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Planètes artificielles : un 18e Objectif de Développement Durable présenté à l’assemblée des Nations-Unies
Après le concours du Volodia-ring
lundi 4 septembre 2023, par
Saint-Pierre, 1er septembre (correspondante) — Vendredi soir, le cinéma municipal « Le Moulin à café » s’est transformé pendant quelques heures en hall d’exposition de nos vies futures de Terriens, rêvées par les équipes inscrites au concours du Volodia-ring pour la conception de maquettes de planètes artificielles.
L’ingénieur réunionnais Guy Pignolet, architecte de l’événement, expliquait vendredi à un public motivé en quoi cet objectif est un « faiseur de paix et de développement durable pour notre planète bleue ».
La maquette lauréate — celle d’une équipe étudiante (voir Volodia Ring : Deux finalistes remarquables)– sera présentée à la mi-septembre au siège new-yorkais des Nations-Unies par le groupe « Space Renaissance » qui va proposer à l’ONU d’ajouter un 18e élément aux « Objectifs de Développement Durable du Millénaire ».
La conférence “Space Renaissance” de New-York va réunir une cinquantaine d’entreprises ou concepteurs versés dans le renouveau de la conquête spatiale envisagée comme facteur de stabilité et de développement durable.
Il ne s’agit pas d’aller vers la Lune ou vers Mars — d’autres s’en occupent brillamment — mais de comprendre en quoi l’espace présente une extension, en même temps qu’un réservoir, de la vie sur Terre.

L’humanité avance lentement et par soubresauts parfois violents… Depuis des temps très anciens, les premiers scientifiques ont réussi, par des moyens rudimentaires, à établir que la Terre est ronde. Et pourtant, lorsque l’équipe d’Apollo 11 a envoyé les images de la planète bleue que nous connaissons tous aujourd’hui, « 7 % des Américains ont pensé que c’était du cinéma » a rappelé Guy Pignolet. Dans une période récente, cette proportion serait montée à 22 % aux États-Unis.
Et c’est bien ce pays pourtant qui va accueillir la rencontre organisée à l’ONU dans l’esprit « Haute Frontière » imaginée par Gerard K. O’Neill [1], professeur de physique à l’université de Princeton, dans le dernier tiers du XXe siècle.
Guy Pignolet résume : « On a évalué à plus d’un million les astéroïdes — nées des cendres du Soleil — de plus d’un km de diamètre. Ces astéroïdes contiennent tous les éléments qui existent la nature. (…) Si les complexes militaro-industriels, au lieu de fomenter des guerres sur Terre, réorientaient leurs activités vers la quête et le réemploi des matériaux dans l’espace à des fins pacifiques, les objectifs du Millénaire (2030) pourraient être atteints. »
Mais voilà… Trop d’humains regardent encore la conquête spatiale soit comme un gaspillage de ressources, soit comme un facteur supplémentaire de dérèglements climatiques, bref… comme quelque chose à situer parmi les problèmes, à résoudre ou à écarter, c’est selon. Erreur de jugement commune : elle est à mettre dans les solutions.
D’abord « parce que la propulsion ionique produit une accélération 10 à 20 fois plus rapide que la propulsion chimique et, avec les ressources des astéroïdes et l’énergie Soleil, elle est l’avenir du spatial. »
On oublie les pétro-dollars et la chasse aux carburants, du moins sous leur forme actuelle, ces derniers étant appelés à évoluer grandement.
Ensuite, on se concentre sur les conditions de reproduction de la vie sur Terre. Les expériences “Biosphère” menées dans un passé récent étaient déjà concentrées sur cet objectif.
Guy Pignolet poursuit : « La vie, pour apparaître, n’a pas eu besoin des 12.000 km de diamètre de notre planète bleue ; seule une pellicule de quelques kilomètres y contribue, dans l’atmosphère et sous les eaux… Toute la vie, depuis L.U.C.A — en français : “Dernier ancêtre universel commun”, daté de quelque 3, 5 milliards d’années — tient dans une couche très fine. On peut très bien, avec nos technologies actuelles, reproduire ces conditions de vie ailleurs dans l’espace. »
C’est à quoi contribuent les planètes artificielles, qui seront aussi les supports de centrales solaires en orbite et, peut-être aussi, de l’agriculture du futur (cette dernière figurant également dans les programmes du retour des Terriens sur la Lune, entré dans une nouvelle phase d’accélération).
Des laboratoires travaillent déjà dans cette direction dans plusieurs pays. Et la plupart des scientifiques veulent que leurs travaux servent la paix plutôt que la guerre, même s’il faut admettre que, jusqu’à présent, c’est plus souvent ce second facteur qui a stimulé les travaux.
Vladimir Syromiatnikov — dont le diminutif de Volodia a été donné au concours de maquettes — a fait partie de l’équipe de Korolev qui a construit le premier Spoutnik et, une vingtaine d’années plus tard, il a inventé un système d’amarrage pour les engins spatiaux qui est devenu depuis pratiquement universel : le système symétrique à 2x3 pétales mis au point pour la mission Apollo-Soyouz de juillet 1975, scellée par la fameuse poignée de mains entre l’Américain Tom Stafford et le Soviétique Alexei Leonov, durant la guerre froide.
Des missions pour la paix sur Terre et le développement durable, c’est tout l’espoir qu’il faut mettre dans l’essor, remarquable ces derniers temps, des missions spatiales menées par différents pays.
[1] The high frontier, de Gerald O’Neill est paru en 1977 et a été traduit sous le titre « Les villes de l’espace » (R. Laffont)