Appels à la reprise des négociations de l’OMC

APE : nouvelle accélération du calendrier

12 juin 2009, par Manuel Marchal

Le premier grand rendez-vous concernant le partenariat entre La Réunion et l’Europe, ce sont les Accords de partenariat économique (APE). Le calendrier s’accélère pour que l’Organisation mondiale du Commerce arrive rapidement à un accord, qui entrainera sa déclinaison sous forme d’APE. La cheville ouvrière de cette accélération du calendrier, c’est le socialiste Pascal Lamy, directeur de l’OMC.

Depuis 2001 se déroulent au niveau de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), des discussions qui concernent toutes les entreprises réunionnaises qui produisent des biens. Cela implique de nombreux secteurs de notre économie, et en particulier les entreprises agricoles dirigées par les planteurs.
Ces discussions s’appellent le Cycle de Doha. Leur objectif est d’arriver à la signature d’un accord par tous les pays qui adhèrent à l’OMC. A partir de cet accord seront déclinées les nouvelles règles du commerce mondial.
Au début de la semaine, les Groupe de Cairns était réuni à Bali en Indonésie en compagnie de Pascal Lamy, directeur socialiste de l’OMC. Le Groupe de Cairns regroupe 19 Etats qui tirent une grande partie de leur richesse des exportations de produits. Parmi eux se trouvent le premier producteur mondial de sucre et de cannes, le Brésil. Du fait d’un coût de production bien plus faible que l’Europe et La Réunion, ces pays ont intérêt à peser pour que l’Europe ouvre son marché agricole. Ils militent donc dans ce sens auprès de l’OMC, afin que l’Europe mette fin aux subventions et aux taxes douanières.
L’an dernier, les discussions du Cycle de Doha avait bloqué sur un point de divergence entre l’Inde et les USA, alors que le point actant le démantèlement de la quasi-totalité des subventions par l’Europe avait été acquis.

Accord de l’Inde et des États-Unis

Les négociations avaient échoué suite au rejet par les Etats-Unis de l’exigence posée par l’Inde, soutenue par les pays en développement, de la création d’un mécanisme de sauvergarde spécial destiné à protéger les paysans des pays en développement en cas d’augmentation brutale des flux d’importations de produits agricoles stratégiques.
Depuis cette date, l’Inde et les USA ont connu des élections générales qui ont débouché sur la reconduction de la majorité parlementaire en Inde, et sur l’arrivée à la Maison Blanche de Barack Obama.
Le Groupe de Cairns demande une réunion le plus tôt possible, si possible avant juillet à Genève pour relancer les négociations. Quant aux Etats-Unis et à l’Inde, ils sont d’accord pour revenir autour de la table.
Ces faits ne peuvent que réjouir le directeur de l’OMC, Pascal Lamy. Ce dernier mise sur un accord général avant la fin de l’année prochaine. Citant les délégués indiens et américains, Pascal Lamy a déclaré que « Ron Kirk et Anand Sharma ont donné des signaux clairs qu’ils veulent que les choses aillent à leur terme, ce que nous n’avions pas jusqu’à présent ». Selon l’ancien directeur de cabinet de Jacques Delors à la Commission européenne,
80% du travail a été fait jusqu’à présent. Restent à régler des questions sur les droits de douane et l’accès aux marchés.
Pour les producteurs réunionnais, cette accélération du calendrier signifie que la question des APE va se poser plus tôt que prévu. C’est à partir des règles issues des discussions de l’OMC que seront définies celles des APE.

Promouvoir le co-développement

L’orientation de la direction de l’OMC est claire : c’est la "concurrence libre et non faussée", c’est-à-dire l’élimination des subventions et des protections douanières. Cela veut dire que pour être conforme aux règles de l’OMC, les APE signés par l’Union européenne avec nos voisins devront respecter une orientation ultralibérale.
Cela signifie deux choses essentielles. Tout d’abord, il est plus que jamais urgent que l’Europe écoute La Réunion pour ne pas signer un accord qui signifierait la ruine de pans entiers de notre économie, comme cela s’est passé pour le géranium. Pour cette raison, l’élection d’Elie Hoarau, député au Parlement européen, est un signal fort. Car dans l’océan Indien, c’est un représentant qui est issu des organisations locales qui a été élu.
Ensuite, il est essentiel que dans la région s’opère un rassemblement autour d’un projet alternatif, le co-développement. Car l’objectif du libre-échange n’est pas le développement de notre région. C’est au contraire le maintien de nos pays dans le rôle de fournisseurs concurrents de produits à bas prix au profit de l’industrie des pays riches. Alternative crédible à ce libre échange destructeur, le co-développement met en avant nos complémentarité pour contribuer ensemble à la construction d’un projet commun.

Manuel Marchal

Mondialisation

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