Après la réponse de l’Union européenne aux manifestations des agriculteurs

2,5 milliards d’aides d’urgence de l’UE depuis 2014 : insuffisant pour acheter la paix sociale dans l’agriculture

24 janvier, par Manuel Marchal

En réponse aux importantes manifestations d’agriculteurs dans plusieurs Etats membres de l’Union européenne, la Commission européenne a publié un rapport de l’UE qui met en exergue le niveau important des mesures d’urgence de 2,5 milliards d’euros allouées aux agriculteurs depuis 2014.
Cette date coïncide avec les premières sanctions de l’Union européenne visant la Russie suite au coup d’État pro-OTAN perpétré en Ukraine.
L’Union européenne a fait le choix de verser des aides pour compenser les pertes de revenus subies par les agriculteurs à la suite de la fin des quotas, de l’ouverture à la concurrence mondiale, de la fermeture du marché russe et des importantes importations venues d’Ukraine.
Les milliards de l’Europe n’ont pas réussi à acheter la paix sociale. Or, les agriculteurs ont un rôle essentiel : ils nourrissent la population.

Dans un communiqué publié à Bruxelles, le 23 janvier 2024, la Commission européenne apporte sa réponse aux importantes manifestations d’agriculteurs qui secouent plusieurs Etats membres de l’UE depuis plusieurs semaines :

« Un nouveau rapport a montré que, du 1er janvier 2014 à la fin de 2023, 63 mesures exceptionnelles d’une valeur de plus de 2,5 milliards d’euros ont été adoptées par la Commission européenne pour soutenir les agriculteurs et les producteurs touchés par une perte de production, une réduction des prix, une augmentation des coûts de production ou une interruption de la chaîne d’approvisionnement.
Ces mesures, qui ont fait preuve d’une solidarité constante de l’UE envers ses agriculteurs, répondent au fait qu’au cours de la dernière décennie, le secteur agricole de l’UE a été confronté à une multitude de crises, notamment les effets de la pandémie de COVID-19, la guerre en Ukraine, les maladies animales, d’importantes perturbations du marché et des phénomènes météorologiques extrêmes ».
« La production agricole est intrinsèquement risquée puisqu’elle dépend des ressources naturelles et des conditions climatiques et qu’elle est influencée par l’évolution du marché, le règlement relatif à l’organisation commune des marchés agricoles (OCM) prévoit l’adoption de mesures exceptionnelles lorsqu’une crise ou une menace de crise survient et qu’une réponse spécifique est nécessaire pour prévenir les perturbations du marché et/ou pour en atténuer les conséquences », indique le communiqué pour qui « le rapport montre que la boîte à outils juridique pour les mesures exceptionnelles de l’OCM, développée par la dernière réforme de la politique agricole commune (PAC), offre la flexibilité nécessaire pour faire face à différents types de crises. Dans l’ensemble, les mesures adoptées se sont avérées efficaces pour aider les agriculteurs et les producteurs de l’UE à faire face à l’impact des crises ».

L’aide sociale ne compense pas le coût des décisions politiques

Les fortes mobilisations des agriculteurs en Europe démontrent l’échec de cette stratégie. Sachant que ses orientations politiques allaient impacter défavorablement l’agriculture, l’Union européenne a choisi de compenser par une aide sociale les pertes compensées par toutes ses décisions.
La fin des quotas, la concurrence internationale et la fermeture du marché russe ont accéléré la crise du modèle productiviste de l’agriculture européenne. En France, c’est le modèle de co-gestion Etat-FNSEA qui a atteint ses limites. L’aide de l’Europe ne suffit plus à compenser le coût des décisions supporté par les agriculteurs.
Les milliards de l’Europe n’ont pas réussi à acheter la paix sociale. Or, les agriculteurs ont un rôle essentiel : ils nourrissent la population.

M.M.

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