Maurice

Air Mauritius touché de plein fouet par la crise

9 janvier 2009, par Risham Badroudine

La compagnie mauricienne de transport aérien, Air Mauritius, est particulièrement préoccupée par la situation jugée « alarmante » de ses finances, soulignant que les résultats pour l’année financière, qui se termine en mars prochain, seront affectés de manière significative.

« La situation financière est pire que prévue initialement », a indiqué la compagnie dans un communiqué publié vendredi dernier à l’issue de la réunion de son Conseil d’administration.
Celle-ci a notamment étudié l’impact croissant du prix du carburant sur le profil de couverture de la compagnie et la baisse de la demande internationale au niveau du transport aérien.

De grosse perte sur les carburants

Selon la compagnie, la situation s’est détériorée avec la montée du prix du pétrole qui a atteint un moment 140 dollars le baril, alors que des experts internationaux avaient prévu que ce prix atteindrait les 200 dollars à la fin de 2008.
A la lumière de ces prévisions, la compagnie a augmenté son ratio de couverture à 80% pour ses besoins en carburant pour les années financières 2008/2009 et 2009/2010 à un prix moyen de 105 dollars le baril.
Or, le prix du baril de pétrole est descendu à 35 dollars.
« La menace était telle que la compagnie a dû approcher le gouvernement, son principal actionnaire, pour une garantie financière de 100 dollars par baril de pétrole. Une garantie qui n’est ni un prêt, ni une injection de capital dans la compagnie », a précisé Air Mauritius.

Fréquentation en baisse

De plus, avec la crise actuelle, la fréquentation touristique s’est ralentie. Cette tendance s’est amorcée depuis le dernier trimestre 2008. Selon nos confrères du "Defi Media", en novembre, période de pointe, Maurice a enregistré une baisse de 2,4% des arrivées. Celles de Grande-Bretagne ont chuté par 15,8%, des Pays-Bas par 17,9%, de la Suède par 18,6%. Par conséquent, certaines lignes aériennes ont décidé d’abandonner temporairement la desserte mauricienne. À l’image de LTU en octobre, Air Europe en décembre, TuiNordic en mars 2009 et Virgin en avril 2009. Comair pourrait leur emboîter le pas. La baisse de recettes complique la situation au sein de la compagnie aérienne nationale. Elle vient se greffer sur le coût élevé du carburant et la fluctuation désavantageuse du cours de devises étrangères.

Assurer la survie

Pour empêcher qu’Air Mauritius ne pique du nez, un plan de sauvetage est en préparation. Ce plan de rigueur absolue sera mis en application début 2009 et vise à réduire au maximum les coûts, à tous les échelons de la compagnie.
Aucun licenciement n’est envisagé par la Direction, bien que la conjoncture 2009 pourrait exiger une diminution du personnel. Dans son rapport sur la restructuration, le consultant Mc Kinsey avait recommandé la diminution d’au moins 500 employés. Selon le rapport, si en 2009 les arrivées baissaient de façon brutale, la compagnie se trouverait dans l’obligation de mettre pilotes et membres du personnel navigant au chômage technique. Car la compagnie réduira au maximum ses destinations et les fréquences des dessertes. Un aller-retour long-courrier coûte à la compagnie la bagatelle de 10 millions de roupies. Ainsi, dans le pire scénario, Air Mauritius clouera des avions au sol.
Avec la baisse de la consommation en Europe et aux États-Unis, Air Mauritius prévoit également une baisse sensible des recettes du département cargo en 2009. Déjà en 2008, nombre d’usines souffraient d’une baisse sensible de leurs commandes, provoquant des licenciements et même l’arrêt de leurs opérations.
Les difficultés rencontrées par Air Mauritius sont générales à toutes les compagnies aériennes dans cette période de crise. Pour la fin de l’année 2008, l’association du transport aérien international enregistre une baisse de 4,6% du trafic passager dans le monde.

Risham Badroudine


Heureusement qu’Air Mauritius n’a pas écouté Coll’Air !

Récemment, Coll’Air avait mené une campagne pour faire baisser le prix du billet d’avion entre La Réunion et Maurice. Dans son argumentation, Coll’Air constatait que les Mauriciens payaient le vol moins cher que les Réunionnais, et demandait donc que l’alignement par le bas.
L’article ci-dessus rappelle clairement les très graves difficultés que traverse Air Mauritius. Il précise que d’ores et déjà, 500 emplois sont menacés. Nul doute que si Air Mauritius avait suivi les conseils de Coll’Air, sa chute serait encore plus rapide, accélérant la marche vers le licenciement de centaines de travailleurs.


Transport aérien : les compagnies aériennes dans la tourmente

L’Association du transport aérien international (IATA) vient de publier les résultats de trafic pour le mois de novembre/décembre. Ceux-ci affichent une baisse du trafic passager international de 4,6%. Les compagnies d’Asie-Pacifique sont particulièrement impactées par la crise.

Les compagnies aériennes d’Asie-Pacifique ne sont pas à la fête, selon le dernier communiqué d’IATA.
Ce sont celles qui font face au plus difficile environnement opérationnel, avec une baisse de 9,7% en novembre, qui fait suite à une contraction de 6,1% en octobre. La région est aussi celle qui a connu les baisses de capacité les plus agressives, de 5,1%.
Tandis que le trafic a rebondi en Chine après les Jeux Olympiques, les voyages à destination et au départ des marchés internationaux continuent de décliner, reflétant la faiblesse du commerce mondial et la confiance des consommateurs. Les compagnies aériennes d’Amérique du Nord ont connu une baisse du trafic international de 4,8% - la seconde plus importante baisse parmi toutes les régions. Jusqu’en août, les compagnies aériennes de la région avaient déplacé la capacité vers les marchés internationaux.

De lourdes pertes

Après l’écroulement du secteur bancaire d’investissement et les réductions conséquentes des voyages d’affaires qui se sont ensuivis, le trafic nord-atlantique s’est effondré. Les compagnies aériennes ont commencé à baisser leur capacité à l’international de 0,8% en novembre (après une croissance de 0,4% en octobre). En Europe, les transporteurs aériens ont connu une chute de trafic de 3,4%, car tous les principaux marchés de la région (intra-européens, nord-atlantiques et asiatiques) se sont effondrés.
Les marchés émergeants les plus petits s’en sont mieux sortis. Les compagnies aériennes africaines ont connu une baisse de 1,6% du trafic. Ceci constitue une nette amélioration par rapport à celle de 12,9% reportée en octobre, et résulte du renforcement du trafic à l’intérieur de l’Afrique.
Au Moyen-Orient, on a enregistré une croissance de 5,6%, en hausse par rapport à celle de 3,5% d’octobre. Mais on est loin de la croissance à deux chiffres qui caractérisait la région avant la crise financière actuelle.
La tendance est aussi baissière en Amérique Latine avec une légère baisse de la croissance, de 3,3% (en comparaison avec celle de 4,5% en octobre), poussée par la croissance économique positive de la région, qui ralentit toutefois.
« La baisse de capacité de 1,0% sur les marchés internationaux en novembre n’a pas pu contrecarrer la chute de la demande de 4,6%. Nous prévoyons de lourdes pertes pour l’année 2009 », regrette Giovanni Bisignani, président d’IATA.

R.B


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