Le Congrès Légumes de France a fait étape au Marché de gros de Saint-Pierre. Cette séquence a permis aux invités extérieurs de découvrir la réalité vécue par la majorité des producteurs de légumes de La Réunion : un modèle qui fonctionne sans subvention, qui a créé 3500 emplois et qui échappe au contrôle des sociétés coopératives et de la grande distribution. C’est le travail de ces indépendants qui est caché lors des visites officielles, qui limite l’horizon à celui des coopératives jusqu’à aller à la caricature comme lors du séjour du président de la République à La Réunion.
Le programme de la dernière visite officielle du président de la République a été fidèle à une constante : une séquence dans une exploitation agricole. Comme d’habitude, c’est un professionnel ayant droit aux aides qui a été visité, ce qui signifie qu’il est membre d’une coopérative. Le temps fort du volet agricole du séjour d’Emmanuel Macron a suivi, c’était un pique nique organisé par les coopératives.
Ce choix laisse dans l’ombre la majorité des producteurs réunionnais, car seulement 30 % des agriculteurs sont dans une coopérative, et ont donc droit aux aides. Pour près de 70 % d’entre eux, l’accès à ces subventions est impossible. Malgré tout, un modèle arrive à fonctionner sans ces aides à La Réunion, il s’organise autour du Marché de gros de Saint-Pierre.
La Réunion dénombre environ 2.700 producteurs de légumes, dont seulement 500 sont affiliés à une des neuf organisations de producteurs recensées. Un tiers des maraîchers se déplacent au Marché de gros qui constitue leur principal mode de commercialisation. Dans ce lieu, ils peuvent être en contact avec 400 acheteurs venus de toute l’île. Près de 30 % de la production légumière de La Réunion transite par le marché de gros, tandis que la majorité des ventes s’effectuent selon un circuit court, avec tout au plus un seul intermédiaire.
3500 emplois créés
Dans cette filière, le Marché de gros a donc un rôle de centrale d’achats. Il alimente également un réseau de petits commerçants, ce qui contribue à la lutte contre le monopole des quelques groupes qui contrôlent la grande distribution à La Réunion. Une grande distribution dont les marges excessives à La Réunion ont été pointées du doigt par un rapport fait pour l’Observatoire des prix des marges et des revenus.
Le Marché de gros contribue donc à réduire les intermédiaires et favorise les circuits courts, ce qui est un moyen de lutter contre la vie chère. C’est une SEM qui fonctionne sur fonds propres découlant de son activité, sans subvention. Les agriculteurs de la SEM, produisent sans subvention et vivent de leur activité. C’est le cas pour 80 % de la filière fruits et légumes. La SEM représente 3500 emplois directs.
Contrairement aux filières canne, viande ou lait, où le producteur est prisonnier des choix d’une coopérative qui lui fournit ses intrants, et d’un unique distributeur, le modèle mis en œuvre au Marché de gros permet à l’agriculteur de maîtriser ces coûts et de vendre au juste prix.
L’agriculture réelle de La Réunion
L’intégration du Marché de gros dans le programme du Congrès Légumes de France ne pouvait être évité. Elle a donc permis de donner un coup de projecteur sur la réalité de l’agriculture réunionnaise, avec une majorité d’agriculteurs qui travaillent sans toucher de subventions et qui arrivent à vivre de la vente de leurs produits.
Mais aussi vertueux que soit ce modèle, il est fragilisé. Tout comme les autres producteurs de légumes, ceux qui livrent au Marché de gros doivent faire face à la concurrence des importations. Ainsi, de l’ail de Chine ou des carottes d’Australie sont vendues à des prix inférieurs. Cette situation ne risque pas de s’améliorer avec la signature par l’Union européenne d’accord commerciaux engageant La Réunion, ce qui se traduit par l’ouverture de son marché à des marchandises concurrençant directement la production réunionnaise. Parmi les produits importés d’Europe par exemple, il est clair qu’ils émanent de structures qui touchent des aides publiques.
De plus, ces agriculteurs sont également la cible de la concurrence des produits émanant des coopératives. Ces dernières bénéficient d’aides publiques ce qui contribue à baisser le prix de leurs produits.
Concurrence faussée
Ceci rappelle la véritable nature d’un système qui promeut soi-disant « la concurrence libre et non faussée ». Les règles qui s’appliquent en effet dans ce secteur ne placent pas tous les producteurs à égalité. Ceux qui prennent le risque de choisir un mode de commercialisation proche du consommateur sont pénalisés, alors que pourtant les circuits courts doivent être privilégiés si on considère qu’ils contribuent à réduire les émissions de gaz à effet de serre responsables du changement climatique. Ceci démontre donc que le mythe de « la concurrence libre et non faussée » appliquée à La Réunion contribue à accentuer la domination d’un groupe à la tête des coopératives sur ceux qui tentent de promouvoir un modèle plus vertueux.
Faire évoluer les règles
Une remise à plat est donc plus que souhaitable, afin de donner la possibilité à ce modèle de se développer. Cela suppose tout d’abord de défendre les intérêts des agriculteurs réunionnais dans les négociations d’accords commerciaux. Pour cela, il est nécessaire que les Réunionnais disposent de la compétence nécessaire pour participer à ces discussions qui décident de leur avenir. C’est notamment le sens d’une proposition du PCR : la création d’une collectivité réunionnaise dotée de larges compétences, dont celle de la négociation des accords commerciaux.
Cela doit également amener une évolution des règles, où le modèle privilégiant les circuits courts doit avoir droit à un soutien public qui est pour le moment exclusivement acquis au modèle des sociétés coopératives dominant à La Réunion.
Or, c’est dans le modèle organisé autour du Marché de gros que se trouve la réalité de l’agriculture réunionnaise, majoritairement constituée de producteurs indépendants des coopératives. Ce modèle s’est créé ici et il fonctionne. Mais cela déplaît fortement à ceux qui ont les moyens de peser sur l’organisation d’une visite ministérielle ou présidentielle. Il est donc grand temps que Paris ouvre les yeux et prenne pleinement en considération les atouts de ce modèle d’avenir, car respectueux des orientations de l’Accord de Paris sur le climat.
Voir les tb émissions sur France Inter (Fréquence = 98,8 M Hz sur St Denis et alentours) comme : La Terre au carré, CO2 mon amour, Grand bien vous fasse, et vous comprendrez-mieux, que des personnes osent, parlent créées des initiatives que l’on pourrait faire ici, sur la Réunion, voilà ma humble participation au changement positif que l’on doit faire, pour notre avenir, c’est tout. Arthur, bon WE à zot.
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23 novembre 2019, 14:48, par Arthur
Voir les tb émissions sur France Inter (Fréquence = 98,8 M Hz sur St Denis et alentours) comme : La Terre au carré, CO2 mon amour, Grand bien vous fasse, et vous comprendrez-mieux, que des personnes osent, parlent créées des initiatives que l’on pourrait faire ici, sur la Réunion, voilà ma humble participation au changement positif que l’on doit faire, pour notre avenir, c’est tout. Arthur, bon WE à zot.