UE - ACP

APE : Des pays africains disent non

6 juin 2009, par Risham Badroudine

L’Union Européenne fait actuellement pression sur les pays africains pour que ces derniers signent les APE (Accords de Partenariat Economique). Ces Accords seraient catastrophiques pour la plupart des pays. « L’Europe peut continuer à toujours rêver. Le 29 juin prochain, il n’y aura pas de signature permettant la concrétisation des accords de partenariat économique (Ape) avec l’Afrique », selon la société civile. La centrale syndicale sud-africaine COSATU va même jusqu’à dénoncer l’impérialisme de Bruxelles.

Les pays africains subissent une pression très forte de la part de l’Union Européenne et sont menacés de représailles si elles refusent de signer les APE. Cependant, ils sont de plus en plus nombreux à penser qu’il n’est pas réaliste de conclure ces APE dans l’état. Les discussions sont très vives. La plupart des pays ACP disent non aux accords proposés par l’Union Européenne afin d’instaurer le libre-échange. C’est particulièrement le cas en Afrique de l’Ouest où le Nigeria déclare qu’il n’est pas prêt à signer.

Les économies africaines ne sont pas compétitives dans le commerce international et parfois sur leur propre marché. Cette situation risque de s’aggraver avec les APE qui seront à l’origine d’une déferlante de produits européens, moins chers et souvent de meilleure qualité, sur les marchés de ces pays, mais également instaureront une concurrence entre Etats africains.
Des exemples subsistent : en 2004, les exportations européennes de volailles avaient été catastrophiques pour les producteurs en Afrique de l’Ouest. On risque de se retrouver dans une situation similaire dans plusieurs secteurs.
Il n’y aura pas de signature à la date fatidique du 29 juin, selon les acteurs de la société civile qui se réjouissent de la remise en cause par plusieurs pays d’Afrique (Ghana, Afrique du Sud…), une information rapportée dans le quotidien “Les Afriques”.

« Il n’y aura pas de signature… »

« L’Europe peut continuer à toujours rêver. Le 29 juin prochain, il n’y aura pas de signature permettant la concrétisation des Accords de partenariat économique (APE) avec l’Afrique ».
C’est la conviction des organismes membres de la Plateforme des acteurs non étatiques qui ont planché sur la problématique durant leur “Atelier de mise à niveau et de positionnement sur le tournant final des négociations UE/ACP sur les APE”. Pour Ousmane Sy Ndiaye de l’Union nationale des commerçants du Sénégal (Unacois/Jappo), il y a des préalables que l’Union Européenne doit obligatoirement remplir avant de penser à sceller de tels accords. Selon lui, la mise en place et le démarrage effectif du Programme APE pour l’Afrique (Paped) est l’une des exigences des dernières négociations avec l’UE qui s’était engagée à verser 34 milliards de Francs CFA aux Etats africains pour continuer la réflexion et gérer la période des 5 ans devant impulser le démarrage des accords. C’est l’avis aussi de Marième Coulibaly, membre du Conseil national du patronat sénégalais (Cnp), pour qui la remise en question de l’accord déjà signé par le Ghana, par le nouveau président, constitue une chance à saisir par les pays africains non signataires. Elle a demandé à la Côte d’Ivoire de renoncer à la signature, comme le recommande la Cedeao qui donne une période de 6 mois pour sceller ledit accord rapporté au quotidien “Les Afriques”.
L’Europe essaie de diviser les pays afin d’aboutir à une signature.
L’Afrique du Sud reproche à l’UE de chercher à scinder le groupe en allant chercher un accord séparé avec le Botswana, le Lesotho, la Namibie et le Swaziland.
La centrale syndicale sud-africaine COSATU va même jusqu’à dénoncer l’impérialisme de Bruxelles.

Les APE constituent un des enjeux majeurs des élections européennes. Ces accords forment une menace pour l’Outre-mer et La Réunion en particulier. Les produits des pays ACP pourront entrer à La Réunion sans droit de douane et entreront en concurrence directe avec les produits réunionnais. Rappelons que les pays ACP ont des coûts de production nettement inférieurs au coût de production à La Réunion. Ce qui va mettre en difficulté bon nombre d’entreprises et de producteurs réunionnais.
Il faut donc anticiper en définissant un projet régional de co-développement où aucun pays ne sera perdant. Le co-développement est aujourd’hui la meilleure des solutions.

Risham Badroudine

MondialisationSpécial 50 ans du PCR

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