Les pays en développement premières victimes de la crise

53 millions de pauvres en plus dans 5 ans

26 avril 2010

La Réunion plus touchée que la France par le chômage : cette ligne de fracture entre pays en développement et pays développé au sein de la République n’est pas isolée. Elle est présente sur la planète entière, entre les pays développés points de départ de la crise et les pays en développement principales victimes de l’aggravation de la situation. Car la crise économique mondiale a ralenti le rythme de réduction de la pauvreté dans les pays en développement et entrave la progression de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), selon un nouveau rapport de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI).

Cette crise a un impact sur plusieurs domaines clés des Objectifs du Millénaire pour le Développement, tels que la faim, la santé maternelle et infantile, l’égalité entre hommes et femmes, l’accès à une eau pure et la lutte contre les maladies, et va continuer à affecter les perspectives de développement à long terme, bien au-delà de 2015, indique le rapport "Global Monitoring Report 2010 : The MDG after the Crisis" rendu public vendredi.
Comme conséquence de cette crise, 53 millions de personnes de plus qu’il n’était prévu vont se retrouver dans la misère d’ici 2015, selon le rapport qui prédit que dans cinq ans, le nombre total de personnes vivant dans la pauvreté extrême pourrait s’élever à 920 millions, ce qui représente une baisse importante par rapport aux 1,8 milliard de personnes vivant dans la misère en 1990.
Sur la base de ces estimations, les pays en développement dans leur ensemble sont toujours sur le point de réaliser le premier OMD consistant à réduire de moitié le niveau de pauvreté extrême de 42% d’ici 2015.

1,2 million d’enfants menacés

L’OMD essentiel consistant à réduire de moitié la proportion des personnes souffrant de la faim entre 1990 et 2015 semble loin d’être atteint, alors que plus d’un milliard de personnes se battent pour satisfaire leurs besoins alimentaires de base, souligne le rapport.
Selon les prévisions de la Banque mondiale, pour la période allant de 2009 à la fin de 2015, environ 1,2 million de décès supplémentaires pourraient survenir chez les enfants de moins de cinq ans pour des causes liées à la crise financière mondiale.
Cependant, ces effets auraient pu être beaucoup plus graves sans les réformes adoptées avant la crise par les pays en développement, ainsi que les actions fortes des pays et des institutions financières internationales pour contrer les effets de la crise.
Les dépenses gouvernementales de sécurité sociale semblent être restées relativement régulières, au moins jusqu’en 2009, et les efforts importants de la Communauté internationale pour limiter la contraction et la contagion économiques ont payé.

388 millions de pauvres dans notre région

« La crise financière a été un choc externe sévère qui a frappé de plein fouet les pays pauvres. Ses effets auraient pu être pires sans de meilleures politiques et institutions mises en place dans les pays en développement ces 15 dernières années », a déclaré le directeur général adjoint du FMI, Murilo Portugal. « Cette crise dans les pays en développement a un impact potentiellement sérieux sur la vie de tous les jours, puisque la marge de sécurité pour tant de personnes est si mince, même dans le meilleur des cas », a-t-il ajouté.
Stimulée par les récentes performances des économies émergentes et la relance du commerce mondial, la croissance du Produit intérieur brut (PIB) dans les pays en développement devrait s’accélérer pour atteindre 6,3 pour cent en 2010 alors qu’elle était de 2,4 pour cent en 2009, selon les nouvelles prévisions du FMI contenues dans le rapport.
En Afrique subsaharienne, où une résurgence de la croissance a contribué à faire passer la misère de 58% en 1990 à 51% en 2005, le nombre de personnes pauvres est quand même passé de 296 millions à 388 millions, selon la même source.
« D’ici 2015, 38 pour cent de la population de cette région va vraisemblablement rester pauvre et l’OMD ne sera pas atteint », ont mis en garde la Banque mondiale et le Fonds monétaire international.


Sommet Banque mondiale-FMI

La fragilité de l’économie mondiale

Le directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, a fait savoir vendredi au siège de l’institution à Washington que malgré sa rapide relance, l’économie mondiale est encore fragile.
« Le danger est encore présent dans le monde et je ne voudrais pas donner à beaucoup de gens l’impression que la crise est révolue », a déclaré le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) aux journalistes en marge du Sommet annuel du FMI et de la Banque mondiale prévu ce week-end à Washington.
Il a identifié les zones à risques tels que « le taux élevé de chômage, surtout dans certaines grandes puissances économiques où il continue d’augmenter, l’endettement public et la fragilité de la relance dans les pays du G-7 et dans d’autres pays développés ».
Il a cependant admis que la coopération au niveau mondial pour faire face à la pire crise économique du monde a porté ses fruits, alors que le FMI prévoit l’année prochaine un taux de croissance de 4,2 pour cent de l’économie mondiale.
Le patron du FMI a plaidé en faveur d’un accord dans trois secteurs clés à réformer avant la fin de l’année, notamment la liquidité et le capital, les moyens pour faire face aux risques du système et la résolution des conflits transfrontaliers.

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