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Plan de Relance du Tourisme : Odit France rend son rapport d’étape
15 février 2007
L’Egypte et ses croisières, le Kenya et ses safaris, La Réunion et ...? Ses atouts sont nombreux, mais ne vivent pas touristiquement. Insuffisance d’hébergements, d’offres de services et d’équipements : pour satisfaire une clientèle exigeante, La Réunion doit tirer son tourisme vers le haut de gamme. Après 6 mois de travaux, le Groupement d’Intérêt Public Odit France livre un premier rapport d’étape sur la restructuration de l’offre touristique locale. La filière est à créer. La culture et la nature réunionnaises offrent des opportunités à exploiter.
C’est dans le contexte de crise sanitaire de l’année dernière que le Premier Ministre a mandaté Odit France pour réaliser un diagnostic permettant d’élaborer un plan de relance du tourisme à La Réunion ; un secteur qui, avant même l’attaque de l’Aèdes, battait de l’aile. Ce travail en profondeur engagé sur 2 ans (2006-2007) doit permettre de définir des orientations stratégiques et le déploiement de la nouvelle offre touristique réunionnaise. « L’objectif est d’esquisser ce qui devrait être dans l’avenir une destination plus attractive et compétitive », explique Christian Mantéi, Directeur Général d’Odit France.
« Il y a un vrai problème structurel »
Le premier constat est que tous les chiffres du tourisme à La Réunion sont dans le rouge. De 2000 à 2005, le taux de fréquentation touristique a diminué de -4%, avec une chute particulièrement notable du tourisme d’agrément de -26% qui pour la première fois l’année dernière a cédé le pas au tourisme affinitaire. Si le trafic aérien est important à La Réunion (1,6 millions de passagers en 2005) en revanche le trafic « affaires » reste trop faible. En 5 ans, la part tourisme dans le PIB de La Réunion a diminué de -0,6% passant de 3,2% du PIB en 2000 à 2,6% en 2005.
La transformation et la fermeture d’hôtels a conduit à la régression très nette du parc hôtelier alors que la branche “Hôtel-restaurant” est elle aussi sur une paroi descendante. L’insuffisance quantitative et qualitative de l’hébergement est très marquée. La Réunion compte actuellement 6.000 chambres classées contre plus de 30.000 à Maurice, alors qu’à titre indicatif, une station de sport d’hiver située en moyenne montagne en recense 15.000.
« Il y a un vrai problème structurel », commente Noël Imbert Bouchard, délégué d’Odit France. Mais ce n’est pas tout. Ce rapport d’étape met également l’accent sur le positionnement flou de la destination, « un positionnement mal assuré face à une concurrence active et rapide sur deux fronts : le balnéaire au coeur de l’Océan Indien et dans le monde entier, et les destinations d’exception. »
L’île n’affirmerait donc pas assez son caractère touristique, n’aurait pas d’offre claire et différenciatrice en termes d’hébergements et de produits. « Le positionnement flou n’est pas une question d’incompétence, mais est dû à la complexité du territoire et de la destination, précise Christian Mantéi. C’est un exercice complexe que de trouver les bonnes niches. » La distribution du produit est aussi lacunaire, pas assez centrée sur les marchés porteurs et prioritaires que sont l’Île-de-France, l’Allemagne ou la Suisse. « Il y a encore beaucoup à faire pour se tourner vers les Tours Opérateurs spécialisés et de haut de gamme », concède encore le directeur d’Odit France.
Pourquoi la clientèle haut de gamme ?
