Forum international du “Dakar agricole”

Propositions du père de la Révolution verte pour soutenir l’Afrique

7 février 2005

Le Pr Monkombu Sambasivan Swaminathan, qui a fortement contribué à libérer l’Asie de ses cycles de famine répétitifs, pour avoir été dans les années 60 à 70, le père de ’la révolution verte’, a décliné samedi en trois points au Forum international du ’Dakar agricole’, des conditions indispensables à une promotion du secteur agricole africain.

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Monkombu Sambasivan Swaminathan est considéré comme une "légende vivante" en Asie. Ce cytogénéticien et agronome, est également connu dans le monde entier, pour avoir été, au cours des années 60 et 70, le père de la "révolution verte" qui a permis à l’Inde, à la Chine, puis à toute l’Asie, de faire un grand bond en matière de sécurité alimentaire et de se prémunir aujourd’hui, contre les famines.
Le Pr Swaminathan a reçu à ce jour, pas moins de 35 doctorats honorifiques et une douzaine de prix nationaux et internationaux, dont le premier World Food Prize, l’équivalent d’un Nobel de l’agriculture. Ex-président de l’Organisation des Nations-unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), haut fonctionnaire de l’État indien, il est directeur de l’IRRI (l’institut des Philippines qui a créé les variétés de riz "à haut rendement").
Le Pr Swaminathan invité à parler de cette "révolution verte" en Inde et en Chine, a indiqué que : "pour sortir de la dépendance alimentaire, il y a trois ingrédients qui doivent être réunis”.

Investir dans la recherche

"Il faut disposer d’une technologie appropriée, investir dans la recherche, le développement et la formation et enfin, consentir à amener la science vers les populations, en instituant notamment, des interactions entre le laboratoire et le terrain.
"La première condition, à savoir la technologie appropriée, doit respecter l’environnement ; ce qui veut dire qu’il s’agit d’une technologie spécifique, celle-là qui est économiquement viable"
, a dit le Pr Swaminathan. "Cela signifie des investissements en faveur des technologies endogènes. L’aide internationale peut seulement aider si et seulement si, nous avons des capacités endogènes", a-t-il indiqué.
Le professeur indien explique "nous devons investir dans la recherche, le développement et la formation. Ceci est vital pour pouvoir profiter des véritables progrès de la science. L’Inde a introduit des infrastructures pour moderniser son agriculture, d’où son succès actuel".

Partager savoir et technologie

Le deuxième élément nécessaire à la promotion agricole en Afrique, souligne le Pr Swaminathan, "est de disposer d’un système pour distribuer les revenus et la technologie jusqu’aux personnes les plus pauvres. Ce système doit être fondé sur l’inclusion et la cohésion sociale et non l’exclusion sociale".
Le père de la "révolution verte" l’illustre en rappelant "qu’en Inde, nous avons eu des programmes de démonstrations technologiques nationales, qui ont aidé a faire bénéficier de cette technologie aux personnes les plus pauvres et en choisissant le champ des paysans les plus miséreux".
"Pourtant, dans notre pays, nous avons un grand pourcentage d’analphabètes ; ce qui est comparable à la situation africaine où le taux varie entre 25 à 60%", a-t-il ajouté.
Le Pr Swaminathan ajoute que "la plus importante exigence, est d’apporter la science vers les populations, par un apprentissage par l’action et non par les cours. En Inde, nous avons réglé ce problème, en mettant en place une éducation axée sur l’alphabétisation fonctionnelle et sur l’apprentissage technique fondé sur l’action".

Révolution verte permanente

Pour le Pr Swaminathan, "la troisième recommandation est d’avoir des interactions entre le laboratoire et le terrain. Car, ce qui est également important, c’est l’apprentissage mutuel entre les paysans". "Nous avons dans tous les pays africains, des paysans de qualité. Comment peut-on s’inspirer de leurs bonnes pratiques, comment apprendre de l’expérience des paysans ? Les paysans ont des expériences crédibles qui échappent souvent à certaines institutions de recherche", a-t-il indiqué.
Se fondant toujours sur l’exemple indien, le Pr Swaminathan note que "nous devons avoir des politiques publiques relatives au désenclavement des campagnes construisant des routes, à la maîtrise de l’eau pour la micro-irrigation". "Il faut aussi, des marchés fixes et réguliers, de façon à augmenter la consommation locale et à utiliser par ailleurs, l’alimentation, comme une devise dans les échanges", déclare-t- il.

“L’homme au centre de nos préoccupations”

Le Pr Swaminathan résume en expliquant qu’il faut avoir en tout, une symphonie qui permette de mettre en musique la production, les problèmes post-récolte et la consommation. Cette révolution verte doit être permanente, de façon à veiller à restituer tout ce que nous prenons de la terre en l’enrichissant par des micro- nutriments.
"Il faut également diversifier les opportunités d’emploi dans l’agriculture elle-même. Ce qui suppose un changement de paradigme en mettant l’homme au centre de nos préoccupations et je pense que le forum de Dakar va s’y atteler et être la flamme toujours allumée, pour que nous surmontions la faim et la famine en Afrique", a conclu le père de la "révolution verte", le Pr Swaminathan.


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