Retour sur les interventions des chefs de délégation au Sommet de Rio

Les voix des îles rappellent l’urgence d’agir

28 juin 2012

Les petites îles en développement sont en première ligne face à deux défis majeurs : l’adaptation au changement climatique et la lutte pour la sauvegarde de la biodiversité. Ces îles recèlent en effet des trésors uniques dans le domaine des espèces naturelles. Voici le résumé de 10 interventions de représentants de pays situés dans la Caraïbe, le Pacifique ou l’océan Atlantique.

Tuilaepa Sailele Malielegaoi, Premier ministre de Samoa

Samoa devrait devenir carbone neutre d’ici à 2020

Tuilaepa Sailele Malielegaoi a noté que des divergences subsistaient en ce qui concerne le projet de document final, certains estimant qu’il s’agit d’un document sélectif et d’autres un grand pas en avant. Mais malgré ses lacunes, a-t-il assuré, Samoa estime qu’il est équilibré. Pour le Premier ministre, le succès de la Conférence Rio+20 ne doit pas être mesuré à l’aune de ce projet de document final, mais dans la manière dont les objectifs seront intégrés au niveau local, avec l’aide des partenaires pour le développement. M. Malielegaoi a ensuite indiqué que son pays accordait une grande importance à l’agriculture biologique pour mieux respecter l’environnement et a précisé que des femmes, chefs d’entreprises, fournissaient désormais des huiles biologiques à de grandes sociétés cosmétiques.
Samoa s’est en outre engagé dans un programme ambitieux en matière d’énergie renouvelable et devrait devenir carbone neutre d’ici à 2020. Le pays a cependant besoin d’expertise supplémentaire dans ce domaine, a indiqué le Premier ministre. Il a également fait remarquer que l’exploitation des ressources minérales des fonds marins offrait de nouvelles perspectives économiques pour les pays comme le sien.
Avant de conclure, M. Malielegaoi a annoncé que Samoa sera prochainement retiré de la liste des pays les moins avancés. Il a aussi souligné le rôle que jouent les partenariats pour accélérer les progrès en matière de développement dans son pays.

James Fletcher, Ministre du Développement durable, de l’Énergie, des Sciences et de la Technologie de Sainte-Lucie

« Notre avenir est un péril que nous avons créé nous-mêmes »

James Fletcher a estimé que les réponses apportées en matière de développement durable devaient être urgentes et décisives. « Notre avenir est un péril que nous avons créé nous-mêmes », s’est alarmé M. Fletcher qui a, par ailleurs, mis en garde contre l’adoption de mesures graduelles. Ce sont des politiques d’urgence qui s’imposent, a-t-il rappelé.
Le ministre a fait part de son attachement au principe de responsabilité commune, mais différenciée, et a souscrit à la position selon laquelle les changements climatiques posent le plus grand défi pour le développement durable. Il a notamment indiqué que l’intensification des intempéries aura une incidence sur le tourisme de son pays, principal moteur de l’économie nationale. Sainte-Lucie, a-t-il poursuivi, s’était engagée à assurer un avenir plus sûr pour ses citoyens, et accorde une attention particulière aux énergies renouvelables. M. Fletcher a également qualifié d’essentiel le transfert de technologies vers les pays en développement.

Rayburn Blacmoore, Ministre des Travaux publics, de l’Énergie et des Ports de la Dominique

La Dominique de plus en plus vulnérable face aux catastrophes naturelles

Rayburn Blacmoore a assuré que son pays était attaché aux objectifs du développement durable et de l’économie verte. Il a souligné la vulnérabilité croissante de la Dominique face aux catastrophes naturelles, dont les ouragans, les inondations et glissements de terrain. Il a exprimé sa gratitude au gouvernement du Danemark et au Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) pour l’assistance technique dont son pays bénéficie afin de répondre aux besoins de la population en matière énergétique. Il a ensuite exhorté la communauté internationale à soutenir la mise en œuvre de la Déclaration de la Barbade pour l’énergie pour tous. Il a cité un projet de développement de la géothermie avec la coopération de l’Union européenne qui, a-t-il dit, permettra de répondre non seulement aux besoins de la Dominique, mais aussi à ceux des îles de la région.


