Jocelyne Lauret, présidente du C.T.R.

’Nous n’allons pas vendre des clichés’

21 juin 2004

Dans la première partie de l’entretien accordé à “Témoignages” par la nouvelle présidente du Comité du tourisme de La Réunion (C.T.R.), Jocelyne Lauret a notamment évoqué les pistes de l’institution pour faire remonter la fréquentation touristique dans notre île. Aujourd’hui, elle précise quelques moyens pour atteindre cet objectif.

Quand vous parlez de “tourisme intégré”, qui est concerné ?

- Lorsque nous disons que nous voulons conforter un tourisme intégré, c’est un tourisme au service de la population. S’il doit être rentable pour les professionnels, il doit l’être aussi pour les gîtes ruraux, les agriculteurs, les activités alternatives. Toutes les catégories de la population sont concernées.
Sur le plan qualitatif, il faut faire de La Réunion une référence en matière d’éco-tourisme et d’authenticité - le côté créole et traditions - et développer un “tourisme durable”, appuyé sur les outils de l’Agenda 21, du Parc des Hauts, du Parc marin... pour en faire un moteur économique du développement durable. Cette politique touristique doit prendre en compte la question foncière, pour laquelle il faut l’engagement des collectivités.

Comment et avec qui peut-on valoriser le “produit Réunion” ?

- Cela suppose d’abord des campagnes systématiques et permanentes et je pense que nous avons deux avantages : la sécurité offerte et la sauvegarde des traditions. Les touristes recherchent beaucoup l’authenticité et c’est ce que nous chercheront à valoriser. Cela suppose aussi un outil de marketing adapté : nous n’allons pas vendre des clichés, ce n’est pas notre affaire !
Il faut aussi développer la diversification de l’offre : 80% des touristes viennent de France, un peu d’Europe et une très faible partie de l’international. Dans la zone océan Indien, Madagascar a une forte volonté politique de développement touristique et nous pouvons nous compléter. La dernière réunion des ministres de la Commission de l’océan Indien, qui s’est tenue à Moroni le 26 mai dernier, a réactivé la proposition d’organiser une structure touristique de l’océan Indien.
Ensuite, il y a d’autres pays avec lesquels la Région a ouvert des relations de coopération internationale : l’Inde, la Chine, le Québec... et pourquoi pas l’Australie.
Ce qui est sûr, c’est qu’il faut accentuer la volonté politique d’ouvrir. C’est presque une obligation. En direction de l’Europe, nous pouvons amplifier la fréquentation. Nous avons un produit touristique plus cher : si nous ne proposons pas un produit unique, la baisse de fréquentation va se poursuivre.

Dans la réalisation de ces orientations, qui fait quoi ?

- À partir d’une compétence transférée à la Région, le CTR intervient ainsi que les responsables de filières (Maison de la Montagne et autres...). Le dispositif intégré de développement touristique suppose que nous allons travailler avec tout le monde, et aussi avec la population. Selon deux axes : la protection de l’environnement ici même et la valorisation de La Réunion à l’extérieur par les Réunionnais qui voyagent. Il y a un militantisme local à avoir.
Et nous allons établir des contacts avec les Réunionnais de France et de l’étranger. Beaucoup de Réunionnais sont fiers de leur île et des progrès qu’elle a faits dans ses infrastructures : ce sont eux les principaux ambassadeurs de leur île.

Propos recueillis par Pascale David


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