La Chronique économique

Après l’Asie... l’Afrique ?

27 juillet 2006, par Risham Badroudine

D’ici 2050, l’Afrique comptera 1,9 milliards d’habitants si la progression démographique est maîtrisée et 3 milliards dans le cas contraire selon les Nations Unies. Le continent devra faire face à de nombreux défis tels que la question alimentaire, les besoins en infrastructure ou encore les services de base (éducation, santé..).

L’Afrique pourra-t-elle profiter de la croissance démographique qui a permis aux pays d’Asie d’impulser leur développement en un temps relativement court ? Le commerce des esclaves a freiné l’émergence d’une classe de jeunes actifs et affecté le potentiel humain alors que l’Europe connaissait un véritable boom démographique.

Face à la mondialisation, l’Afrique risque d’être marginalisée malgré une croissance de plus de 5%. Le continent le plus pauvre de la planète résiste tout de même au renchérissement du prix du pétrole. L’or noir constitue une manne pour quelques-uns, mais globalement le continent s’enfonce dans la crise. Les investissements directs étrangers (IDE) restent inadaptés face aux fragilités du continent africain.

Au Nigeria, les compagnies pétrolières investissent des millions de dollars dans de nouvelles plates-formes de production et de stockage. Ce pétrole est ensuite envoyé vers l’Europe et l’Amérique.

L’Angola prévoit de presque doubler sa production pétrolière d’ici trois ans, pour atteindre 2 millions de barils par jour. Du coup la croissance économique a atteint les 15% en 2005 et devrait frôler les 30% en 2006. Même constat pour d’autres pays africains tels que la Guinée Equatoriale.

Malheureusement, peu d’Africains profitent de cette croissance extraordinaire. En Guinée par exemple, l’espérance de vie a chuté passant de 49.1 ans en 2001 à 43.3 ans aujourd’hui. En termes d’Indice de Développement Humain, le pays se classe à la 121ème place en 2005 (109ème en 2004 soit une dégringolade de 12 places).
Mais le potentiel africain est énorme. L’Afrique du Sud, malgré les ravages du Sida, est solide. Le pays connaît un essor spectaculaire du secteur tertiaire. À cela s’ajoute la rente du sous-sol (or, diamant...) mais aussi une intelligente utilisation des dispositions de l’AGOA (Africa Growth and Opportunities Act). L’Afrique du Sud est aujourd’hui un important exportateur d’automobiles fabriquées sous licence et vendues sur le marché américain.

Entre 1999 et 2003, l’utilisation du téléphone portable a été multipliée par 5 sur le continent africain. Pourtant, seulement 9% des Africains ont actuellement un téléphone portable. L’arrivée des TIC (Technologie de l’Information et de la Communication) peut être une chance pour le continent. Sur plus d’un milliard d’internautes dans le monde, les Africains ne représentent que 1.7% aujourd’hui.

L’essor du marché africain attire les entreprises mauriciennes par exemple. La présence de l’île au sein du COMESA (Common Market for Eastern and Southern Africa) et de la SADC (Southern African Development Community) sont des atouts de taille. Cette présence permet à l’île sœur d’exporter plus facilement ses “produits et services” vers le continent.

La Réunion pourrait aussi tirer son épingle du jeu. La France (à travers La Réunion) a un statut de membre observateur au sein du COMESA. Une délégation réunionnaise assiste chaque année au sommet des Chefs d’États et de gouvernements du COMESA. Le secrétaire général du COMESA, Erastus Mwencha, est venu à la Réunion en septembre 2003 où il a pu avoir des contacts variés. L’Afrique a besoin d’un bon système de formation pour se développer ce dont notre île pourrait lui apporter.

Le développement de la coopération est une nécessité pour le continent africain d’autant que les IDE se dirigent essentiellement vers l’exploitation des matières premières, et en premier lieu le pétrole. Sur les dix pays qui ont absorbé les trois quarts des 18 milliards de dollars d’investissement, plus de la moitié sont des pays pétroliers, selon la Banque Africaine de Développement.

Le Monde avance vers un système moins dominé par l’occident, où les pays en voie de développement occupent une place de plus en plus prépondérante.

Risham Badroudine

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