Lutter contre les violences et les discriminations pour faire reculer la pandémie

SIDA : les femmes « moteurs du changement »

16 juillet 2004

Toute mesure contre le VIH/SIDA n’intégrant pas l’égalité des sexes est condamnée à l’échec, affirme un rapport conjoint de l’ONUSIDA, de l’agence de l’ONU pour les femmes et de l’UNFPA. Celui-ci révèle que 48% des personnes touchées par le SIDA sont désormais des femmes. Il plaide pour la lutte contre la violence à l’égard des femmes et le renforcement de leurs droits. Des conditions indispensables pour atténuer les dégâts de la pandémie, estiment les deux organisations internationales.

"Notant que les femmes représentent désormais près de la moitié des personnes infectées par le VIH, le rapport illustre l’impact dévastateur et souvent invisible du SIDA sur les femmes et les jeunes filles, et souligne la façon dont la discrimination, la pauvreté et la violence contre les femmes contribue à la propagation de l’épidémie", indique un communiqué du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA) publié à l’occasion de la 15ème Conférence sur le SIDA qui termine aujourd’hui à Bangkok, capitale de la Thaïlande jusqu’au 16 juillet.
Le rapport, intitulé “Les femmes et le VIH/SIDA : Confronter la crise”, préparé par l’ONUSIDA, le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) et le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), révèle que près de 48% des adultes vivant avec le VIH sont des femmes, ce qui représente un accroissement de 35% depuis 1985.
"Aujourd’hui, 37,8 millions de personnes sont infectées dans le monde : 17 millions d’entre elles sont des femmes. La situation est encore plus alarmante en Afrique sub-saharienne, où la proportion est de 57%. Les jeunes femmes africaines entre 15 et 24 ans ont trois fois plus de risques d’être infectées que les hommes dans la même tranche d’âge", précise le communiqué, tandis que le porte-parole de l’ONU, Fred Eckhard, a indiqué mercredi qu’un rapport du PNUD, révélait que la crise du SIDA avait réduit l’espérance de vie dans de nombreux pays africains à moins de 40 ans, ce qui en fait le principal facteur du déclin du développement humain en Afrique.
Sans stratégie contre le SIDA spécifiquement adaptée aux femmes, il n’y aura pas de progrès dans la lutte contre la maladie, précise par ailleurs le communiqué d’ONUSIDA : "Les femmes sont moins informées que les hommes quant à la prévention, et ce qu’elles savent est souvent inutile en raison de la discrimination et de la violence qu’elle doivent affronter".
Le rapport présente ainsi l’expérience de Kousalya Periaswamy, une jeune femme indienne, veuve et séropositive à 19 ans d’un mari qui ne lui a révélé qu’il était infecté que quelques semaines après leur mariage, et qui a défié la désapprobation sociale pour encourager les femmes séropositives à prendre la parole.
"L’épidémie ne sera pas renversée tant que les gouvernements ne fourniront pas aux femmes les ressources nécessaires à la défense de leurs droits à la santé en matière de reproduction", précise-t-on.
"L’inégalité des sexes a transformé une maladie dévastatrice - le SIDA - en une crise socio-économique", a déclaré Noeleen Heyzer, directrice exécutive d’UNIFEM. "Les femmes ne sont pas simplement des victimes, ce sont des moteurs du changement [...] Pour mettre fin à la triple menace du VIH/SIDA, de l’inégalité des sexes et de la pauvreté, les femmes doivent avoir le droit à l’indépendance économique et à l’accès à la terre, à la propriété et à l’emploi, ainsi qu’à une vie sans stigmatisation, violence et discrimination", a-t-elle poursuivi.