L’inadéquation entre les coûts du transport, du séjour et des services pose aussi problème. La destination est chère et doit être rentabilisée. Pour être prêt à faire 10.000 kilomètres, il faut un attrait balnéaire, mais les plages réunionnaises sont peu nombreuses et surfréquentées. C’est sans parler des embouteillages, de l’accueil, de la propreté des sites... La clientèle, exigeante et réactive, veut quant à elle de la nouveauté, du soleil en hiver, de la nature, des loisirs ; d’un clic elle prépare ses vacances, hormis pour la destination Réunion qui sur le Net est encore à l’état d’ovule. Alors pourquoi dans ces conditions cibler une clientèle haut de gamme ? « Quels que soient les aménagements engagés, La Réunion restera toujours à 10.000 kilomètres de la métropole, donc une destination relativement coûteuse, ce qui amène à séduire plus une clientèle moyen-haut de gamme. Il ne faut pas en avoir peur, précise encore Mandréi. Le marché européen a compris la question du prix. »
Avec 800 millions de touristes en 2005 dans le monde, l’économie du tourisme international est en plein développement. Il faut que La Réunion, qui tend peu à peu à sortir du marché, replace ses cartes. Et Christian Mantéi de soutenir que si la clientèle haut de gamme peut susciter des réticences, c’est un atout pour la création d’emplois, le dynamisme du secteur. « Les Réunionnais sont de moins en moins fiers de leur tourisme, mais quand le produit est beau, qu’on en parle dans la presse, un sentiment de fierté s’affirme d’autant que se développe des emplois qualifiés. On bascule alors dans le cercle vertueux. »
Lodges et resorts balnéaires
Il serait tenté de parler de révolution mais le préfet préférera le terme d’« évolution sensible » indispensable au secteur touristique, sans se limiter au simple argumentaire promotionnel. Pour reconstruire la destination et structurer l’offre touristique, Odit France propose de s’appuyer sur 3 variables : l’aérien, l’hébergement et les produits touristiques en intégrant la distribution et la commercialisation. « À sites de prestige, aucun équipement de prestige. Cela faciliterait pourtant la notoriété et l’image de la destination, soutient le directeur d’Odit France. La Réunion doit comprendre qu’elle possède des sites d’exception, un potentiel touristique fort mais elle ne possède ni les équipements, ni l’accueil pour les exploiter. Il y a toute une industrie de services à développer. »
Les touristes souhaitent des randonnées courtes, accessibles, thématisées avec un confort à l’arrivée. Mais beaucoup de circuits ne sont pas étudiés pour ce type de clientèle, alors que d’autres sont encore fermés ou pas entretenus. Sur le plan de l’hébergement, 10 gîtes de montagne doivent être rénovés mais aussi montés en gamme. Sur le littoral, on pourrait envisager la création de 2 ou 3 resorts balnéaires ou marins et dans les Hauts la création de lodges dans les sites touristiques emblématiques des mi-pentes et au niveau du Parc National des Hauts. Bébourg, Maido, Mafate... « Pas question de construire des hébergements qui ne seraient pas HQE, des prédateurs pour l’environnement. C’est le concept même du lodge », précise Christian Mandréi qui souligne que la politique environnementale et énergétique engagée par la Région Réunion sont des éléments touristiques positifs mais « pas forcément agrégés pour être compétitifs. »
A côté de sa nature, La Réunion possède également un autre atout non exploité : son patrimoine culturel. Sa pluralité culturelle, son métissage font de notre île une terre d’exception. Il y a des lieux, des événements et des structures à faire vivre touristiquement. « Le touriste qui veut assister au Dipavali n’a pas de guide et reste dans sa chambre d’hôtel. Personne pour le conduire, le guider puis le ramener à son hôtel. Il y a une prise en charge touristique très importante à faire. » Bien souvent c’est sur la base d’un fascicule que l’on renseigne le visiteur.
Tourisme : levier de développement
Une restructuration de l’offre touristique offre sur la base des premières analyses des opportunités importantes en termes de création d’emplois dans tous les domaines de qualification, avec la mise en place de nouveaux services, d’une industrie de technologie, de réservations... Pour le directeur d’Odit France, le point favorable est qu’« on a la chance ici d’avoir un système de formation performant. » Reste que certains investisseurs sont davantage intéressés par la défiscalisation que par le développement du marché touristique. « L’État n’exerce pas un contrôle d’opportunité, précise Pierre-Henry Maccioni. Et je le regrette personnellement. La spéculation immobilière ne répond pas toujours à la demande touristique alors que des gens s’installent à Saint-Pierre mais n’ont pas de débouchés. Il faut les aider. Pour créer de la bonne croissance, il faut de l’emploi et pas des bénéfices fiscaux. » Quand on sait qu’un emploi créé dans le secteur direct du tourisme engendre 1,5 emploi indirect supplémentaire dans les activités liées au tourisme, un plan de relance touristique est un véritable levier de développement, surtout lorsqu’il se base sur une offre de qualité, plus opportune en termes d’emplois, de valeur ajoutée, d’importations d’investissements.
