CENTENAIRE DU FROID

100 ans... et une bonne conservation

Les journées techniques du froid au Port :

28 octobre 2008

Depuis hier et jusqu’à la fin de la semaine, Le Port est la ville d’accueil des journées techniques organisées pour le Centenaire du froid, une technologie qui n’a cessé d’évoluer depuis un siècle et qui est devenue indispensable aux activités économiques. Ces journées comportent des enjeux de formation, d’emploi et de protection de la planète.

Les rencontres de cette semaine du Centenaire du froid ont commencé hier au pôle de formation régional du CFA du Port. L’organisation en incombe à la Chambre de Métiers et de l’Artisanat et au SYREF, le Syndicat réunionnais des entreprises du froid, avec un partenariat étendu à l’AGEFOS-PME, l’ADEME et le CFA.
Les rencontres ont été prévues sur plusieurs journées, avec ce matin des visites de sites industriels exemplaires, à Technifroid (La Possession) et peut-être la SAPMER, au Port. Les deux journées de mercredi et jeudi seront dédiées à la formation, et pendant toute la journée de vendredi, un colloque sur le froid clôturé par Paul Vergès, président de la Région.
Les tables rondes et ateliers vont se dérouler en présence de Paul Rivet, expert du froid qui fut l’organisateur du Centenaire en France, célébré le 12 juin dernier au Palais de l’UNESCO.
Les journées s’adressent aux professionnels du froid, attendus dans les stands et ateliers du CFA pour des démonstrations. Trois tables rondes sont prévues sur les deux premiers jours : “Déchets et réglementation”, “Formation des salariés du froid” et une initiation sur le thème “Choix et solution en matière de froid”. Lundi et mardi toujours, les partenaires techniques de ces journées présentent une exposition et démonstration de matériel.

Un de nos problèmes de développement, à La Réunion, passe par la maîtrise de l’énergie, liée à la question environnementale de la réduction des gaz à effets de serre. Or, l’expansion “anarchique” d’appareils de climatisation à fluides cryogènes est une réelle difficulté, notre dispositif de collecte n’étant pas encore satisfaisant. Il s’agit de liquides très polluants que l’on sait collecter, mais que l’on ne peut pas exporter (pour des contraintes de transport)... et les possibilités d’enfouissement seront bientôt saturées...
Les professionnels pointent « une faille dans le dispositif législatif », à travers le décret 2007-737 qui laisse encore les appareils chargés en fluides polluants en vente libre pour le grand public, alors qu’ils sont d’accès réglementé pour les professionnels. Un registre en Préfecture reçoit les inscriptions des entreprises manipulant des fluides frigorigènes. Pour l’heure, elles ne sont que 143 inscrites au registre - sur environ 380 entreprises de froid, dont les deux tiers sont des artisans. Mais à partir de juillet prochain, toute entreprise qui n’aura pas l’agrément préfectoral ne pourra plus se procurer de fluides frigorigènes en vente libre. Et aucun particulier n’y aura plus accès non plus : ils seront obligés de s’adresser à des professionnels.

Un autre aspect de la question est l’économie d’énergie : selon les procédés utilisés, la production de froid consomme plus ou moins d’énergie. Les professionnels réunis pour ces journées soutiennent qu’il est possible de faire des gains importants - jusqu’à 20% d’économie - dans la consommation d’énergie en travaillant sur les procédés. La production du froid à partir du “chaud”, et en particulier à partir de l’énergie solaire, serait une des voies d’optimisation poursuivies, dans le but d’étendre les “bonnes pratiques” aussi bien dans le secteur commercial que dans l’industrie.
Le programme 2007-2013 du PRERURE actualisé par la Région va rechercher l’efficacité énergétique et, dans ce cadre, l’activité “froid” et la climatisation sont primordiales pour La Réunion.
Tous les secteurs d’activité liés au bâti et à l’équipement, tant dans le résidentiel que dans le secteur tertiaire, sont concernés par ces questions d’économie d’énergie : pour le résidentiel, les concepts de la construction bioclimatique traditionnelle sont remis au goût du jour et même les bailleurs de locaux commerciaux - telle la SIDR, dans le projet du Mail de l’Océan - ont mis dans leurs objectifs de diviser sensiblement la consommation d’énergie dans les commerces et les services.
Le froid est également indispensable à de nombreux autres secteurs, comme la santé, la recherche médicale ou l’imagerie par résonance magnétique, la domotique et l’équipement et, d’une façon générale, les enjeux énergétiques et le développement durable.