Le SIDA menace à Madagascar

Avec plus de 10% de la population déjà touchés par des maladies sexuellement transmissibles (MST), les autorités de Madagascar luttent contre les comportements à risque pour contenir la pandémie du SIDA, pour l’instant limitée. "Le taux de prévalence du SIDA est encore bas ici, mais Madagascar n’est pas à l’abri d’une catastrophe, car il y a des comportements à risque, comme le montre la prévalence très élevée des MST", indique à l’AFP M. André Ndikuyeze, représentant de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Aujourd’hui, sur les 17 millions de Malgaches, 1,1% sont touchés par le SIDA. Mais l’inquiétude prédomine, car les consultations pour MST sont en nette augmentation, ce qui n’est pas encourageant et fait craindre une explosion de la pandémie dans les années à venir.
Selon les chiffres du Comité national de lutte contre le VIH/SIDA, le taux de prévalence de la syphilis est de 8,2% sur l’ensemble du territoire. Dans la région de Tamatave (Toamasina, côte Est) le taux est de 16,8%. "Le plus grave à Madagascar c’est vraiment les MST, c’est pour cela que nous avons mis en place des centres de dépistage volontaire pour la syphilis et les autres MST, parallèlement au dépistage du VIH", souligne Béatrice Randrianarison, fondatrice de l’Unité SIDA de l’association américaine Catholic Relief Services (CRS). "Si les comportements ne changent pas, la situation du SIDA pourrait s’aggraver très rapidement", estime le représentant de l’OMS à Madagascar. "Le premier cas de VIH/SIDA à Madagascar a été dépisté en 1987, mais jusqu’en 2002 le taux de prévalence était inférieur à 0,3%", explique le secrétaire exécutif du Comité national de lutte contre le VIH/SIDA. Aujourd’hui, plus d’un Malgache sur 100 est concerné par la maladie.


À la 15ème conférence internationale

Nelson Mandela appelle à lutter contre la tuberculose

Chaleureusement applaudi à Bangkok, l’ancien président sud-africain Nelson Mandela a abordé un thème peu traité à l’avant-dernier jour de la 15ème Conférence sur la pandémie : la tuberculose.
"La tuberculose reste délaissée. Aujourd’hui nous appelons le monde à reconnaître que nous ne pouvons pas lutter contre le SIDA à moins de nous attaquer aussi à la tuberculose", a-t-il dit avant que la fondation de l’Américain Bill Gates n’annonce un plan de financement de 44,7 millions de dollars pour aider à combattre cette maladie opportuniste. "La tuberculose veut trop souvent dire une peine de mort pour les malades du SIDA", a dit Nelson Mandela, qui a lui-même contracté la maladie lors de ses longues années de prison à Robben Island.
Sur les 38 millions de personnes infectées du VIH/SIDA sur la planète, 14 millions souffrent de tuberculose, maladie qui accélère l’emprise du virus du VIH sur l’organisme.


An plis ke sa

Kofi Annan demande davantage d’implication aux États-Unis
Le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan a critiqué les États-Unis pour leur manque d’empressement à allouer des fonds à la lutte contre le SIDA. Washington reste toutefois le premier contributeur au monde et le président George W. Bush a promis 15 milliards de dollars à la lutte contre le SIDA au cours des cinq prochaines années. Mais ce plan n’a vraiment démarré qu’en février 2004, et très lentement.
Le candidat démocrate à la Maison blanche John Kerry a promis mercredi un doublement des fonds américains au SIDA, à la tuberculose et au paludisme s’il est élu en novembre, expliquant que Washington "doit s’engager à mettre tout le poids du leadership américain dans la lutte contre les maladies les plus mortelles en Afrique, y compris le SIDA".

Le représentant américain appelle à l’union
Mercredi, le responsable américain de la lutte contre le SIDA avait lancé un appel à l’unité après que Washington eut été accusé par l’Europe - emboîtant le pas au président français Jacques Chirac - de préférer des accords bilatéraux au détriment des accords multilatéraux qui permettent l’accès des malades aux génériques bon marché dans les pays en développement.
"À ce stade, l’erreur la plus grave que nous pourrions faire est de laisser la pandémie nous diviser", avait déclaré le représentant américain Randall Tobias, "quand 8.000 personnes meurent chaque jour du SIDA, la division est un luxe que nous ne pouvons pas nous offrir".


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