L’OMC s’invite au G8 : le Président de la Commission européenne appelle à la conclusion d’un accord cette année

La Réunion concernée par le G8

8 juin 2007

L’appel du Président de la Commission européenne à conclure les négociations de l’OMC avant la fin de l’année souligne l’impact que ses discussions au sommet peuvent avoir à La Réunion. Car les orientations libérales de l’OMC se traduisent dans les Accords de partenariat économique que l’Union européenne veut conclure avant la fin de l’année avec les pays ACP. Or, ces accords fixeront le cadre des relations commerciales entre La Réunion et les pays voisins.

Il est urgent de conclure le cycle de négociations de Doha sur le commerce international avant la fin de cette année, tel est en substance le message délivré hier au G8 par José Manuel Barroso, Président de la Commission européenne. Une adresse aux représentants des huit pays les plus riches du monde, ainsi qu’aux observateurs indiens et chinois qui participent à la rencontre au sommet en Allemagne.
« Nous devons conclure ces négociations en 2007, c’est une priorité », a précisé le président de la Commission européenne. Près de six ans de négociations, c’est « assez », a-t-il estimé.
Le cycle de Doha, lancé en 2001 dans le but officiel de réduire la pauvreté par des pratiques commerciales équitables, est bloqué depuis juillet 2006 à cause de différends marqués sur le commerce de produits agricoles et l’accès au marché industriel entre les principaux membres de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC).

Une des priorités du G8

Pour faire le lien entre OMC et G8, il est important de préciser que les participants aux discussions de la réunion actuelle en Allemagne représentent non seulement les huit pays les plus industrialisés, mais aussi toutes les autres grandes puissances commerciales impliquées dans les négociations. L’Inde, la Chine et le Brésil, économies émergentes, ont également été invités à des sessions destinées aux pays dans leur position.
« Je suis convaincu qu’à Heiligendamm, nous pouvons trouver un terrain d’entente sur ces sujets », a indiqué le président de la Commission européenne.
Ces déclarations confirment que la relance des négociations de l’OMC sera une des priorités des discussions des participants au G8. Et dans le sillage de cette accélération des événements se profile la signature des Accords de Partenariats Économiques (APE) entre l’Union européenne et les pays dits ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifiques). Ces APE concernent directement l’économie réunionnaise car elles vont donner le cadre des relations commerciales entre La Réunion, région de l’Union européenne, et les États voisins, pays ACP.

Convergence avec les APE

L’échéance fixée par l’Union européenne aux pays ACP pour signer est la même que celle que l’OMC donne à ces États-membres pour aboutir à un accords sur de nouvelles règles commerciales à l’échelle mondiale : la fin de l’année. Autre convergence : les APE sont sous l’influence des orientations de l’OMC. Ces dernières visent à éliminer toutes les protections dont bénéficient les économies locales, que l’on peut résumer par le mot d’ordre contenu dans la Constitution Giscard : pour la "concurrence non faussée". C’est dire l’impact que pourrait avoir un tel projet s’il s’appliquait mécaniquement à une économie aussi vulnérable que La Réunion. Il mettrait directement en concurrence les producteurs réunionnais avec tous ceux de la région, dans tous les secteurs sauf le sucre et cela, dès le 1er janvier prochain.
Cela souligne l’importance pour notre île, comme pour de nombreux autres pays issus de la décolonisation, de voir reconnue au plus haut niveau des discussions ses spécificités, et en particulier la vulnérabilité structurelle de son économie face à l’ouverture sans contrôle des marchés, conséquence de la volonté de traduire la mondialisation libérale dans les règles des échanges internationaux.

Manuel Marchal


Le G8 et la Chine

La participation du Président chinois Hu Jintao dans les sessions en marge du sommet du G8 permettra à la Chine de traiter des grands problèmes internationaux et d’encourager la coopération à intérêts mutuels avec le reste du monde en développement, ont déclaré des experts hier 6 juin 2007.
« La réponse de Pékin aux problèmes épineux mondiaux sera pris en compte plus sérieusement, car la communauté internationale prête une plus grande attention au développement rapide du pays », a déclaré Sun Zhe, un éminent chercheur universitaire à l’université de Fudan.
Le rassemblement sur trois jours des dirigeants des plus grandes puissances mondiales dans la station balnéaire de Heiligendamm, Allemagne, devrait se focaliser sur le changement climatique, les droits de propriétés intellectuelles (DPI) et la libéralisation des investissements.
Hu devrait proposer un mode de développement à la chinoise et il semblerait qu’il ait choisi le changement climatique en tant qu’un des problèmes internationaux les plus importants, il participe aux débats sur le réchauffement mondial depuis un bon moment maintenant, a dit Sun.
La Chine est devenue un des premiers pays en développement à émettre un programme national sur le changement climatique avant le sommet. L’initiative chinoise témoigne de sa volonté d’agir en tant que membre responsable de la communauté internationale afin de combattre le réchauffement mondial, a-t-il déclaré.
Bien qu’ils existent des craintes que la Chine puisse faire face à de plus forte pression de la part des membres du G8 au sujet de la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre, ont rapporté des articles citant un expert allemand sur les affaires chinoises, Eberhard Sandschneide, qui disait qu’il y avait peu d’indices qui laisser présumer que les autres dirigeants mondiaux joueront durement avec Hu. Alors que l’Occident lui-même est en train de chercher un consensus sur le changement climatique, il est peu probable qu’ils attendent de la Chine de fixer des objectifs de réduction des émissions, a dit Sandschneide.
« Hu devrait prendre l’avantage du sommet du G8 pour souligner l’attitude de la Chine sur les problèmes mondiaux importants et refléter la vitalité de la diplomatie du pays », a déclaré Sun.
Chen Xulong, un éminent universitaire à l’Institut Chinois des Etudes Internationales, a déclaré que les membres du G8 aimeraient voir comment la Chine travaille en tant que pont entre les hémisphères Nord et Sud. Une telle situation était nécessaire parce que la Chine ne cherchera pas à devenir membre des pays industrialisés, a précisé Ren Xiao, universitaires de l’université de Fudan.
La meilleure position pour la Chine en tant que pays en développement est une participation de façon modérée au sommet du G8, a-t-il expliqué, ainsi elle a à se démener elle-même.

(Source "le Quotidien du peuple")


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