Manque mondial de personnels de santé

Mise en garde de l’OMS

14 novembre 2013

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a prévenu lundi 11 novembre des graves conséquences que risque de poser pour des milliards de personnes à travers le monde l’insuffisance des personnels de santé : il en manquerait 12,9 millions d’ici à 2035, contre 7,2 millions à l’heure actuelle.

Un rapport publié par l’agence onusienne à l’occasion du troisième Forum mondial sur les ressources humaines pour la santé, qui s’est déroulé à Recife, au Brésil, attribue cette pénurie à une combinaison de facteurs qui vont des départs à la retraite sans remplacements à la désaffection pour des professions généralement mal rémunérées, en passant par des formations insuffisantes.

Une autre raison, ce sont les attentes de plus en plus considérables vis-à-vis d’un secteur qui peine à répondre aux demandes d’une population mondiale en pleine expansion, avec la multiplication inévitable des risques de maladies non transmissibles comme le cancer ou les accidents cardiovasculaires. Les migrations internes et internationales de personnels de santé exacerbent également les déséquilibres régionaux, précise un communiqué de presse.

Le rapport recommande de prendre un certain nombre de mesures pour remédier à la pénurie de main-d’œuvre, notamment les renforcements du leadership politique et technique à l’appui des efforts nationaux de développement de long terme et du rôle des agents de santé de niveau intermédiaire, qui doivent pouvoir dispenser les premiers soins plus facilement.

« Nous devons donc repenser et améliorer la façon dont nous enseignons, formons, déployons et payons les personnels de santé »

« Les fondements d’une main-d’œuvre solide et efficace sont en train de s’éroder sous nos yeux en raison de l’incapacité à faire correspondre l’offre actuelle avec les exigences démographiques de demain » , a expliqué la directrice générale pour les systèmes de santé et d’innovation, Marie-Paule Kieny.

« Nous devons donc repenser et améliorer la façon dont nous enseignons, formons, déployons et payons les personnels de santé » , a-t-elle expliqué.

S’il note que davantage de pays ont renforcé leurs personnels de santé, le rapport déplore aussi que le déclin du taux de formation des nouveaux professionnels de santé.

« La conséquence, c’est qu’à l’avenir, les malades auront encore plus de mal à recevoir les services de santé primaires et préventifs indispensables » , juge l’OMS.

Alors que dans certaines parties de l’Asie, le manque de personnels se fait douloureusement ressentir, c’est en Afrique subsaharienne qu’il est le plus marqué, relève l’agence.

« L’accès à des personnels de santé professionnalisés, compétents et au fait des sensibilités culturelles »

Il n’y a par exemple que 168 écoles de médecine dans les 47 pays d’Afrique subsaharienne, et parmi ces pays, 11 ne possèdent pas de facultés de médecine et 24 n’en ont qu’une seule.

« Un des défis pour réaliser la couverture de santé universelle est de s’assurer que tout le monde – en particulier les communautés vulnérables et les régions éloignées – ont accès à des personnels de santé professionnalisés, compétents et au fait des sensibilités culturelles » , souligne la Directrice régionale de l’OMS pour les Amériques, Carissa Étienne. « La meilleure stratégie pour y parvenir est de renforcer les équipes multidisciplinaires au niveau des soins de santé primaires » .

La couverture maladie universelle, dit l’OMS, a pour objectif de fournir des soins de santé à toutes les populations qui en ont besoin, indépendamment du fardeau financier. En Amérique, 70% des pays ont assez de travailleurs pour dispenser les soins de santé primaires, mais ils restent confrontés au problème de la répartition géographique des professionnels, leur départ à l’étranger et à une formation et à une expérience parfois inadéquates.

« La formation des professionnels de santé doit s’aligner sur les besoins nationaux » , résume Mme Étienne.

Le monde développé, note l’OMS, s’attend à perdre 40% de ses infirmières au cours de la prochaine décennie. « En raison des exigences de ce travail et de salaires relativement bas, de nombreux jeunes sont peu incités à rester dans la profession » , déclare l’agence.


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