Crise économique

Agir pour un développement durable

7 mars 2009

La France est en récession. La fourchette retenue devrait être comprise entre –1% et –1,5%, indique-t-on de sources gouvernementales. Le déficit budgétaire devrait quasiment doubler pour s’approcher des 100 milliards d’euros. Bruxelles a enclenché la semaine dernière une procédure pour déficits excessifs contre Paris. Christine Lagarde, Ministre de l’Économie, a estimé que « la France devrait détruire 300.000 emplois en 2009 ». Or, le PIB de notre île repose en grande partie sur les transferts émanant d’un pays en pleine crise. Le poids de l’emploi public et des commandes publiques est considérable, montrant la faillite du secteur privé dans l’économie. Le modèle de développement actuel a atteint ses limites et cela rappelle l’urgence d’agir dès maintenant en soumettant des projets allant dans le sens d’un développement durable.

La récession serait donc au moins aussi forte qu’en 1975 (–1%). « La crise va être longue, le redémarrage sera modeste », précise le gouvernement. L’endettement public, déjà très élevé, est en train d’exploser, comme le redoutait le premier président de la Cour des Comptes, Philippe Séguin. Initialement fixé à 52,1 milliards d’euros, le déficit budgétaire devrait quasiment doubler pour s’approcher des 100 milliards d’euros. Le déficit public grimperait de 3,2% à 5,5% du PIB.

Bruxelles a enclenché la semaine dernière une procédure pour déficits excessifs contre Paris, aux côtés de cinq autres pays européens, pour le dérapage de leurs comptes publics au-delà de la limite de 3% du PIB tolérée par le Pacte de stabilité européen. (Voir graphique “Évolution du déficit budgétaire”).
Il faut aujourd’hui s’attendre à plus de 300.000 chômeurs supplémentaires en France en 2009. Tel est le pronostic du président de l’assurance-chômage, Geoffroy Roux de Bézieux.
Le Premier ministre François Fillon a confirmé ces prévisions annoncées également par Christine Lagarde.
Enfin, le Premier ministre n’a pas souhaité dater la reprise, avouant que « personne n’a d’idée du calendrier de sortie de crise ».

40% de notre PIB vient directement d’un pays en pleine crise

À La Réunion, selon les chiffres de l’I.E.D.O.M., le solde net des transferts publics, c’est-à-dire le solde des recettes et des dépenses de l’État, plus le solde des recettes et des dépenses des organismes sociaux représente environ 40% du PIB Régional, et cela depuis plus de dix ans.
Cela signifie que notre économie est dépendante de ce flux financier. Or, la tendance est très nettement au ralentissement :
En moyenne, depuis 10 ans, le solde des transferts publics augmente de 6,5% par an. Mais cette moyenne masque une évolution très contrastée. Au cours de la période allant de 1997 à 2002, le solde global des transferts publics a progressé de 8,4% par an, alors que de 2003 à fin 2007, cette progression n’était plus que de 1,6% par an.
Les transferts publics ont augmenté moins vite que l’inflation. Autrement dit, ils ont diminué en euros constants. Avec la crise que traverse la France actuellement, les baisses observées ces dernières années des flux financiers devraient se prolonger.

Aujourd’hui, 85% du PIB proviennent du secteur tertiaire à La Réunion. Cette répartition sectorielle est considérable à La Réunion et dans les DOM en général. Le poids de l’emploi public dans le total est de l’ordre de 46% en moyenne dans les DOM. (Voir graphique “Le poids de l’emploi public dans les DOM”).

Le poids des commandes publiques

A ce poids du secteur public s’ajoute le poids des commandes publiques. En effet, un nombre important d’emplois dans le secteur privé n’est possible que grâce aux commandes publiques. Par exemple, la route des Tamarins a créé près de 1.500 emplois directs et 1.500 emplois indirects. Ce qui représente près de 3.000 emplois uniquement pour ce chantier. L’article du “Quotidien” du 2 mars 2009 nous indique que l’annulation de plusieurs grands chantiers représente un manque à gagner important pour l’économie estimé à près de 500 millions d’euros qui représente un nombre d’emplois considérable.
Sans les commandes publiques, l’économie réunionnaise serait davantage en difficulté. On peut donc s’interroger sur le rôle du secteur privé dans l’économie. Alors que ce secteur bénéficie de nombreuses mesures avantageuses (exonération de charges…), son poids reste relativement faible. Le secteur privé réunionnais a abdiqué sur son rôle historique.
A côté du poids important du secteur public en termes d’emplois, les commandes publiques contribuent également à l’emploi dans le secteur privé. L’emploi public (direct et indirect à travers les commandes publiques) représente donc un poids considérable dans l’économie, ce qui montre la faillite des détenteurs du capital.
Les flux financiers liés aux transferts doivent rester dans la sphère économique locale et être utilisés afin de créer des emplois pérennes. Or, actuellement, ces sommes repartent vers l’extérieur à travers notamment la consommation de produits importés qui vient creuser le déficit de notre balance commerciale déjà de 4 milliards d’euros.
Le 5 mars, 35.000 personnes étaient dans la rue. La Réunion s’est massivement mobilisée à l’appel du COSPAR, l’urgence est maintenant d’ouvrir des négociations pour faire avancer les 62 revendications pour améliorer la situation des Réunionnais, et en particulier des plus démunis. Le modèle de développement actuel a atteint ses limites et cela rappelle l’urgence d’agir dès maintenant en soumettant des projets allant dans le sens d’un développement durable.

Risham Badroudine

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