« La Réunion connaîtra au cours de cette prochaine décennie beaucoup de changements, poursuit le préfet. Deux grands chantiers vont contribuer à donner un nouvel essor à la société (...) Il faut avoir des projets, les financements, on les aura avec le Partenariat Public Privé. » « Ne rien faire a été la tendance française pendant très longtemps : c’est la catastrophe, soutient Christian Mantéi qui défend aujourd’hui la bonne santé du tourisme dans l’Hexagone. Il faut éviter le positionnement généraliste mais se proposer en tant que multi spécialiste. » La Réunion a les moyens de se positionner clairement face à la concurrence.
« On va tous dans le même sens mais rien n’est fédéré »
À partir de ce rapport d’étape, base de réflexion qui intègre les remarques des acteurs et partenaires du tourisme à La Réunion, mais aussi fait appel à une ingénierie et aux services de l’État, le Préfet aura la charge de coordonner un plan de relance sur la base d’« un vrai partenariat solide avec le Conseil Régional. » Dans l’entretien des sentiers, le Conseil Général aura également sa contribution à apporter. « Il faut coordonner l’ensemble des partenaires pour mettre en place une filière tourisme et un plan de relance digne de ce nom », soutien le Préfet. C’est en mars, lors des Assises du Tourisme organisées à La Réunion et présidées par le ministre du Tourisme Léon Bertrand que les préconisations du rapport seront mises à plat devant les partenaires locaux mais aussi de grands groupes et opérateurs européens. « Si l’on ne veut pas se contenter d’un tourisme affinitaire, bien... mais qui n’est pas fédérateur de développement. Si on veut évoluer, il faut faire venir des opérateurs régionaux et européens », défend encore Pierre-Henry Maccioni. Il faudra là encore sensibiliser les élus sur le fait que le développement du tourisme dépend aussi d’un plan d’urbanisme cohérent, que c’est le produit Réunion, ses offres de services et d’équipements, qui permettra à l’île de se placer dans de bonnes conditions sur les marchés européens.
Pour mener à bien sa mission de fédérateur, Pierre-Henry Maccioni souhaiterait la mise en place d’« une structure commune légère pour porter le projet et se projeter. » Depuis le Shéma d’Aménagement Régional de 95 et les autres schémas structurants, il estime que l’« on va tous dans le même sens mais rien n’est fédéré. Chaque service reste dans sa verticalité alors qu’on devrait aspirer à l’horizontalité. » Horizontalité ne dit pas s’endormir sur ses lauriers car le travail à venir est important. 2007 est vraiment l’année de tous les caps pour La Réunion, riches de défis et de développement.
Stéphanie Longeras
Observation Développement Ingénierie Touristiques France
Une boîte à outils
Odit France est un Groupement d’Intérêt Public (GIP) sous tutelle du Ministère du Tourisme. C’est un outil d’ingénierie et de développement dans le domaine du tourisme qui aide les collectivités à réaliser des projets, y compris des projets structurants. Odit emploie 82 personnes dont 50 à 60 experts, des ingénieurs, des spécialistes, des monteurs financiers. Il est étroitement relié à tous les services de l’État. Odit réalise également des publications techniques d’ingénierie. Il fonctionne selon son directeur comme une boîte à outils qui propose différentes méthodes. Il compte actuellement une trentaine de projets en France mais intervient aussi à l’étranger. Il s’appuit sur le Partenariat Public Privé, car comme le rappelle Christian Mantéi « on ne construit pas une destination comme ça. » Il a signé une convention avec l’État sur 2 ans pour élaborer un plan de relance touristique. Son diagnostic est fondé sur des dizaines d’entretiens, de déplacements, l’analyse des études et rapports existants, qui se base sur l’analyse du marché, de la concurrence, le positionnement, le transport, l’hébergement, les activités touristiques, la distribution, la commercialisation, le prix, les dispositifs d’accompagnement.
