Environnement

Ouverture demain du Forum mondial de l’eau à Kyoto

Un des plus importants défis des 15 prochaines années

15 mars 2003

Le Forum mondial de l’eau, organisé à Kyoto à partir de demain et jusqu’au 23 mars. Il devrait accueillir près de 10.000 personnes dont 150 ministres et plusieurs chefs d’État. Une réunion entre les ministres de l’Environnement est prévue les 22 et 23 mars et devrait rassembler plus de 1.000 délégués. Par ailleurs, le 22 mars est décrété Journée internationale de l’eau. Un rendez-vous important, car « actuellement, 30% de la population mondiale vit en situation de crise d’eau. Si l’on continue à ce rythme de consommation, la crise touchera plus de 50% des gens d’ici 2025 », indique William Cosgrove, le vice-président du Conseil mondial de l’eau. Cette situation a et aura des répercussions sur la santé et l’économie, et les chiffres sont impressionnants, comme le précise le ’Rapport mondial sur la mise en valeur des ressources en eau’.

« Deux millions d’enfants meurent chaque année à cause de problèmes liés à l’eau. Les rivières, les marais disparaissent, les écosystèmes sont détruits. Nous ne sommes qu’une des espèces de la planète, mais nous sommes en train d’éliminer les autres », dénonce William Cosgrove, le vice-président du Conseil mondial de l’eau. Selon le "Rapport mondial sur la mise en valeur des ressources en eau", « pour le 21ème siècle, la qualité et la gestion de l’eau constitueront des problèmes majeurs ». Plus de 2 millions 200.000 personnes meurent chaque année de maladies dues à l’eau contaminée et à un mauvais système sanitaire. Les maladies liées à l’eau font aussi beaucoup de victimes : près d’un million de personnes meurent chaque année de malaria et plus de 200 millions souffrent de schistosomiase, connue aussi sous le nom de bilharziose. « Pourtant ces pertes terribles, avec les dommages et les souffrances qu’elles représentent, peuvent être prévenues ».
La communauté internationale s’est engagée dans les objectifs de développement pour le millénaire des Nations Unies (2000) et lors du Sommet mondial sur le développement durable (Johannesburg, 2002) à diminuer de moitié la proportion de personnes sans accès à une eau potable de qualité et à un système d’assainissement minimal en 2015. Pour atteindre ces objectifs, il faudra fournir un meilleur accès à l’eau à un milliard et demi de personnes supplémentaires (en 2015). Cela veut dire qu’il faudra fournir ces services à plus de 100 millions de personnes supplémentaires chaque année (soit 274.000 par jour) de 2000 à 2015.

Un défi sanitaire

« Le défi sanitaire est encore plus impressionnant », rappelle le rapport : 1 milliard 900 millions de personnes supplémentaires auront besoin de meilleures prestations, ce qui représente 125 millions de personnes de plus chaque année (soit 342.000 par jour) de 2000 à 2015. Le rapport explique qu’outre les difficultés logistiques et financières, les facteurs culturels viennent encore compliquer la tâche lorsqu’il s’agit de fournir un système sanitaire correct. Selon le rapport, si le niveau actuel d’investissement est maintenu, toutes les régions du monde devraient atteindre ou approcher les deux objectifs, à l’exception de l’Afrique centrale et australe. Mais « dans l’absolu, les besoins en investissement de l’Asie dépassent de loin ceux de l’Afrique, de l’Amérique latine et des Caraïbes confondues ». Les premières interventions coûteraient environ 12 milliards 600 millions de dollars.
Des questions demeurent, notamment en ce qui concerne la source de cet investissement. « Le financement des objectifs de développement pour le millénaire sera probablement l’un des plus importants défis auquel la communauté internationale aura à faire face au cours des quinze prochaines années », rappelle le rapport.

Les pauvres paient davantage

Le rapport met également l’accent sur les débats concernant le prix de l’eau et la privatisation. « Bien qu’il semble essentiel d’impliquer le secteur privé dans la gestion des ressources en eau », selon la synthèse du rapport, « celui-ci doit être considéré comme un catalyseur financier - et non pas comme une condition préalable - lors de l’élaboration du projet (...) Le contrôle des actifs doit rester entre les mains du gouvernement et des usagers ».
Le rapport insiste également sur le fait que toute privatisation ou système de fixation du prix de l’eau doit inclure des mécanismes de protection des plus pauvres. « Il est choquant de constater que les plus pauvres qui ont le moins accès à l’eau doivent payer davantage pour celle-ci ». À Delhi (Inde), par exemple, des marchands font payer aux pauvres le mètre cube 4,89 dollars, alors que les familles qui sont raccordées au réseau de distribution ne paient que 0,01 dollar par mètre cube, selon une étude publiée dans le rapport. A Vientiane (République démocratique populaire lao), des marchands font payer le métre cube 14,68 dollars contre des tarifs municipaux qui sont de 0,11 dollar.


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