En matière d’économie, La Réunion est l’un des départements les plus dynamiques. Le bilan présenté lundi par la Chambre de Métiers et de l’Artisanat confirme cette tendance. L’année dernière, malgré la crise du chikungunya, l’artisanat à continuer à créer des emplois et de nouvelles entreprises. C’est le secteur du bâtiment qui profite le plus de ce dynamisme. Seule ombre au tableau, l’apprentissage a subi un coût d’arrêt en 2006.

Plus d’un millier d’emplois créés

L’artisanat, c’est en chiffres, 34.216 emplois à La Réunion (dont 23.330 salariés et apprentis), soit 16% de la population active ayant un emploi ; 10.886 entreprises et un chiffre d’affaires de 1,270 milliard d’euros. La moitié de ces entreprises en activité emploient ces 23.300 salariés, soit une moyenne de 4 personnes par employeur. Le bâtiment (gros-oeuvre, second-oeuvre, bois, travaux publics), surtout le BTP concentre près de la moitié des emplois de l’artisanat. Viennent ensuite les activités de service (mécaniciens, taxiteurs, ambulancier, coiffeurs) qui occupent 8.365 personnes. Les activités de production (textile, cuir, mobilier, menuiserie, etc) représentent 6.890 emplois, les activités alimentaires, 4.076 emplois. Seul 4% des entreprises ont un effectif supérieur à 10 salariés.
L’Observatoire Economique de l’Artisanat, confirme la hausse de la création d’emplois depuis 2001. « En passant de 32.575 à 34.216, le nombre d’actifs dans le secteur des métiers continue de croître à un rythme soutenu », précise le rapport. En un an, 1.640 emplois ont été créés, soit un taux de croissance de 5%. Observé à la loupe, ce résultat satisfaisant est plus nuancé. « Cette croissance est essentiellement portée par des créations d’emplois non salariés qui ont augmenté sur les 12 derniers mois de 7,5%. Les emplois salariés se sont certes également accrus sur la période, mais à un rythme beaucoup plus modéré (+3,9%). A cette croissance à deux vitesses il faut y ajouter un recul des effectifs d’apprentis qui au final vient tempérer le bon résultat d’ensemble de cette année », écrit le rapport. Cette hausse de la création d’emplois touche toutes les professions artisanales mais la boulangerie, la couture, la coiffure et la photographie sont moins concernés.

Des entreprises plus résistantes

Les emplois ont augmenté et parallèlement la création d’entreprises. La Réunion compte 2038 entreprises nouvelles, soit 195 en plus qu’en 2005, essentiellement dans le secteur du bâtiment (45%), et loin après : les services (25%). Fait remarquable, les entrepreneurs sont plus jeunes (27% ont entre 18 et 30 ans en 2006, contre 6% en 2000). Le rapport de l’observatoire explique cela par « les mesures incitatives de la loi d’orientation pour l’outre-mer de 2001 conjuguées à un taux de chômage élevé chez les jeunes ». A préciser toutefois que dans le même temps 1063 entreprises ont mis la clé sous la porte en 2006. « Les coûts de production jugés élevés, la faiblesse des carnets de commande et les difficultés de trésorerie sont les principaux motifs avancés par les chefs d’entreprise ». De ce fait, le Répertoire des Métiers de la Chambre s’enrichit de 975 entreprises en 2006. Qui sont les porteurs de projet ? A 48% des demandeurs d’emploi, 39% de salariés et autres, et 13% de érémistes.
Les entreprises nouvelles sont chaque année plus nombreuses ; pour la période 2001-2003, environ 1.390 entreprises se déclaraient chaque année, depuis 2004, ce sont 1.860 entreprises en moyenne qui apparaissent. Cet essor est-il momentané, les entreprises arrivent-elles à se maintenir ? D’après l’Observatoire, deux entreprises sur trois passent le cap de trois ans d’activité. Par comparaison, en 1990, 51% d’entre elles se maintenaient. Cependant, les entreprises les plus résistantes sont les ambulanciers les taxiteurs, les mécaniciens, les terrassiers, et bijoutiers. Les plus fragiles ? Les préparateurs de plats à emporter, les plombiers, les peintres, blanchisseurs, photographes et couturiers.

Edith Poulbassia

L’apprentissage en baisse : explications

Comment expliquer ce coût d’arrêt alors que depuis deux ans l’apprentissage avait un rythme de progression de 5% ? Ils étaient 2.556 apprentis l’année dernière, dans le bâtiment (maçonnerie, électricité, etc) et les services (mécanique, soins à la personne, etc) surtout, alors qu’en 2005 les entreprises en accueillaient 2.649. Pour l’Observatoire, cette baisse semble être davantage liée à des problématiques de capacités d’accueil des centres de formation d’apprentis, plutôt qu’à une baisse d’intérêt des professionnels pour ce type de recrutement.
« D’une manière générale, cet allègement affecte principalement les activités de service (-7,5%). C’est le cas en particulier des mécaniciens, et des coiffeurs. Dans l’alimentation, à l’exception du bon résultat des charcutiers, plusieurs sections ont été réduites : boulangeries, pâtisserie. Chez les professionnels du bâtiment, la baisse est globalement plus limitée et concerne surtout les maçons. A contrario de ces tendances négatives, ce sont finalement dans les métiers à dominante production que le nombre d’apprentis a continué à progresser. »

Malgré le chikungunya, l’activité reprend

Fin 2005 et début 2006, l’artisanat est confronté au chikungunya, les entreprises réduisent leur activité. « A partir du second trimestre 2006, le climat de morosité s’estompe. Les affaires reprennent assez nettement au point de terminer l’année avec un supplément de recettes de 75 millions d’euros. » D’où un chiffre d’affaires de 1,27 milliard d’euros.

La micro-région Est de plus en plus attractive

La micro-région Est s’affirme comme de plus en plus attractive. Le territoire devance même le Sud avec 12% de progression du taux d’installation de nouvelles entreprises (9% pour le Sud). « Constat révélateur, ajoute le rapport, la commune de Saint-André (+122 entreprises) fait presque jeu égal avec Saint-Pierre (+131) ». Le Sud reste cependant la zone artisanale avec 4.606 entreprises. Le Nord enregistre une augmentation de 4,6%, la croissance faiblit dans l’Ouest, notamment à Saint-Paul et Trois-Bassins.