À propos du réchauffement climatique

Les humains capables de rendre Mars habitable...
mais coupables de rendre la Terre invivable ?

1er février 2005

(Page 7)

1. La Terre dans 100 ans... invivable ?

Lu dans un article du journal “Le Monde” (édition du 29 janvier 2005), sous le titre "Un réchauffement climatique de plus de 6°C n’est pas à exclure" :
"Le réchauffement climatique paraît inéluctable en raison des quantités de gaz à effet de serre relâchées par l’activité humaine depuis le début de l’ère industrielle. Le taux de gaz carbonique (CO2) est ainsi passé de 280 ppm (partie par million) en 1750 à 360 ppm aujourd’hui. Et le dernier rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) prévoyait en 2001 que ce taux pourrait atteindre 540 à 970 ppm d’ici à 2100.
Que se passera-t-il si le taux de CO2 double d’ici à la fin du siècle, voire avant ? La réponse n’est pas simple, car la sensibilité du climat, sa réponse lente ou brutale à cette nouvelle situation, demeure encore inconnue".
Je résume la suite de l’article :
Les experts du GIEC estimaient en juillet 2004 que cette fourchette resterait comprise entre 1,5°C et 4,5°C. Mais une récente étude britannique (du département de physique de l’université d’Oxford, Grande-Bretagne), publiée dans la revue “Nature” du 27 janvier dernier, tranche avec cet “optimisme” (!). Selon elle, un doublement du CO2 pourrait donner lieu à des hausses de températures de 1,90°C à 11,50°C.

2. La Terre aujourd’hui : un village englouti

Ces prévisions projettent ainsi des chiffres proprement terrifiants à l’horizon de la fin de ce siècle. Mais ce serait une erreur de penser qu’elles constituent des spéculations plus ou moins aléatoires, dont la réalisation incertaine ressortirait à un scénario de “catastrophe fiction”.
Il nous faut regarder la réalité en face : le changement climatique fait partie de la réalité d’aujourd’hui, avec d’ores et déjà des conséquences dramatiques sur des populations entières. Pour preuve cet article paru dans le journal “Libération” (édition du 19 janvier dernier) sous le titre "Shishmaref, le village qui fond", dont voici quelques extraits :
"Les 600 habitants de ce village de l’Alaska vivent un cauchemar. Chaque année, la mer grignote leurs terres, leurs maisons. Ils seront bientôt les premiers réfugiés du réchauffement de la planète. (...)
Nous sommes le 19 décembre, dans le village inupiak de Shishmaref, posé sur une petite île large de moins de 1 kilomètre et longue de 4,5. Un village isolé, sans eau courante, qu’on ne peut joindre que par un tout petit avion depuis Nome, la ville la plus proche, à 200 kilomètres au Sud. Il est midi, le jour vient de se lever, pour quelques maigres heures. Tony Weyiouanna désigne une vague figée dans la glace, à 100 mètres au large : “Vous voyez ce point sombre. Eh bien, quand j’étais gosse, la plage allait jusque-là”.
La plage : tous les villageois l’évoquent avec nostalgie. Un immense terrain de jeu. On y jouait au base-ball. Ou au "foot esquimau", avec des équipes pouvant aller jusqu’à cinquante personnes. Il y a une cinquantaine d’années, l’avion se posait dessus, c’est dire si elle était large. Elle a complètement disparu, mangée par les vagues. Et celles-ci s’attaquent maintenant au village lui-même.
(...) Pour les quelque 600 personnes qui vivent ici, le changement climatique de la planète n’est pas un concept lointain. C’est leur cauchemar immédiat. À cause de lui, l’hiver et sa banquise sont en retard. Pendant la saison des tempêtes, en octobre-novembre, l’île n’est plus protégée par les glaces. Alors, à chaque coup de vent, la mer creuse un peu plus le permafrost, ce sable gelé sur lequel est bâti Shishmaref.
Et l’île rétrécit. Après y avoir passé des siècles - “4.000 ans”, assurent-ils -, les habitants se préparent à l’abandonner, sans trop savoir encore où ils atterriront. Ils seront les premiers réfugiés du réchauffement de la planète, pas moyen de l’éviter.
Shishmaref, disent les climatologues, est "le canari dans la mine de charbon" : le village dont l’engloutissement alertera le monde.
(...) En juillet 2002, les habitants ont voté le principe du déplacement du village d’ici à 2009. "Il y a eu 166 oui, et seulement 20 non, surtout des anciens", raconte Luci Eningowuk.
Les villageois espèrent pouvoir faire glisser leurs maisons à 20 kilomètres de là, sur un site appelé Tin Creek, sur le continent, à l’intérieur des terres. Ils n’ont pas le choix : "L’océan n’est pas facile à battre. Les scientifiques estiment qu’on en a encore pour neuf ans", constate Eningowuk.
Depuis une trentaine d’années, la température en Alaska a augmenté de plus de 4°C, et la banquise a fondu de près de 10%. Les insectes pullulent et détruisent les forêts.
À l’instar de Shishmaref, une vingtaine de villages sont en grave danger : Barrow, Kivalina, Point Hope... À terme, on estime que 184 des 213 villages esquimaux peuvent disparaître".

