Comment vivra-t-on à La Réunion en 2030 ?

“Le Point” sur les défis du million d’habitants

18 mai 2004

Dans l’édition de l’hebdomadaire “Le Point” disponible cette semaine dans notre île, La Réunion fait la “une” du magazine, et un cahier central de 8 pages est consacré aux défis que nous avons à relever dans les premières décennies de ce siècle.

Dans son dernier numéro, “Le Point” accorde une large part aux défis spécifiques que La Réunion va devoir relever. (photo Imaz Press Réunion)

C’est l’aspect démographique qui constitue l’article le plus important du dossier spécial consacré par le dernier numéro du “Point” à La Réunion sous la signature de Bernard Grollier. Cela montre que tout est lié à une question longtemps sous-estimée par les décideurs parisiens et locaux : l’augmentation de la population réunionnaise, qui atteindra le million d’habitants d’ici 25 ans.
D’où découle par exemple le défi de l’aménagement et de l’habitat : "comment loger 250.000 habitants supplémentaires sur un caillou montagneux et volcanique où les espaces libres se font si rares, et donc si chers ?".
Sous le titre “2030 : Une ville sur l’océan”, “Le Point” voit La Réunion évoluer vers une grande agglomération qui s’étalerait sur tout le littoral, avec au centre du pays un Parc national qui préserverait les trésors de notre biodiversité. Il cite le directeur de l’AGORAH, Jean-Louis Grandvaux, qui rappelle que 156.000 logements devront être construits en un peu plus de quinze ans. Ceci alors que dans le même temps, les crédits destinés au logement social sont en partie gelés et les ayants droit chaque année plus nombreux. Le tout sur fond de flambée des prix de l’immobilier : "en dix ans, le prix moyen des terrains à bâtir, sur toute l’île, a augmenté de 105%".

Renforcer la cohésion

156.000 logements supplémentaires : cela veut dire densifier les villes, et augmenter la part de l’habitat collectif. C’est aussi être capable de vivre ensemble alors que nous serons plus nombreux sur une même surface. Cela situe l’importance à accorder au renforcement de la cohésion de notre société. “Le Point” précise d’ailleurs que pour le président de la Région, Paul Vergès, la réflexion sur la cohésion sociale et culturelle est au même niveau que celle sur les routes, les transports en commun et les énergies de demain : "augmenter la cohésion de la société réunionnaise, par la laïcité, contre les forces centrifuges du communautarisme est un de nos objectifs pour 2030".
Accompagner l’accroissement démographique, c’est songer à construire des villes nouvelles à mi-pente. “Le Point” prend l’exemple du projet de Bras-Mousseline dans les Hauts de Saint-André. C’est aussi être capable d’envisager une autre politique des transports, car pour l’hebdomadaire, "les nouvelles routes ne suffiront pas", le salut viendra des transports en commun, en particulier du tram-train, pour éviter un “coma circulatoire” prévisible, malgré la mise en service prochaine de la route des Tamarins et du boulevard Sud à Saint-Denis.
Faire face aux besoins d’une population en constante augmentation, c’est aussi lutter contre le chômage. Sur ce plan, “Le Point” reconnaît que malgré les aides aux entreprises prévues par le législateur, "les contrats aidés de la solidarité resteront indispensables pour alléger la pression sur le marché de l’emploi". "Seule la création d’activités et de richesses nouvelles permettrait d’envisager une amélioration plus rapide", note l’hebdomadaire qui cite comme piste le développement du tourisme, et la coopération avec la Chine portée par la Région.

Constat largement partagé

Le dossier se conclut avec une page consacrée à l’émigration temporaire ou durable des jeunes réunionnais, la plupart du temps en France, pour la poursuite d’études ou pour trouver un emploi. Une émigration qui doit éviter de reproduire les erreurs du passé au moment où certains pensent que les jeunes réunionnais sont tout désignés pour aller apporter leurs têtes et leurs bras à une métropole vieillissante. “Le Point” relève un élargissement des débouchés pour les candidats au départ, avec en particulier le Québec. Et il affirme que "l’émigration est (...) une variable non négligeable de la prévision démographique et des besoins futurs de l’île".
Enfin, on peut noter que l’hebdomadaire souligne que le million d’habitants est un constat très largement partagé. Il cite le directeur de l’ODR (Observatoire du développement de La Réunion), pour qui "la façon d’imaginer l’avenir a très certainement changé. (...) Quand la réflexion sur le long terme devient collective, le scénario du non-choix s’éloigne".
Ce changement est très important, car pendant longtemps, certains ont nié l’éventualité qu’un jour, un million de personnes peuplent La Réunion. On peut dire qu’aujourd’hui, les décideurs de tous bords ont pris davantage conscience de cette réalité, comme en témoigne la signature de l’Agenda 21 par toutes les collectivités, les chambres consulaires et l’État. Cela traduit une volonté de se rassembler largement pour apporter des réponses réunionnaises à ces défis réunionnais.

M. M.


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