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Messages
15 février 2007, 06:34
La privatisation de la plage de grand anse, c’est casser un des rares endroits de l’ile ou, dans le sud, tout au long de l’année la mixite sociale, le lien social dans les couches defavorisées s’exerce pour des milliers de familles ....
Depouiller les reunionnais ainsi pour le pretexte du tourisme de luxe, c’est désuhmaniser et durcir les conditions de vie des quartiers de st joseph et st pierre, à l’image des quartiers difficiles de St-Paul, st-Denis et le Port.
16 avril 2007, 09:22
Nous somme scandalisé par ce projet, le parking dans la partie basse sera fermé, nous le jeunes en forme nous pourrons descendre a pied ( tres pratique avec nos marmitte carry , tables, chaises, glacieres etc...) mais nos gramounes ? les personnes a mobilité reduites ? sans parler du snack de luxe que le promoteur va mettre a dispositions des touristes ( de luxe eux aussi) et nos petit camions bar que vont t ils devenir ? une petition et des infos sur le proget ici : http://citoyennedestpierre.viabloga.com/
15 février 2007, 08:07, par nicolas de l’ouest
de quel succès en matière d’ingénierie et mise en place de projets exploités à ce jour, le Groupe ODIT France peut se prévaloir pour donner les voies de la "réussite touristique" tel qu’il le fait ????
je n’ai pas lu de mesures visant à "privatiser" les plages, ni d’incitations à substituer le camping fermé depuis trop longtemps à st gilles (méga moke en tole pour Alain Bénard et le TCO et aussi la SEM St gilles..) par un hôtel (alors que le tourisme camping 3 étoiles connaît des succès en métropole)...
non décidément, ODIT France, c’est encore la manifestation du goyave de france !!
Triste CTR qui s’est tellement fait décrié qu’il n’est plus bon à rien...Mais depuis quand n’est il plus bon à rien ?
15 février 2007, 22:01, par nicolas de l’ouest
La Réunion île sale... ne l’oublions pas !
combien de temps a-t-on dû attendre pour régler le problème des déchets à Mafate ?
boucan dimanche 17h...passez voir un peu la crasse ambiante autour des poubelles vomissant les immondices des plagistes... a quand des pancartes pour sensibiliser les plagistes à ramener leurs déchets, ou les tenanciers de bars environnant ce site à avoir les poubelles "derrière" leur établissement, et non pas devant au fumé et à la barbe des "touristes" attablés sur leurs terrasses...
et que dire du lagon et son insuffisance de solutions d’hygiène pour les amateurs du lagon et de salubrité !!
les exemple sont légions de la dégradation inconsciente et involontaire parfois souvent, et non traités due à l’activité humaine dite touristique, par les collectivités ou établissements publics ayant la charge de "l’environnement"..
alors avant de songer à mauricianiser le paysage réunionnais, mettons les moyens pour son nettoyage et son entretien..oui au service civique volontaire, quelque soit l’âge du citoyen. oui à la défiscalisation totale des dons faits aux associations (voilà des sources de financement existantes au lieu de l’affecter à des terrains inexistants ..) oeuvrant dans l’environnement, oui à la possibilité de défiscaliser le temps passé par tout à chacun, travailleur ou non, dans le secteur associatif ..!
c’est le moment de faire des propositions !!
12 avril 2007, 15:23, par Jean-Pierre Espéret
Quel tourisme ?
Le groupement d’intérêt public Observation, développement et ingénierie touristiques (Odit France) vient de rendre son diagnostic sur le mal dont souffrirait le tourisme réunionnais : pas assez d’hôtels de luxe ! Rien de nouveau sous le soleil : cela fait 30 ans qu’on nous chante ce refrain et que s’est-il passé depuis ? Le Club Med a mis la clef sous la porte, remplacé après une longue jachère par les Villas du lagon qui sont mises en vente ainsi que les Villas du Récif, l’Hôtel du Maïdo a fermé, l’hôtel Apollonia aussi, l’hôtel Saint François, l’hôtel des Mascareignes, l’hôtel Armony ont été transformés en meublés, façon habile de bénéficier d’endroits exceptionnels, d’avantages financiers exceptionnels et de ne pas s’éterniser dans l’impasse de l’hôtellerie de luxe à la Réunion. Il y a quand même une chose que ces trente dernières années auraient dû nous apprendre, c’est que nous ne pouvons pas rivaliser avec Maurice, les Seychelles, les Maldives sur le créneau grand luxe, c’est à dire plages privées avec force personnel payé avec un lance-pierre. En effet, il y a un axiome qu’on ne peut ignorer c’est que les riches sont riches parce qu’ils savent compter, ils connaissent le taux de change entre la roupie et l’euro, et ils sont imbattables dans le calcul du rapport qualité-prix.
