Après la diffusion de l’émission “2025 le futur en face” hier par RFO-Télé

Le futur, tout le monde s’en fout vraiment ?

9 juillet 2005

Pour donner suite à l’émission animée par Jean-Luc Delarue et diffusée hier soir sur Télé-Réunion, il aurait été intéressant que RFO poursuive le débat au-delà de la fiction et du débat proposés par France 2. En effet, le président de la Région Réunion étant le président de l’Observatoire national des effets du réchauffement climatique, il aurait été judicieux d’organiser un débat ici à La Réunion. Mais voilà, nos élites responsables de l’audiovisuel se contentent trop souvent de n’être que de simples diffuseurs d’images et rien ne peut entamer leur détermination à ne pas bousculer le système qui leur assure une vie bien rangée.

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Pour en revenir à l’émission "2025 le futur en face", quel enseignement pouvons-nous tirer au lendemain de sa diffusion ? Jean-Luc Delarue a su poser parfaitement le problème, mais au-delà de la fiction de Christophe Jani (est-ce vraiment une fiction, hélas ?) et du déroulement de l’émission, peut-on imaginer que nous citoyens, nous ayons bien pris conscience des dangers qui menacent notre planète ?
Mon esprit me pousse à dire que oui.
Alors, qu’est-ce qui bloque la situation et qui fait que la volonté manque pour venir au secours de notre planète ? Il serait un peu trop facile de montrer du doigt le citoyen, alors que 80% des Français ont des idées environnementales et que seulement 2% des hommes politiques les appliquent !
En définitive, qui doit être montré du doigt ? Le citoyen qui attend des hommes politiques les prises de positions mais surtout une action concertée forte pour la défense de notre environnement ?

L’exemple de la collecte sélective

Je pense que la mise en accusation du citoyen a ses limites. J’en veux pour exemple la mise en place de la collecte sélective des déchets ménagers à La Réunion. Pendant presqu’un an, le Conseil général nous a abreuvés de spots publicitaires pour nous expliquer comment on doit trier les déchets. À croire que nous étions trop stupides pour distinguer un conteneur jaune d’un conteneur vert. Pendant ce temps, les dits conteneurs se faisaient attendre.
La réalité c’est qu’avant de mettre en accusation le citoyen, il faut montrer du doigt nos gouvernants qui sont englués dans leurs contradictions. Le tout orchestré par des groupes de pression qui ne voient pas d’un très bon œil la lutte pour la sauvegarde de notre planète et sa biodiversité.
Toute la question est là : le lobbying mené par des grands industriels qui sont les principaux contributeurs des campagnes électorales est un écueil à l’écologie.

Sauver notre planète c’est gratuit

Paul Vergès, lors de la présentation de son rapport sur le réchauffement climatique au gouvernement et au Parlement, a appuyé sur les politiques qui devaient être menées pour diminuer l’émission des gaz à effet de serre et pour s’adapter aux effets du changement climatique.
La Région Réunion qui, il faut le rappeler, est montrée en exemple dans la lettre d’information “TESCOL” (référence en matière de travail sur le solaire en Europe), a su développer les énergies renouvelables et va, si personne ne se met en travers de son chemin, vers l’autosuffisance énergétique de l’île d’ici à 20025. Il faut quand même souligner que notre région est l’exemple de ce qui pourrait devenir un laboratoire en matière d’environnement.
Mais pour ce qui est des mesures que l’on devrait mettre en place, elles sont simples, gratuites et quelquefois génératrices d’emplois.

Les transports collectifs en site propre

Le réchauffement de notre planète est dû pour sa majeure partie au rejet des gaz à effet de serre émis par les véhicules automobiles. Il faudra se rendre à l’évidence, dans les prochaines décennies, il ne sera plus tenable de poursuivre notre extension du tout-automobile.
Notre infrastructure routière ne pourra jamais suivre l’évolution de la courbe, toujours montante, des possesseurs de voiture. De plus, il semblerait que l’on oublie la raréfaction des matières premières. Actuellement la planète serait capable de fournir du pétrole uniquement pour la Chine, si celle-ci continuait à marche forcée vers un développement exponentiel de sa consommation.
Lorsque l’on connaît les tenants et les aboutissants de notre consommation pétrolière, on peut s’étonner que certaines personnalités politiques prennent position contre les transports collectifs en site propre, est-ce bien sérieux ?

Le message aux citoyens du 21ème siècle

La responsabilisation du citoyen oui, mais comme pour les morts sur les routes, pour amener à une prise de conscience réelle, il faut hélas interdire et réprimer. Il faudrait également donner à l’éco-citoyen des alternatives propres à coût équivalent. Il deviendra impératif dans les prochaines années de mettre en place des taxes pour dissuader l’importation de véhicules "énergivores", notre bonne vieille vignette pourrait à nouveau resservir.
Dans l’avenir, c’est le développement des transports collectifs, la réduction de la puissance des moteurs automobiles, la mise à la porté de tous de véhicules hybrides ou tout-électriques, le développement du biocarburant, ou alors c’est la mort certaine de la planète. Voilà quel devrait être le message aux citoyens du 21ème siècle.
Ici à La Réunion, nous devons, compte tenu de notre insularité développer de nouvelles énergies non polluantes, nous devons, et cela doit devenir une urgence, développer le tram train et surtout arriver à freiner l’importation de véhicules de plus de quatre chevaux. Il faudra choisir : ou on continue à polluer et on va droit dans le mur, ou on change nos habitudes !

Une planète qui agonise

Seuls les responsables politiques détiennent la clef pour que nous puissions construire un avenir plus serein. Les hommes politiques qui refusent le passage du tram train dans leur commune sont tout simplement irresponsables. Non seulement ils sont irresponsables, mais encore ils grèvent les chances des futurs habitants de ce petit paradis qui deviendra, si on les suit, un véritable enfer.
Quel héritage souhaitons nous laisser à nos descendants ? Notre pays traverse une crise politique grave. Mais au-delà, c’est la planète qui se désagrège. À cette crise s’ajoute une crise de confiance : la plupart des partis sont en panne d’idées ; j’irai même plus loin en disant qu’ils n’ont plus d’idéal. L’écologie politique en France est en lambeaux !
Entre les partis qui se disent écologistes (alors qu’ils ne développent que des idées de politique surannée, bien en deçà des attentes des citoyens et de la survie de la planète) et les autres partis (qu’ils soient de droite ou de gauche) qui ne pensent qu’à leur prochaine réélection, trop d’actions sont une succession de mauvais choix pour l’environnement.
Gageons que l’émission que nous avons vue hier soir soit ressentie comme le cri d’une planète qui agonise.

Philippe Tesseron
http://www.espaceblog.fr/teletesseron/


Changements climatiques abrupts et modélisation climatique

Le rôle du cycle de l’eau

Le climat de la dernière période glaciaire a été ponctué d’une série de changements climatiques se produisant en quelques dizaines d’années avec des "coups de froid" et "coups de chaud" jusque là estimés à cinq degrés environ. De nouvelles analyses ont été conduites sur les glaces du Groenland par les chercheurs du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE, CEA/CNRS) en collaboration avec des équipes danoises, islandaises, suisses et américaines.
Elles ont révélé que ces changements "abrupts" sont plus importants, pouvant atteindre localement 16°C. Les chercheurs montrent aussi, pour la première fois, que ces variations sont corrélées à une réorganisation saisonnière de la circulation atmosphérique et du cycle de l’eau. L’ensemble de ces résultats ouvre des perspectives pour l’élaboration de modèles climatiques plus performants. Ils ont fait l’objet d’une publication dans la revue “Science” du vendredi 1er juillet.


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