Des produits importés d’Amérique du Sud autorisés à la vente malgré le non-respect de normes visant à protéger la santé du consommateur
Accord UE-MERCOSUR : à quoi servent les normes européennes ?
22 novembre, par
Dans l’alimentation, les normes européennes ont pour but de protéger la santé des consommateurs. C’est l’argument principal des dirigeants européens. Les agriculteurs de l’Union européenne, et donc de La Réunion, travaillent selon ces normes qui font mécaniquement augmenter le coût de production. Mais avec le projet d’ouvrir encore plus le marché européen aux produits agricoles d’Amérique de Sud, les normes européennes ne seront pas respectées par ces importations. Les producteurs de ces pays utilisent des intrants interdits depuis plusieurs années dans l’Union européenne.
L’accord commercial entre l’Union européenne et le MERCOSUR permettra notamment à l’industrie automobile européenne de faire des profits plus importants en Amérique du Sud. L’abaissement des droits de douanes entre ces deux blocs économiques est attendue par de nombreux industriels européens. S’ils pourront profiter de cet accord, les agriculteurs seront pénalisés.
Dans l’Union européenne, et donc à La Réunion, les exportations de produits agricoles en provenance d’Amérique du Sud augmenteront. Cela concerne notamment la viande.
Mais à la différence des éleveurs réunionnais qui doivent appliquer les normes européennes pour vendre, leurs concurrents d’Amérique du Sud pourront vendre sur le même marché sans être obligés d’appliquer ces normes qui augmentent le coût de production. Pour les produits végétaux, le même problème se pose.
En effet, les pays du Mercosur, comme le Brésil et l’Argentine, utilisent des hormones et des pesticides interdits en Europe. Ce constat est largement partagé par des syndicalistes et des responsables politiques. Jean-Luc Angot, inspecteur vétérinaire, a expliqué sur France Culture que les hormones et antibiotiques, censés être thérapeutiques, sont utilisés à faible dose dans le Mercosur pour accélérer la croissance des animaux. En Europe, ces pratiques sont interdites : les hormones depuis 1988 et les antibiotiques comme facteurs de croissance depuis 2006.
Malgré ces interdictions, de la viande aux hormones arrive en Europe. L’UE importe des produits du Brésil et de l’Argentine, mais selon un rapport de la Commission européenne publié en octobre 2024, les garanties sur l’absence d’hormones cancérigènes, comme l’œstradiol 17-bêta, sont insuffisantes.
Par ailleurs, un rapport de 2023 révèle qu’un tiers des substances actives autorisées au Brésil sont interdites en Europe. Une étude de 2020 a détecté des résidus de pesticides bannis dans 12 % des aliments exportés du Brésil vers l’UE, touchant notamment le riz, les pommes et les haricots. Certains de ces pesticides proviennent de France, où ils sont pourtant interdits.
C’est pourquoi cet accord interroge sur les normes européennes. Selon les dirigeants européens, ces normes visent à protéger la santé des consommateurs. C’est l’argument principal.
Mais ces normes ne s’appliquent pas pour des importations de produits agricoles qui sont vendus en Europe et qui ont un coût de production moins élevé, notamment du fait de la non-application des normes européennes.
Pour satisfaire les intérêts de l’industrie, l’Union européenne démontre que ses normes sont à géométrie variable.
M.M.