3. Mars un jour habitable ?... : le “terraformage”

Nous allons quitter la Terre un moment, pour mieux la retrouver un peu plus tard... Lu dans “le Monde Diplomatique” (édition de décembre 2004), sous la plume d’un astrophysicien au Centre de l’énergie atomique, Roland Lehoucq, et sous le titre "Demain, des colonies sur Mars"  :
"Les grands projets de colonisation de l’espace ou des planètes du système solaire se heurtent tous à un incontournable problème technique. Le maintien durable de conditions favorables à la vie humaine en dehors de la Terre impose la création d’un écosystème terrestre capable d’évoluer et de se reproduire en dépit des conditions extérieures.
L’absence d’atmosphère, l’absence d’eau, l’absence de végétation, une température extérieure trop faible ou trop élevée, un flux de rayons ultraviolets et X trop intense ou une radioactivité trop forte sont autant de barrières au développement d’une colonie humaine hors de la Terre - que ce soit sur la Lune, sur Mars...
Dans le cas d’une future colonie planétaire, il existe une ambitieuse solution : TRANSFORMER LES CONDITIONS QUI PRÉVALENT À LA SURFACE DE LA PLANÈTE POUR LES RENDRE COMPATIBLES AVEC LA VIE HUMAINE. Cette colossale opération d’ingénierie planétaire porte un nom : “terraformage”".
D’abord thème propice aux inventions des ouvrages de science-fiction, le terraformage a vite intéressé les scientifiques, à propos de Mars en particulier. Il consisterait à augmenter la température moyenne de surface (actuellement largement au-dessous de 0°C) d’au moins 60°C et augmenter la pression atmosphérique (actuellement très faible). Or certains scientifiques estiment que ces deux transformations sont du domaine du possible.
Comment envisagent-ils de procéder ? EN LIBÉRANT LE GAZ CARBONIQUE (CO2) qui se trouverait contenu en grandes quantités dans le sol martien. Une étude récente propose de réchauffer la calotte polaire grâce à un immense miroir spatial (d’une bonne centaine de km de rayon !) focalisant la lumière du Soleil. Et de préciser qu’une élevation de 4°C de la température de la calotte polaire Sud suffirait à ENCLENCHER LE PROCESSUS.
Une température élevée, en effet, favorise la libération du gaz. Le CO2, en piégeant le rayonnement infra-rouge, augmente la température et la pression de l’atmosphère, ce qui augmente la libération de CO2, ce qui augmente la pression et la température etc...
"Le travail de “terraformage” de Mars serait un travail de longue haleine", écrit l’auteur de l’article, qui évoque des siècles et même des millénaires ! "Ce projet, ajoute-t-il, peut-être l’un des plus extraordinaires jamais imaginés par le cerveau humain, pourrait être taxé d’absurde et d’arrogant".

