Séminaire de l’Institut austral de démographie

Migrations, pauvreté et stratégies de survie

2 octobre 2004

Sur le thème “Flux de populations : quels enjeux ?”, le séminaire d’hier était de nature à donner aux Réunionnais une vision claire des problématiques des pays voisins, pour donner plus d’efficacité au dialogue inter-régional’.

Mieux se connaître entre voisins : voilà l’enjeu de la rencontre. L’Institut austral de démographie (IAD) a tenu hier à la Région son 8ème séminaire international de démographie depuis 1996, organisé cette année avec l’Université de l’océan Indien (UOI), sur le thème “Flux de populations : quels enjeux ?”.
Des invités de Madagascar, de l’Inde, du Zimbabwe, du Botswana ont apporté aux intervenants de La Réunion et de France des problématiques complémentaires dans l’approche des phénomènes migratoires et de la compréhension des causes, des objectifs et des impacts, économiques et humains, sur la région de l’océan Indien.
Le directeur de l’Institut austral de démographie, Thierry de la Grange, a remercié dans sa conclusion l’ensemble des participants, experts, étudiants et traducteurs, pour la diversité de leurs interventions, ainsi que la Région pour son appui logistique.
Il a aussi regretté, avec l’assistance, la faiblesse de participation à l’événement : une quarantaine d’inscrits et seulement vingt-cinq présents. Cela faisait très “conclave d’experts” ; et pourtant les sujets abordés ont un rapport direct avec les problématiques du développement humain et économique.
"La démographie présente l’avantage d’une approche transversale dans l’étude et la compréhension des peuples de la zone" a dit le directeur de l’IAD, en défense d’une manifestation qui aurait mérité un public plus fourni.

Madagascar : survivre à la très grande pauvreté

Le séminaire d’octobre 2003 a donné lieu à la publication d’un numéro spécial de la revue de l’IAD, sur le thème “Le rôle du père”. Les actes de ce colloque 2004 sont à paraître l’année prochaine. Le séminaire 2005 sera co-produit par l’IAD et l’IRD (Institut de recherche pour le développement), sur un thème qui intéresse de près les acteurs du développement : “Fécondité et santé de la reproduction”.
De l’avis de l’organisateur de ces rencontres, il reste à trouver les formes par lesquelles ces sujets, quelquefois certes très techniques et austères, mais quelquefois aussi très concrets, pourraient devenir une connaissance partagée entre les peuples de la zone, dans la perspective d’échanges accrus.
Les deux présentations faites sur Madagascar et les migrations en milieu rural ont apporté des éléments de connaissance sur l’organisation de la vie des paysans de la Grande Île, de leurs stratégies de survie face à la très grande pauvreté aggravée, tout récemment, par un niveau d’inflation de 150% qui ferait regretter aux Malgaches la confiance mise dans l’économie libérale, dont on sait depuis longtemps ce qu’elle produit à travers le monde. (lire également page 16)
L’intervention d’un chercheur indien de l’Université du Penjab, Sanjay Chaturvedi, sur “Nationalisme hindou, géopolitique de la diaspora et impacts sur l’océan Indien”, a déclenché un début de conférence pan-indienne entre les trois universitaires du sous-continent, dont les deux premiers - Baladas Ghoshal, de l’Université Jawaharlal Nehru et Sadasivan Nair, actuellement en poste au Botswana - étaient intervenus le matin respectivement sur “Les flux de population, les réfugiés et leur impact sur les relations internationales”, et sur “La transition démographique et les modèles de flux migratoires au Botswana”.
L’article du chercheur du Zimbabwe, Joshua Kembo, sur “Migration et développement rural : conséquences et impacts sur la croissance économique et le changement social” a, en son absence, été lu et traduit par l’équipe des traducteurs.

Mesure des migrations par les flux de passagers

Ces "fenêtres ouvertes sur l’océan Indien", comme le dit Thierry de la Grange - qui dirige également l’Observatoire du développement de La Réunion - sont venues compléter et enrichir des interventions méthodologiques présentées par des statisticiens de l’INSEE, Bertrand Kauffmann évoquant le matin le recensement nouvelle formule (depuis 2004) et Jean-Marc Lardoux concluant la séance de l’après-midi par la présentation d’une nouvelle façon d’apprécier les migrations à La Réunion, à partir des flux de passagers portuaires et aéroportuaires, qui font l’objet - dans notre espace insulaire - d’un contrôle assez strict.
Franck Temporal, de l’Université de Paris-V, avait présenté le matin une analyse des populations migrantes considérées dans “la relation migration/travail”, dans une approche globale qui allait être complétée tout au long du séminaire par divers cas concrets.
Le directeur de l’IAD a souligné en conclusion pour “Témoignages” l’intérêt de ce travail. "On a eu des présentations très géopolitiques, pas tant statistiques que portées sur l’analyse ; on a eu des présentations très concrètes, sur le Zimbabwe, sur Madagascar..., qui font voir la diversité des préoccupations. L’ensemble est de nature à donner aux Réunionnais une vision claire des problématiques de nos voisins, si nous voulons nous ouvrir à eux, avec plus d’efficacité dans le dialogue inter-régional", a-t-il commenté.
"Si les échanges sur les méthodes représentent la partie la plus “experte” de la rencontre, c’est aussi un élément important de cette journée que de permettre à des experts de la zone de se rencontrer, d’échanger et de se faire une idée du niveau d’expertise et des ressources de la région", a conclu Thierry de la Grange.

P. David


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