Le vélo, une autre façon de découvrir La Réunion

Allons bat’karé ! *

28 juin 2006

Installez-vous très confortablement, décontractez-vous, préparez-vous à une agréable escapade, à un voyage étonnant... Fermez les yeux... êtes-vous prêt ?
Imaginez l’océan, quelque part, loin, très loin, au sud, très au sud, là où il fait toujours beau, là où il fait toujours bon, là où il fait toujours chaud.
Imaginez les couleurs de cette eau, tantôt verte, tantôt bleue, qui vous donne envie de vous y glisser et de vous délasser.
Imaginez dans cet océan des tropiques, des groupes d’îles communément appelés archipels aux noms qui vous font déjà voyager : Maldives, Mascareignes, Seychelles...

Voyage à travers l’Histoire...

Imaginez, imaginez encore dans un de ces archipels une île. Une île découverte au début du XVIème siècle par un navigateur portugais, une île dont on ne sait pas à quelle date exacte la France en prit officiellement possession, mais au début du XVIIème siècle, assurément. Une île pas très grande, d’une superficie plus petite que la Corse, avec une population comparable à celle de la communauté marseillaise et un littoral de 210 km de côtes diverses, offrant tantôt lagons et plages de sable, tantôt falaises et laves, parsemées de cités aux noms de saints catholiques : Saint-Denis, Saint-Joseph, Saint-Louis, Saint-Paul, Saint-Pierre... Une île enfin à l’histoire humaine récente, puisque peuplée depuis seulement 350 ans, mais dense, représentant un véritable métissage de continents - Afrique, Asie, Europe. Inde - que vous retrouverez dans cette mosaïque unique de traditions, de coutumes, d’habitat.
Imaginez une énorme montagne volcanique qui a jailli de la mer indienne, il a 3 millions d’années, dont le point le plus élevé culmine à 3070 mètres, aux éruptions régulières de lave. Imaginez alors une nuit au gîte du volcan avant d’entreprendre une randonnée sur les cratères éteints mais riches d’une végétation surprenante.

... les montagnes, les plaines

Imaginez l’intérieur de cette île montagneuse, lieu de refuge de populations menacées an cours de l’histoire, lieu que l’on appelle ici "les hauts", "les Plaines", "les Cirques", où, pour certains, vous ne pourrez pénétrer qu’à pied. Imaginez aussi une nuit de repos dans un gîte à l’issue d’une inoubliable randonnée qui vous fera découvrir des paysages grandioses, des forêts magnifiques, une végétation étonnante, clés "ilets", hauts lieux de traditions créoles.
Imaginez toujours cette île où l’on fête au cours de l’année le vin, la mangue, le miel, le muguet, le café, le goyavier, la pêche, les lentilles, l’ail, les bichiques, la fraise, le curcuma, le bambou, le piment, l’ananas, le gingembre, le letchi...
Imaginez une cuisine essentiellement créole aux riches saveurs, avec quelques curiosités et plats traditionnels et, bien sûr, puisqu’il y a canne à sucre, le rhum... que l’on "arrange" ; ne dit-on pas, avec malice, qu’ici, toutes les routes conduisent..., au rhum ?

Un accueil chaleureux

Et si cette cuisine-là vous décidiez de la déguster sous la varangue d’une case finement décorée de fines dentelles ajourées ou à l’occasion d’un pique-nique à l’abri d’un kiosque spécialement aménagé ?
Imaginez alors que cette île vous puissiez la découvrir à l’occasion d’un séjour organisé par des accompagnateurs fédéraux où, "z’oreilles", vous seriez accueilli par une superbe équipe locale animée par un authentique descendant de colon français débarqué de Saint-Louis à son retour de Pondichéry, alors comptoir français de la Compagnie des Indes, le 17 novembre 1707. Équipe qui aura à cœur de vous dévoiler en une quinzaine de jours les sites exceptionnels du sud de l’île que sont Grand’Anse, Manapany, la rivière Langevin, les sites forestiers de Bébour et Bélouve aux essences de bois de couleurs, de tamarins, de cryptomérias, de fougères arborescentes, paradis d’espèces d’oiseaux endémiques tels que le papangue ou le cardinal - tout rouge neuf mois de l’année - le piton de la Fournaise et la maison du volcan où vous apprendrez tout sur tous les volcans du monde entier, les cases et jardins créoles de l’Entre-Deux où l’artisanat se maintient, le cimetière marin de Saint-Leu planté de frangipaniers - arbres de l’immortalité, la chapelle Pointue sur la route pittoresque menant de Saint-Gilles les Hauts aux Trois-Bassins, la vue exceptionnelle sur le cirque de Cilaos à partir de La Fenêtre que vous atteignez après le sillage typique des Makes, les champs de géraniums de la Petite France, les étendues de mimosas et tamarins avant d’atteindre le belvédère de Maïdo où vous bénéficierez d’un panorama impressionnant sur la côte mais surtout sur le cirque de Mafate.

À la rencontre des Réunionnais

Puis, après une journée de repos où vous pourrez, par exemple, flâner sur un marché, véritable festival de couleurs et de senteurs, découvrir chouchous, letchis, goyaviers, ail, vanille, curcuma, safran, cocos, dans une ambiance bon enfant, puis monter à Cilaos par la route dite des "400 virages”, village thermal où l’on se rendait à pied on en chaise à porteur, lien réputé pour sa broderie, ses lentilles et son vin, et redescendre enfin par la magnifique route touristique de Bras Sec avant de s’arrêter éventuellement à Petit Serré pour s’y rafraîchir en écoutant le joueur de banjo vous charmer de chansons françaises et de l’inoubliable "P’tite fleur aimée" que nos amis cyclos réunionnais se feront un plaisir de Vous apprendre.
Votre retour en métropole sera alors l’agréable souvenir d’une montagne posée sur l’océan qui est d’abord la beauté, riche de sa nature, riche de sa population dont l’histoire, le langage, la musique, l’habitation, la tenue, la gastronomie a forgé l’âme créole, riche de ses spécialités que sont la canne à sucre, la vanille, les essences de géraniums, riche aussi d’une légende puisque, à ce jour, dit-on, le trésor du pirate "La Buse" n’a toujours pas été retrouvé,
Alors, amis cycles de métropole, face à la personnalité aussi profonde d’une île aussi "intense", une "île de France dans l’Océan Indien", il ne vous reste qu’une possibilité de l’apprécier : partir à sa découverte.

Texte : Claude Dartoy
Extrait du n°548 de “Cyclotourisme”

*Allons faire un tour !


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