4. La Terre vers le point de non-retour ?

En tout cas, le “terraformage” de Mars ou d’autres planètes ne peut que plonger le Terrien dans un état de profonde inquiétude. Quand il lit ceci : "Une forte impulsion initiale devrait permettre de DÉMARRER UNE ÉVOLUTION SPONTANÉE des conditions martiennes vers un régime de haute température", il ne peut éviter de penser que c’est précisément ce qui est en train de s’amorcer sur notre planète !
Le processus interactif développé par le gaz à effet de serre et le réchauffement de l’atmosphère est un processus qui porte en lui sa propre accélération. Sur la Terre comme sur Mars. La différence, pathétique, c’est que pour Mars, le “terraformage” serait le résultat d’un volontarisme poussé à l’extrême des possibles ; tandis que pour la Terre, le “terra-dé-formage” sera(it) le résultat d’un aveuglement collectif et d’une intelligence humaine muée en son contraire.
Il n’est plus seulement question de savoir si la “note” à payer au libéralisme triomphant sera à la fin de ce siècle de + 2°C, de + 3°C, ou de + 6°C. L’essentiel est de comprendre - de comprendre collectivement, et rapidement - que nous sommes déjà en train de nous éloigner des conditions d’équilibre primordiales de notre milieu.
Lu dans un autre article du journal “Le Monde” (édition du 24 janvier 2005), qui reprend lui-même une information du journal britannique “The Independant” (1) :
"Réchauffement climatique : vers le point de non-retour ? Selon un rapport alarmiste établi par Public Policy Research (Grande-Bretagne), le Center for American Progress (États-Unis) et un institut australien, ce point, pourrait être atteint beaucoup plus tôt que prévu et même à l’horizon de dix ans.
Le point de non-retour dans le réchauffement de la planète est situé deux degrés au-dessus de la température moyenne de la planète avant la révolution industrielle, en 1750. La température moyenne mondiale a augmenté de 0,8 degré depuis, indique “l’Independent”. (...)
Ce rapport appelle les pays du G8 à se mettre d’accord pour qu’un quart de leur électricité provienne de sources d’énergies renouvelables d’ici à 2025".
Sous les coups de boutoir d’une organisation mondiale basée sur la recherche aveugle du profit maximum, la biosphère terrestre est en train de se déstabiliser. La science toute-puissante veut nous persuader triomphalement qu’il est dans le pouvoir de l’être humain de rendre Mars habitable. Mais dans le même temps, étant elle-même asservie aux logiques économiques dominantes, elle est impuissante à préserver notre Terre en tant que planète vivable !
Ce n’est pas la connaissance “pure et dure” qui sauvera l’avenir de l’humanité, mais une connaissance adossée à une prise de conscience et à une révolution des valeurs. Seule l’opinion publique internationale sera en mesure de mettre un coup d’arrêt définitif à la course à l’abîme, grâce à une mobilisation active et coordonnée des forces de contestation de l’ordre mondial actuel (*).

Alain Dreneau

(1) “Témoignages” s’est également fait l’écho de cette information dans son édition du 29 janvier dernier.
(*) Quand, il y a quelques années, Paul Vergès avait choisi délibérément d’évoquer ce sujet lors d’une conférence de presse “politique”, en pleine campagne électorale, les quolibets n’avaient pas manqué. "Diversion, disaient certains, pour nous détourner de l’important : le scrutin de dimanche !". À méditer...


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Messages

  • Après le communisme , le capitalisme, l’humanisme ? Il est nécessaire que l’Homme soit replacé au centre du système socio-économique.Il ne faut plus penser en terme de profit pour l’homme mais avoir une vision globale et réfléchir en terme de profit pour l’Homme.

    Voir en ligne : Les humains capables de rendre Mars habitable...petite goutte d’eau deviendra fleuve

  • c’est clair que le monde actuel arrive presque à me "dégouter".

    L’argent toujours l’argent et ceux sont toujours les mêmes qui en pâtissent :/

    Je ne suis pas vieux mais il n’y a pas que la terre qui a changé, l’homme devrait penser à son prochain car depuis maintenant 20 ans je trouve que l’individualisme prime sur tout le reste.

  • le monde est toujours mieux qu avant et il ne va qu en s améliorant. il ne faut donc pas deprimer. Si cette reponse ne tesatisfait pas, alors si tu parviens a vivre plus de 500 ans tu decouvriras ce que les hommes ont fait a d autres palnetes . Wouhouuu !


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