RIO+20 : « L’AVENIR QUE NOUS VOULONS »

Protégeons les océans de la pression d’activités prédatrices

Un enjeu capital des discussions

22 juin 2012

70% de la surface de la Terre est couverte par les océans. À La Réunion, nous vivons dans une île et l’océan peut être source de dangers, mais surtout de richesses à condition que nous nous tournions vers lui. À la Conférence des Nations unies sur le développement durable qui doit se terminer ce soir, les délégués et ONG ont beaucoup insisté sur les océans, et ce pourrait être là que se situerait la seule avancée significative du Sommet de Rio. Les principaux enjeux sont résumés dans une fiche action que nous reproduisons ci-après.

Jusqu’à trois milliards de personnes dépendent des zones marines et côtières pour assurer leur subsistance, notamment pour la pêche, le tourisme, le commerce, le transport et l’énergie. Cependant, la négligence, l’acidification, les changements climatiques, la pollution et l’exploitation excessive ont un impact dévastateur. Les océans, qui recouvrent plus de 70% de la surface terrestre, sont l’un des écosystèmes les plus menacés.
Un fort pourcentage (85%) des stocks mondiaux de poissons est soumis à une forte pression par la surpêche. Les espèces aquatiques envahissantes continuent de se répandre. Les zones mortes, des zones océaniques dépourvues d’oxygène, se multiplient. Les récifs coralliens agonisent. Des habitats côtiers disparaissent ou se dégradent, entraînant une perte de biodiversité marine. La pollution des bassins versants et des océans causée notamment par les déversements accidentels de pétrole et d’eau rendue radioactive à la suite d’accidents nucléaires entraîne d’autres problèmes.

1% des océans sont protégés

L’impact potentiel sur les plans économique, social et environnemental est énorme, montrant à l’évidence qu’il faut prendre des mesures pour assurer une gestion et une utilisation durables des océans et des ressources marines.
Entre autres outils de gestion par zone, les aires marines protégées bien conçues et bien gérées sont un outil précieux pour la protection de l’habitat et de la biodiversité, la résilience des écosystèmes et l’écotourisme. Elles contribuent également à la durabilité des pêches. Pourtant, environ 1% seulement des océans du monde sont protégés, selon les estimations faites par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).
L’épuisement des stocks de poissons est l’un des problèmes les plus pressants pour les océans et pour plus d’un milliard de personnes dont la sécurité alimentaire dépend des produits de la pêche, une source importante de protéines animales. Cependant, 85% des stocks mondiaux de poissons sont pleinement exploités ou surexploités. Les zones affichant les plus fortes proportions de stocks de poissons pleinement exploités sont situées dans l’Atlantique du Nord-Est, à l’Ouest de l’océan Indien et dans le Pacifique du Nord-Ouest. Depuis 1992, la proportion de stocks de poissons pleinement exploités a augmenté de 13%.

Le rôle des Nations unies

L’Assemblée générale des Nations unies est le seul forum politique mondial ayant une vue d’ensemble des problèmes touchant les océans et leurs ressources. L’Assemblée générale fournit des conseils sur la façon de régler un certain nombre de problèmes particulièrement préoccupants, y compris les pêches non durables, les effets des changements climatiques sur les écosystèmes marins, la pollution de toute origine et la perte de biodiversité marine.
L’année 2012 marque le 30ème anniversaire de l’instrument historique qu’est la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, à laquelle l’adhésion est pratiquement universelle. Ce traité est un instrument qui joue un rôle central dans le développement durable des océans et des mers, ainsi que de leurs ressources. L’impact de divers traités, y compris la Convention et ses accords d’exécution, sur la réduction de l’exploitation non durable des ressources marines et de la dégradation de l’environnement marin dépend largement de leur niveau d’adhésion, ainsi que de leur mise en œuvre et de leur application effective.

Les dangers de la pollution

L’Accord des Nations unies sur les stocks de poissons, qui est entré en vigueur en 2001, constitue un régime juridique pour la préservation à long terme et l’exploitation durable des stocks d’espèces migratoires comme le thon, l’espadon et le requin océanique, de même que des stocks chevauchants dans la zone économique exclusive d’un ou de plusieurs États et en haute mer. En mai 2010, l’Accord comptait 77 parties.
Les océans jouent également un rôle important dans le système climatique mondial en produisant de l’oxygène et en absorbant environ 30% des émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2). L’UNESCO signale que, d’ici à 2100, le taux d’acidité des océans risque d’augmenter de 150%. Cela pourrait entraîner une diminution radicale du rendement des pêcheries et l’extinction massive de la vie marine. Si l’acidification des océans continue, les chaînes alimentaires seront perturbées, ce qui mettra en péril la sécurité alimentaire.

