Crise économique mondiale

Amnesty International : « Ce n’est pas simplement une crise économique, c’est une crise des droits humains »

30 mai 2009, par Risham Badroudine

La récession économique a entraîné une « crise des droits de l’Homme » qui a placé le monde « sur une poudrière d’inégalités », estime Amnesty International dans son rapport annuel. Amnesty dresse un sombre bilan des violations des droits de l’Homme dans le monde, aggravés par la crise économique, et appelle les dirigeants, notamment ceux du G20, à « investir dans les droits humains avec autant de détermination que dans la croissance économique ». La crise économique actuelle est l’occasion de repenser totalement l’économie mondiale. Elaborer un modèle capable de satisfaire les intérêts des 2/3 de la société mondiale. C’est le modèle économique actuel dans sa globalité qu’il faut revoir.

« Ce n’est pas simplement une crise économique, c’est une crise des droits humains », selon Amnesty. « Il y a des problèmes sociaux, politiques et économiques qui ont été aggravés par la crise économique, c’est comme une bombe à retardement ».
« Ces dernières années, on a vu que les questions de sécurité avaient sapé les droits humains.
Aujourd’hui, avec la crise économique, ces droits se retrouvent mis en veilleuse », déplore l’organisation.
En Afrique, la crise alimentaire a « eu un impact disproportionné sur les populations vulnérables », note le rapport. Elle a entraîné sur tout le continent des manifestations qui ont souvent été durement réprimées, notamment en Tunisie, au Zimbabwe, au Cameroun ou au Mozambique
Dans son rapport 2009, l’organisation constate que les violations des droits de l’Homme ont augmenté avec la crise alimentaire, l’an dernier, quand de nombreux gouvernements ont brutalement réprimé les manifestations contre les hausses des prix des produits de première nécessité. La crise commençant à toucher le continent, de telles manifestations « vont probablement continuer », selon le rapport.
« Avec la crise économique qui affecte de plus en plus les populations en Afrique, nous redoutons qu’un grand nombre de gens tombent de nouveau dans la pauvreté et que ceux qui vivent déjà en marge endurent des difficultés croissantes », a déclaré le directeur d’Amnesty pour l’Afrique, Erwin van der Borght.
Durant le premier semestre 2008, de grandes manifestations populaires contre l’inflation avaient secoué plusieurs pays africains. Elles « avaient souvent dégénéré en violences du fait du ressentiment alimenté par les attitudes répressives des gouvernements », fait valoir l’organisation internationale de défense des droits de l’Homme.
« Les forces de sécurité ont blessé et ont tué de nombreuses personnes qui revendiquaient le droit à un niveau de vie décent, y compris le droit à l’alimentation », poursuivent les auteurs du rapport.
Au Cameroun, les forces de sécurité ont tué une centaine de personnes pendant les manifestations de février 2008, affirme Amnesty. « Quelques-unes ont apparemment été tuées d’une balle dans la tête tirée à bout portant », selon le texte.
En réaction à la grave crise alimentaire, des manifestations de colère avaient également eu lieu au Bénin, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Guinée, au Mali, au Mozambique, au Sénégal, en Somalie ou encore au Zimbabwe.
« Avec la crise économique actuelle, cela peut recommencer, voire s’aggraver dans les mois et les années qui viennent », redoute M. Van der Borght.
Un monde inégal
Dans ce document de plus de 400 pages, Amnesty dresse un sombre bilan des violations des droits de l’Homme dans le monde, aggravés par la crise économique, et appelle les dirigeants, notamment ceux du G20, à « investir dans les droits humains avec autant de détermination que dans la croissance économique ». « De fait, nous sommes assis sur une poudrière d’inégalités, d’injustice et d’insécurité qui est sur le point d’exploser », écrit dans le préambule Irene Khan, la secrétaire générale de l’organisation.
La crise économique actuelle est l’occasion de repenser totalement l’économie mondiale. Elaborer un modèle capable de satisfaire les intérêts des 2/3 de la société mondiale si le monde veut réellement sortir de la crise qui persiste. Relancer l’économie en faveur des satisfactions des plus pauvres et de la grande masse. C’est le modèle économique actuel dans sa globalité qu’il faut revoir. Cette crise n’est-elle pas finalement la crise d’un modèle ? Ce modèle qui met également en péril la pérennité écologique de la planète.

Risham Badroudine


Amnesty International salue la décision de Barack Obama de fermer la prison de Guantanamo

Aux Etats-Unis, Amnesty salue la décision du nouveau président Barack Obama de fermer la prison de Guantanamo et de briguer un siège au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU. Mais « il est trop tôt pour savoir si le gouvernement américain saura faire pression sur des pays comme l’Israël pour qu’ils respectent les droits fondamentaux de la personne — comme il le fait sur d’autres Etats, tels l’Iran et le Soudan ».

R.B


La France épinglée

La France est à plusieurs reprises montrée du doigt dans le rapport 2009 d’Amnesty international qui dresse le bilan des droits de l’Homme dans le monde. L’organisation internationale s’alarme notamment de « mauvais traitements » dont des forces de l’ordre se seraient « rendus coupables ». Les procédures françaises d’enquête après des mauvais traitements par les forces de l’ordre « ne sont pas menées de façon conforme aux normes internationales, ce qui se traduit par une impunité de fait », accuse Amnesty International (AI) dans son rapport 2009. Amnesty cite notamment le cas de la mort d’Abdelhakim Ajmi dont l’autopsie a révélé qu’il avait succombé à une asphyxie provoquée par les méthodes d’immobilisation utilisées par les policiers. Le jeune homme, décédé le 9 mai 2008 à Grasse, voulait apparemment « retirer de l’argent » à sa banque, explique l’association.


Amnesty dénonce la situation des centres de rétention pour les migrants à Mayotte

Amnesty dénonce également la situation dans les centres de rétention pour les migrants en situation irrégulière et les demandeurs d’asile. Elle cite notamment « l’entassement », « l’insuffisance des installations sanitaires, de la nourriture et des soins médicaux ». L’association cite en exemple la vidéo publiée sur le centre de rétention de Mayotte.
D’un point de vue législatif, le rapport 2009 d’Amnesty pointe du doigt la loi sur la rétention de sûreté adoptée par le Parlement en février 2008. L’organisation considère que ce texte « autorise une prolongation indéfinie de la peine de privation de liberté, de l’interdiction de la détention arbitraire et du principe de présomption d’innocence ».

R.B

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