est le résultat d’une enquête menée par l’Institut national d’études démographiques (INED) sur les Départements d’Outre-mer (DOM).

« Un double poids sur les DOM »


« On observe un effet de sélection qui fait peser un double poids sur les DOM : les plus diplômés et ceux qui ont une expérience professionnelle restent en métropole, alors que ceux qui n’ont pas trouvé d’emploi reviennent, alimentant des problèmes sociaux », explique Claude-Valentin Marie, chercheur à l’INED. Les jeunes ont déjà intégré ces contraintes : plus de la moitié d’entre eux (et 67% des Martiniquais) déclarent être prêts à partir si on leur proposait un emploi.

Un jeune Réunionnais sur deux au chômage

La Guadeloupe, la Martinique, La Réunion et la Guyane sont les régions d’Europe les plus touchées par le chômage. Entre 20 et 25% de la population active y est sans emploi. Un chiffre qui atteint 50% des jeunes à La Réunion. « Les émeutes (en février dernier, NDLR) s’expliquent en partie par leur refus de la mobilité forcée à la métropole. Les jeunes réclament un développement local », note Franck Temporal, concepteur de l’étude.

Fort taux d’avortement


L’INED souligne d’autres particularités démographiques des Départements d’Outre-mer : le taux de mortalité infantile (8,4 pour 1.000 naissances) y est plus élevé qu’en métropole (3,6) et le recours à l’avortement y est deux fois plus fréquent, particulièrement en Guadeloupe. Des chiffres qui s’expliquent en partie par la fécondité plus précoce : 28,5 ans en moyenne pour le premier enfant, contre 30 ans en métropole. Les autres indicateurs (taux de fécondité, espérance de vie) se rapprochent du schéma hexagonal, laissant présager un rapide vieillissement de la population qui posera d’autres défis.

« La mortalité infantile deux fois plus élevée dans les Départements d’Outre-mer »


Le journal "Le quotidien du médecin" a publié hier un article sur l’étude menée par l’INED sur la situation dans les quatre Départements d’Outre-mer et les différences avec la France métropolitaine. Il y souligne que « l’espérance de vie des ultramarins est moins élevée et la mortalité infantile est plus élevée ». Voici de larges extraits de cet article.


La population de La Réunion, la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane représente 2,9% de la population française, soit 1,9 million de personnes. L’espérance de vie dans les départements ultramarins est en moyenne inférieure d’environ deux ans à celle de la France métropolitaine, mais progresse régulièrement et au même rythme. Ainsi, sur la période 2004-2008, elle est de 74,9 ans en moyenne pour les hommes, contre 77,1 ans ; et pour les femmes, elle est de 82,2 ans, contre 84,2ans. C’est à la Martinique que la population vit le plus longtemps, tandis que la mortalité est la plus élevée à La Réunion pour les hommes, et en Guyane pour les femmes.

8,4 décès pour 1.000


Concernant la mortalité infantile, en revanche, l’écart se creuse entre la métropole et les DOM, car depuis une dizaine d’années, elle ne baisse plus dans les départements insulaires. Elle est au moins deux fois plus élevée, sur la période 2005-2009, elle s’établit en moyenne à 8,4 décès d’enfants de moins d’un an pour 1.000 naissances, contre 3,6 en métropole. Parmi ces départements, c’est la Guyane qui enregistre le taux le plus élevé avec 11,9 décès pour 1.000 naissances. Les autres départements ont des taux compris entre 7,2 pour 1.000 et 8,6 pour 1.000, aucun département métropolitain n’enregistre des valeurs aussi élevées.

« La mortalité infantile est probablement due à un retard de l’accompagnement des femmes et des mécanismes de prévention », analyse Claude-Valentin Marie, chercheur à l’INED.

An plis ke sa

• Évolution démographique

Au 1er janvier 2011, la population de la France est estimée à 65 millions d’habitants, dont 1,9 million résident dans les Départements d’Outre-mer (DOM). L’accroissement de la population de ces départements est deux fois plus rapide (+11,2 ‰ en 2010) que celui de la métropole (+5,4 ‰), et la structure par âge de leur population est plus jeune.

• Couples

Le nombre de mariages dans les DOM est resté stable en 2010, et l’augmentation des pacs s’est poursuivie, mais à un rythme ralenti. On se pacse et on se marie presque au même âge, toutefois, l’écart d’âge entre les conjoints pacsés est légèrement plus réduit que pour les mariés. La fréquence des divorces aux durées de mariage élevées a beaucoup augmenté depuis 30 ans.

• Insertion professionnelle

Depuis un demi-siècle, les DOM sont le théâtre de mouvements migratoires intenses où se croisent départs et retours des natifs des DOM et de populations nées en France métropolitaine ou à l’étranger. L’émigration des natifs des DOM, principalement orientée vers la métropole, a pour caractéristique majeure de concerner quasi exclusivement des individus en âge de travailler motivés par les études et l’emploi. Cette étude mesure l’ampleur et décrit la complexité de ces migrations, en s’attachant aux mécanismes de sélection à l’œuvre au départ comme au retour, notamment selon le niveau de diplôme.

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