Marlène Moses (Nauru)

« Bâtir un système économique juste et insuffler un nouvel élan à la gouvernance mondiale »

Marlène Moses a indiqué qu’au cours des 10 dernières années, son pays avait dû faire face à l’impact du déclin économique mondial, avant de dénoncer l’absence d’une répartition équitable des richesses. Elle a estimé que la crise la plus grave à laquelle est confronté le monde était sans doute la crise de la gouvernance. Elle a notamment pointé du doigt le manque de confiance dans le système de gouvernance international. « On ne peut plus se permettre d’attendre que les plus privilégiés d’entre nous passent enfin à l’action », a-t-elle déclaré. Il faut bâtir un système économique juste et insuffler un nouvel élan à la gouvernance mondiale. La représentante a ensuite appelé à la mise en œuvre de l’économie bleue, convaincue que cela contribuera à prévenir la rupture des stocks des ressources halieutiques des mers et océans dans le monde.


Sonatane Taumoepeau-Topou (Tonga)

« Renforcer l’ONU pour répondre aux attentes des PIED »

Sonatane Taumoepeau-Topou a mis l’accent sur les attentes particulières des petits États insulaires en développement (PEID) dont l’existence est menacée par les conséquences dévastatrices des changements climatiques, dont l’élévation du niveau de la mer. Après le Plan d’action de la Barbade, adopté en 1994, et celui de Maurice en 2005, il a espéré que le troisième Sommet des PEID en 2014 sera l’occasion d’accorder une attention particulière au développement durable de cette catégorie de pays. M. Taumoepeau-Topou a souligné qu’il était impératif de renforcer l’ONU pour répondre aux attentes des PEID et prendre en compte l’économie bleue. Il a cité l’objectif de Tonga de parvenir d’ici à 2020 à assurer que 50% de la consommation d’énergie proviennent de sources d’énergies renouvelables.

Emanuel Mori, Président des États fédérés de Micronésie

« Des générations entières en péril »

Emanuel Mori a évoqué les menaces que pose, pour les petits États insulaires en développement, l’élévation du niveau de la mer, laquelle, a-t-il souligné, risque de les rendre inhabitables. Des générations entières sont en péril, s’est alarmé M. Mori, qui a pointé du doigt « ceux qui choisissent de polluer au détriment des plus vulnérables ». Le développement durable, a-t-il affirmé, n’a plus aucun sens si certains d’entre nous sont effacés de la terre, car personne n’aura répondu à ce cri d’alarme.
Le Président Mori a ensuite évoqué l’échec de la Conférence de Copenhague et le peu de progrès réalisé, depuis lors, par d’autres réunions sur les changements climatiques. Il a également insisté sur l’importance que revêt l’investissement, notamment dans l’énergie renouvelable, l’écotourisme et la bonne gestion des océans. Il a aussi cité les mérites de la notion de l’économie bleue qui, a-t-il expliqué, encourage une utilisation renouvelable des ressources marines. Il a exhorté les États membres à y souscrire, au motif que « la protection à elle seule ne suffit pas ». En matière d’assistance à l’aide au développement, a poursuivi M. Mori, il importe d’accorder une attention particulière aux énergies renouvelables et abordables. Les dirigeants doivent garder à l’esprit l’urgence des mesures qui s’imposent. Pour les habitants des États insulaires, c’est sans doute là notre seule chance, a-t-il averti.

Jorge Carlos de Almeida Fonseca, Président du Cap-Vert

« D’ici à 2020, le Cap-Vert a pour ambition d’utiliser les sources d’énergies renouvelables à 100% »

