Bouleversement du modèle familial

Personnes seules et familles monoparentales bientôt majoritaires

19 septembre 2015

Vendredi, l’INSEE a publié une étude sur l’évolution de la taille des ménages à La Réunion. Elle montre de profonds changements en seulement 30 ans. La famille nombreuse était le modèle dominant. Désormais, les personnes seules et les familles monoparentales regroupent presque la moitié des ménages. Cette tendance va s’accentuer avec le vieillissement de la population. Voici le contenu de l’étude de l’INSEE publiée vendredi.

En 30 ans, la taille moyenne des ménages réunionnais a fortement diminué, passant de 4,2 personnes en 1982 à 2,7 en 2012. Cette baisse est liée principalement à des modifications des modèles familiaux et à la décohabitation entre générations. En 2012, seulement une personne âgée sur quatre vit avec un de ses enfants contre une sur deux en 1982. Un ménage sur quatre est une personne seule contre un sur neuf il y a 30 ans. Les familles monoparentales sont de plus en plus nombreuses. Les couples avec enfant sont moins fréquents, en particulier les familles nombreuses qui ne sont plus le modèle dominant, en raison du recul de la fécondité.
Entre 1982 et 2012, le nombre de ménages à La Réunion a augmenté plus vite que la population. Multiplié par 2,5 en 30 ans, ils sont passés de 121 000 à 302 000.
Dans le même temps, le nombre de personnes vivant dans un ménage a progressé moins rapidement (+ 62 %), passant de 509 000 à 826 000 personnes. La taille des ménages réunionnais a par conséquent fortement diminué, passant de 4,2 à 2,7 personnes par ménage en moyenne, soit – 1,5 personne. Cette baisse régulière et rapide s’est amorcée à la fin des années 60
Les ménages restent toutefois plus grands qu’en France métropolitaine qui compte 2,2 personnes par ménage. La Réunion se classe en 2012 au troisième rang des départements pour la taille des ménages, devancée seulement par Mayotte (4,1 personnes par ménage) et la Guyane (3,5).

Des évolutions rapides liées à l’urbanisation

La structure des ménages s’est modifiée plus rapidement sur certaines communes, en relation avec l’urbanisation. En particulier Sainte-Marie, qui avait les plus grands ménages en 1982, connaît la baisse la plus forte. La taille moyenne des ménages y est passée de 4,8 à 2,9 personnes en trente ans (– 1,9 personne). À l’opposé La Plaine-des-Palmistes, qui abritait les plus petits ménages en 1982, n’a perdu que 0,9 personne par ménage, passant de 3,7 personnes à 2,8 en 2012. Désormais, les ménages les plus petits sont situés à Saint-Denis (2,4) et les plus grands à Saint-André (3,0).

Un quart des ménages sont des personnes seules

Les ménages constitués d’une personne seule sont ceux qui ont le plus progressé quel que soit l’âge de la personne de référence. Ils représentent en 2012 un ménage sur quatre contre un sur neuf en 1982
Le vieillissement de la population porté par l’allongement de l’espérance de vie contribue en partie à cette augmentation. Toutefois, à La Réunion, le vieillissement n’explique qu’une faible part de la baisse de la taille des ménages, inférieure à 0,1 personne (estimé à structure par âge identique). Mais cet effet est plus élevé à partir de 1999 et devrait se poursuivre avec trois fois plus de personnes âgées de 60 ans ou plus à l’horizon 2040. Elles représenteront alors plus d’un quart de la population.
Entre 1982 et 2012, la baisse de la taille des ménages est par contre fortement liée aux décohabitations entre les générations et à des modifications des modèles familiaux. En 2012, les personnes âgées vivent plus rarement avec leurs enfants qu’auparavant. À partir de 60 ans, seulement une personne sur quatre vit encore avec ses enfants contre une sur deux en 1982.

Un ménage sur cinq est une famille monoparentale

La part des familles monoparentales progresse de 5 points entre 1982 et 2012. Elles représentent désormais un ménage sur cinq. À La Réunion, les jeunes femmes ont des trajectoires scolaires plus courtes et une maternité précoce. Entre 20 et 29 ans, une femme sur six est déjà à la tête d’une famille monoparentale. Ce phénomène est accentué par les migrations : les jeunes filles quittant La Réunion sont celles qui poursuivent des études et ont des enfants plus tard.
Cet essor de la monoparentalité contribue aussi à l’augmentation des personnes seules. Comme les familles monoparentales ont le plus souvent à leur tête des femmes, les hommes vivent plus souvent seuls quel que soit leur âge.
Les femmes en revanche vivent souvent seules à partir de cinquante ans. D’une part, elles ont une espérance de vie plus longue que les hommes. D’autre part, c’est à partir de cet âge que tous les enfants ont quitté le foyer parental. Enfin les personnes âgées sont de moins en moins hébergées par leurs enfants

Trois fois moins de familles nombreuses en 30 ans

Le modèle du couple avec enfants s’effrite. La part des couples avec enfant(s) chute en 30 ans, passant de 59 % à 35 % des ménages.
Les unions sont plus fragiles et moins nombreuses. Le taux de divorce a quasiment doublé en 30 ans, passant de 1,0 ‰ à 1,8 ‰ ; le taux de nuptialité se réduit de 5,9 ‰ à 3,6 ‰.
Ces changements s’accompagnent aussi d’un recul de la fécondité. L’indicateur conjoncturel de fécondité passe de 2,9 enfants par femme en 1982 à 2,4 en 2012. Dans le même temps, l’âge de la première maternité recule de 23,2 à 25,7 ans en moyenne. La vie de couple démarre aussi plus tardivement, en raison notamment de l’allongement des études. Cette baisse de la fécondité s’accompagne d’une hausse de l’activité des femmes. En 2012, 64 % des Réunionnaises sont sur le marché du travail contre 35 % en 1982. Ces éléments contribuent au recul du poids des familles nombreuses.
La part des ménages composés de cinq personnes ou plus a fortement diminué. En 1982, ils constituaient le modèle dominant (39 % des ménages). Ils sont les moins fréquents en 2012 (12 % des ménages) mais ils demeurent deux fois plus répandus à La Réunion qu’en France métropolitaine.

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