Principales données

- Les océans sont une source essentielle de protéines pour plus de 2,6 milliards de personnes.

- La pêche en mer emploie directement ou indirectement plus de 200 millions de travailleurs.

- Le montant total des subventions à la pêche a atteint 27 milliards de dollars américains par année depuis 2010. La plupart de ces subventions ont pour effet d’aggraver le problème de la surpêche. Les subventions dépassent largement la valeur ajoutée totale de la pêche chaque année.

- Jusqu’à 40% des océans sont particulièrement touchés par l’activité humaine, y compris la pollution, la surpêche et les pratiques de pêche destructrice, de même que par la disparition des habitats côtiers.

- La quantité de poissons et autres espèces capturés par inadvertance (prises accessoires) pendant que les bateaux cherchent à pêcher une autre espèce de poisson a été estimée à plus de 20 millions de tonnes à l’échelle mondiale en 2010, soit l’équivalent de 23% de tous les poissons et autres espèces capturés. Ce nombre continue d’augmenter. Les prises accessoires, qui sont habituellement rejetées mortes à la mer, menacent les espèces menacées et contribuent au déclin de la pêche.

- Les récifs coralliens comptent parmi les écosystèmes les plus riches au plan biologique et les plus productifs de la planète. Ils génèrent des retombées écosystémiques précieuses pour des millions de personnes. Ils fournissent également de la nourriture, assurent des moyens de subsistance, soutiennent le tourisme, servent d’écloseries pour les espèces de poissons commerciales et protègent les côtes.

- Environ 75% de tous les récifs coralliens du monde sont menacés par les changements climatiques, y compris le réchauffement et l’acidification des océans, de même que par l’activité humaine locale. À moins que des mesures correctives ne soient prises, plus de 90% des récifs seront ainsi menacés en 2030 et ils seront pratiquement tous à risque en 2050.

- Les 9 pays les plus vulnérables à la dégradation et à la disparition des récifs sont Haïti, la Grenade, les Philippines, les Comores, Vanuatu, la Tanzanie, Kiribati, Fidji et l’Indonésie.

Quelques expérimentations en cours

- Les premières directives mondiales sur la gestion des prises accessoires et la réduction des rejets de poissons ont été définies par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. Les directives portent sur tous les types de prises accessoires, à savoir les poissons qui sont capturés accidentellement puis rejetés à la mer alors qu’ils sont morts ou mourants.

- Un accord historique de préservation de la mer Jaune a été conclu entre la Chine et la République de Corée en 2009, qui vise à lutter contre la dégradation par les déchets agricoles, la surpêche et l’aquaculture non durable.

- Un plan international a contribué à restaurer la flore et la faune fragiles de l’écosystème du Danube et de la mer Noire après 75 années de pollution. Pendant plus de 15 ans, un financement de 3,5 milliards de dollars américains a été consacré à des investissements en vue de la réduction de la pollution et de l’implantation de pratiques agricoles et industrielles plus écologiques.

- Le projet COAST, sur le tourisme durable, a été lancé par les organismes de l’ONU pour réduire la dégradation des environnements côtiers et marins le long du littoral de l’Afrique subsaharienne. Les 48.000 km du littoral sont menacés par le développement.

Propositions pour Rio+20

Les propositions examinées dans le cadre des négociations de Rio+20 concernent la lutte contre la surpêche et la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, l’expansion des aires marines protégées et des mesures visant à réduire la pollution des océans et à assurer un meilleur suivi des effets des changements climatiques, notamment de l’acidification des océans. Une autre proposition faisant l’objet d’un examen consiste à mettre en place un processus de négociation pour la mise en œuvre d’un accord en vertu de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, afin d’aborder la question de la conservation et de l’exploitation durable des stocks de poissons et de la biodiversité marine dans les zones situées au-delà de la juridiction nationale.

Des initiatives regroupant le système des Nations unies, des gouvernements et des organisations régionales et non gouvernementales et visant à améliorer la gestion et la protection des océans, en mettant au point des critères de progrès, sont également considérées. Pour compléter ces efforts, la Banque mondiale a pris l’initiative d’un Partenariat mondial pour les océans, de concert avec l’UNESCO et plusieurs ONG importantes comme l’UICN, Conservation International, le WWF et le Nature Conservancy.


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