P. David


Charles Tellier, le “père du froid”

Ce que célèbrent cette année les professionnels du froid, c’est la création, en 1908, dans la foulée du 1er Congrès du Froid tenu à Paris, de l’Association Française du Froid (AFF) et de l’association préfigurant l’Institut International du Froid (IIF) qui regroupe aujourd’hui 61 pays.
Le premier Congrès avait soulevé un grand engouement, dans l’effervescence créée par le développement du froid artificiel, dans le dernier tiers du 19ème siècle.
Celui que les scientifiques considèrent comme “le père du froid” est un ingénieur français, Louis Charles Abel Tellier (1828-1913), inventeur du réfrigérateur à compression de vapeur qui remplaça, après 1876, les premiers réfrigérateurs à absorption de vapeur mis au point par l’entrepreneur Ferdinand Carré. En 1876, l’événement qui fit sensation dans le bouillonnant monde des savants fut l’installation d’un réfrigérateur à compression à bord du navire français Le Frigorifique : un trois-mâts à vapeur qui voyagea de Marseille à Buenos Aires avec une cargaison de viande congelée et retourna au Havre un an plus tard. La petite histoire dit que Tellier avait été mis au défi, par un industriel, de faire voyager un gigot en congélation.
Son innovation permit l’exportation vers l’Europe des viandes d’Australie, de Nouvelle-Zélande et d’Amérique du Sud. Ces cargaisons ne pouvaient pas être refroidies par de la glace car les navires à vapeur étaient encore trop lents dans les années 1870. Il fallait plus de 100 jours à un clipper pour traverser l’océan. Une technologie spécifique et une nouvelle machine étaient nécessaires...

(Source : “100 ans au service du développement du froid et de ses applications”, édité en 2008 par l’AFF-IIF)


Deux journées de formation

La formation des salariés du froid est un enjeu important dans une filière en pleine expansion. Les organisateurs des journées techniques ont travaillé avec l’AGEFOS-PME à définir quatre modules de « perfectionnement des techniciens du froid » - deux de 16h et deux de 24h - avec la participation de Paul Rivet.

Module 1 (16h) : Economie d’énergie en réfrigération et solutions techniques.
Module 2 (24h) : Habilitation électrique norme c18510, pour les trois métiers de l’électricité, la plomberie et le froid... plus une vingtaine de métiers complémentaires.
Module 3 (24h) : Soudure brasure, norme et réglementation EN.
Module 4 (16h) : Récupération des fluides frigorigènes et réglementation.

Information et contact : Eric Minatchy, CFA : 0262.42.10.31


Programme du colloque

Le colloque de vendredi aura lieu exceptionnellement à la salle Far-Far, Rivière des Galets, de 8h30 à 15h30.
On y relève la projection d’un court-métrage de 20 mn (à partir de 9h) “Défi pour la terre”. EDF interviendra pendant 40 mn sur “Les enjeux énergétiques”, puis un représentant du CHD traitera la question “froid et santé”. A 11h30, après une animation “sculpture sur glace”, le thème “froid et alimentation” sera traité par visio-conférence.
Après le déjeuner, place à “la météo du futur” puis à un sujet (Opticlim) traité par un technicien de l’ADEME, suivi de Paul Rivet sur le thème “froid et développement durable”.
Vers 15h aura lieu une remise des trophées du froid et le président de Région interviendra pour la clôture de la journée.


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