Journée « Alambic » à La Chaloupe Saint-Leu

Réflexions autour d’un développement « Zéro carbone » des Hauts

5 décembre 2023, par Kalouma

A La Chaloupe, un petit groupe de producteurs s’interroge sur les changements dont ils ont été témoins dans les 30-40 dernières années et sur ceux qu’ils vont devoir impulser, avec les jeunes générations, pour développer les Hauts de l’île suivant les directives Zéro carbone données pour 2050. Leur objectif ? Faire de La Chaloupe un village bio-climatique !

Avec la section PCR de Saint-Leu, des habitants de ce village des hauts de l’ouest ont organisé dimanche 3 décembre une journée de réflexions autour d’un alambic, agrémentée d’une dégustation de leurs produits. Une quarantaine de personnes venues de différents points de l’île ont convergé dès le matin, dans le brouillard humide qui enveloppait cette partie des hauts, vers le petit alambic du Chemin de la Poste.
Le propriétaire des lieux avait préparé une cuite d’eucalyptus. Son frère, spécialisé dans la culture du Bourbon pointu, est arrivé avec le café du matin.

Réunies par Simone Yée Chong Tchi Kan, de la section PCR de Saint-Leu, plusieurs habitantes avaient préparé des spécialités mettant en valeur tout ce qui peut être fait avec la banane, la patate douce… « L’île en glace », glacier artisanal du chemin Vaudeville, a apporté les desserts.
D’autres producteurs, qui n’avaient pu être là dimanche, ont néanmoins participé aux réflexions engagées autour des nouvelles directives découlant des Accords de Paris — accords dont les origines réunionnaises ont été soulignées par les participants (voir encadré).

Tous ont conscience que les modes de vie et de production actuels ont tourné le dos à ce qui se faisait traditionnellement dans l’île, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale et que, s’ils veulent donner une chance à la vie de se prolonger sur Terre, il faut inverser la tendance. Vaste programme !
Ils et elles ont aussi conscience que c’est aux citoyens de prendre les choses en main, en produisant dans la proximité et en agissant ensemble pour re-construire une société bas carbone.
Ils se sont donnés pour ainsi dire une « feuille de route » à partir de quelques idées fondamentales :
– Produire et consommer dans la proximité ;
– limiter les déplacements à l’essentiel ;
– re-créer une filière d’emplois forestiers ;
– stopper la spéculation foncière ;
– garder les déchets recyclables et créateurs d’emplois ;
– établir une pédagogie des enjeux et problématiques des Hauts ;
– assurer le plein emploi.

Telles sont les idées de base qui vont leur servir de boussole pour atteindre leur objectif : en mettant à son service Internet et le digital, et en protégeant le foncier de la spéculation pour protéger les conditions d’une autonomie alimentaire, ils et elles feront de la Chaloupe un village bio-climatique.
Avec le soutien de tout ce que La Réunion peut compter de citoyens et citoyennes conscientes et engagées.

Kalouma

Un débat, des questions

Au cours de l’échange qui a suivi la présentation de l’événement par Simone Yée Chong Tchi Kan, les participants ont posé beaucoup de questions pour mieux cerner la vie des habitants de la Chaloupe et leurs conditions de travail.
Il était prévu de se rendre à quelques centaines de mètres de là, en lisière de forêt pour constater le degré d’avancement des pestes végétales. Si le temps avait été plus clément, un défrichage manuel aurait pu avoir lieu.



Elie Hoarau a rappelé une proposition du PCR de création d’un pôle de protection de l’environnement dont le rôle serait d’embaucher la main d’œuvre nécessaire à la protection de la nature réunionnaise. « Ce sont des milliers d’emplois qui pourraient être créés pour protéger nos forêts » a-t-il dit. A condition que les institutions jouent leur rôle.
Ary Yée Chong Tchi Kan a fait un historique de l’action engagée par Paul Verges et Philippe Berne, en septembre 1996, pour faire prendre conscience de l’urgence climatique.
Elu sénateur cette année-là, Paul Vergès n’a eu de cesse — avec Elie Hoarau, alors député de La Réunion – de mettre la question des changements climatiques et la nécessité de s’y adapter au cœur de leur action, jusqu’à faire adopter en février 2001, à l’unanimité des parlementaires français, la création de l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (O.N.E.R.C), qui a élaboré une stratégie nationale adossée aux recommandations du GIEC. De rapports en rapports, cette démarche réunionnaise devenue une priorité nationale a abouti, lors de la COP 21 réunie en 2015, aux « Accords de Paris », finalement signés par 195 des 198 participants à la Conférence mondiale.
« Le Traité de Paris est entré en vigueur le 4 novembre 2016. Huit jours après, Paul a estimé qu’il avait rempli sa mission, il est parti » a dit Ary Yée Chong Tchi Kan, non sans rappeler les présents à leur devoir de prolonger cette action.

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