Jorge Carlos de Almeida Fonseca a indiqué que son pays était extrêmement vulnérable aux effets des changements climatiques. Des mesures ont donc été adoptées pour privilégier l’équilibre environnemental et protéger la biodiversité. Une politique de lutte contre la désertification a été lancée par le gouvernement, qui a également pris des mesures en faveur de la protection des espèces et la promotion des énergies propres. D’ici à 2020, a-t-il poursuivi, le Cap-Vert a pour ambition d’utiliser les sources d’énergies renouvelables à 100%. Le Président Fonseca a également souligné la vulnérabilité des États insulaires qui se trouvent, a-t-il affirmé, dans une situation à la limite de la survie. « Nos perspectives sont sombres, a-t-il prévenu. Pour faire face à ce défi, a-t-il recommandé, tous les pays doivent faire preuve d’audace pour réduire l’impact des modes de production et de consommation actuels et pour pallier le manque de ressources ainsi qu’aux inégalités dans le monde ».
M. Fonseca a estimé que le projet de document final de la Conférence Rio+20 était encore loin de répondre aux attentes. Il faut, a-t-il insisté, disposer de ressources prévisibles afin de pouvoir agir. « Par le biais de la démocratisation des sociétés, nous pourrons progresser vers une véritable culture de protection de la planète », a-t-il assuré. Le Président du Cap-Vert a également plaidé en faveur de l’adoption de nouveaux modèles de gouvernance fondés sur la durabilité environnementale.

Portia Simpson Miller, Premier ministre de la Jamaïque

« Notre quête mondiale doit être liée à l’élimination de la pauvreté »

Portia Simpson Miller s’est félicitée de l’intérêt accordé aux besoins des petits États insulaires en développement lors de cette Conférence. Elle a mis l’accent sur la nécessité de se servir des trois piliers du développement durable pour lutter contre la pauvreté et les inégalités sociales, améliorer les niveaux de vie et renforcer la résistance des pays aux crises économiques et aux catastrophes naturelles. Le PIB n’est pas une mesure suffisante pour le développement humain, a-t-elle également considéré, en notant qu’il masquait les inégalités. Le Premier ministre a, en outre, appelé la communauté internationale à instaurer et à concevoir des instruments financiers plus souples et plus créatifs afin, notamment, de contrecarrer les effets de la dette et les risques financiers. « Notre quête mondiale doit être liée à l’élimination de la pauvreté », a-t-elle ajouté. Elle a par ailleurs estimé que les efforts entrepris en faveur du développement durable devaient l’être en conformité avec la Charte des Nations unies.

Tillman Thomas, Premier ministre de la Grenade

Chacun doit jouer son rôle

Tillman Thomas a déclaré que la Grenade était un paradis écologique que son peuple voulait préserver. Il a salué le succès des négociations qui ont su intégrer une vision de l’indispensable éradication de la pauvreté. Même si la Conférence Rio+20 est mondiale et ambitieuse, elle ne peut résoudre tous les problèmes, a-t-il dit. Le Premier ministre de la Grenade a exhorté chacun à jouer son rôle eu égard au principe de responsabilité commune, mais différenciée. Son pays, a-t-il assuré, est déterminé à protéger 25% de ses côtes d’ici à 2020. Rappelant que la troisième Conférence mondiale des petits États insulaires en développement (PEID) se tiendra en 2014, M. Thomas a espéré que cet événement sera l’occasion de répondre aux attentes et besoins particuliers de ce groupe de pays.

Gordon Darcy Lilo, Premier ministre des Îles Salomon

Mieux distribuer les ressources pour lutter contre la pauvreté

Gordon Darcy Lilo a déclaré qu’une meilleure distribution des ressources était une approche indispensable pour lutter contre la pauvreté. Il s’est inquiété des conséquences de la surpêche et des activités d’extraction non durables. Le Premier ministre s’est félicité du succès des négociations qui se sont accordées sur la mise en œuvre de trois processus : l’établissement d’objectif développement durable, l’établissement d’un cadre institutionnel pour le développement durable et la mise à disposition de moyens de traduire en actions ces engagements réalistes. Il a souligné l’urgence de s’assurer que les petits États insulaires en développement soient représentés comme il se doit dans les instances de définition et de mise en œuvre des objectifs de développement durable. Il a salué la tenue de la troisième Conférence mondiale sur les PEID, dans la région du Pacifique, en 2014. Il s’est inquiété des conséquences de l’augmentation des températures sur l’acidité accrue des océans qui menace le corail et la faune marine. Rappelant que l’océan Pacifique fournit un quart du thon dans le monde, il a souligné l’initiative de huit petits États insulaires en développement de préserver 4,5 millions de km carrés de haute mer de la pêche.

Rio+20

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