En revanche c’est un sophisme de dire que qui peut se payer un billet pour une destination lointaine a forcément les moyens de se payer aussi un hébergement de luxe. Il y a énormément de gens qui n’ont que les moyens de se payer le billet, pas souvent et en se privant, et qui vont se contenter d’un hébergement et d’une restauration bon marché. Depuis quarante ans le Guide du routard a bâti son succès sur cette clientèle. Et puis, il y a l’énorme masse des touristes affinitaires, qui vont être hébergés la majeure partie de leur séjour chez des parents, des amis, et vont de temps en temps se payer un gîte, une table d’hôte ici ou là, et à l’occasion y inviter les parents et amis. Ils vont payer les courses au marché, l’essence de la voiture qu’on leur prête. Enfin, il y a le tourisme interne, celui-là même qui a permis au navire de ne pas sombrer pendant la crise du Chikungunya, qui se paye quelques nuits pendant les vacances et jours fériés.
Le directeur général d’Odit France, déclare : “Quand on vous dit Kenya, vous pensez animaux sauvages et safari. Égypte, ça évoque sites archéologiques et croisière sur le Nil. Avec La Réunion, tout le monde voit des paysages exceptionnels et... rien d’autre. Dans les deux premiers cas, une expérience est associée à la destination et à ses attraits. Pas dans le troisième”. Ben si, il y a une expérience associée qui vient tout de suite à l’esprit c’est « randonnée » et avec le sac sur le dos, et non avec des porteurs comme l’imagine le directeur général d’Odit France. Randonnée, canyoning, surf, parapente, voilà les expériences qui viennent à l’esprit quand on pense à la Réunion. Mafate, la Fournaise, le Piton, c’est pas un tour en hélico, ça se mérite au bout de ses chaussures. Nous partagions récemment un repas d’une charmante table d’hôte du côté de Montvert avec un couple d’allemands. A la question de la raison pour laquelle on voyait beaucoup de touristes allemands à la Réunion, ils ont répondu : c’est pour la nature, une nature exubérante et intacte, et c’est en Europe. C’est sans doute également la raison pour laquelle on voit beaucoup de groupes de retraités : ils sont dans un cadre européen, français et cela les rassure.
Pourquoi donc s’obstiner à favoriser ce qui ne marche pas et à négliger ce qui marche ? Ce sont les petites structures, familiales, où l’hébergeur et l’hébergé sont sur un pied d’égalité qu’il faut favoriser, les gîtes, les campings. Il n’est pas normal que le camping à la Réunion soit moribond. C’est une école de fraternité et de tolérance, notamment pour les jeunes. Que fait-on pour le cyclotourisme ? Pas grand chose. Pourquoi aussi s’acharner à mettre le naturisme hors-la-loi, alors qu’il est bien vivace, alors qu’il existe partout en Europe ? Ne serait-il pas plus judicieux, et lucratif, de l’intégrer à notre politique touristique ? Que dire de cette confiscation de la plage de Grand Anse encore une fois au profit d’un hôtel de luxe ? Enfin pourquoi cet ostracisme draconien vis à vis de nos voisins en matière de visas ?
Il serait vraiment intéressant de pouvoir comparer la richesse engendrée par le tourisme de luxe et par le tourisme bon marché, toutes dépenses et toutes recettes comprises : subventions, défiscalisations, immobilisations foncières, achats et cadeaux pour les parents et amis, et faire le bilan, il n’est pas sûr qu’il plaide en la faveur des solutions préconisées par Odit France.
Jean-Pierre Espéret
Les Verts-Réunion