Note de conjoncture de l’INSEE

Après trois années de hausse, l’emploi marque le pas dans le privé

7 juillet 2023

Au premier trimestre 2023, les tensions sur les prix persistent. Dans ce contexte, l’emploi salarié diminue légèrement pour la première fois depuis trois ans, avec 200 emplois de moins par rapport à fin 2022. Le secteur privé cesse en effet de porter la dynamique de l’emploi et voit disparaître 500 emplois, notamment dans l’intérim, alors que le secteur public se redresse.

Les constructions de logements diminuent. Néanmoins, la fréquentation touristique continue sa progression et les créations d’entreprise restent à un niveau stable. Dans ce contexte, le chômage s’établit à 19 % de la population active.

Fin mars 2023, 290 800 salariés et salariées travaillent à La Réunion, secteurs privé et public confondus. Pour la première fois depuis le 1er trimestre 2020, l’emploi salarié diminue légèrement (-200 emplois, soit -0,1 %). Cela fait suite à une année 2022 où l’emploi avait augmenté de manière dynamique mais moins fortement qu’en 2021.

Au niveau national, l’emploi continue d’augmenter ce trimestre. Cependant, sur un an, la croissance de l’emploi salarié reste plus élevée à La Réunion qu’au niveau national : +1,8 % contre +0,3 % entre mars 2022 et mars 2023. Le dynamisme des contrats d’apprentissage explique plus d’un quart de cette hausse annuelle.

Le contexte mondial continue de se traduire par de fortes tensions sur les prix et au premier trimestre, la hausse des prix se poursuit. Néanmoins, à La Réunion comme sur l’ensemble du territoire français, l’inflation décélère au début du 2e trimestre. En juillet 2022, la hausse des prix à La Réunion avait atteint un pic sur un an (+5,6 % par rapport à juillet 2021).

En mai 2023, les prix à la consommation sont supérieurs de 2,9 % à leur niveau un an plus tôt, en mai 2022. Bien qu’en hausse, les prix augmentent moins qu’au niveau national (+5,1 %) et ce pour tous les principaux postes de consommation que sont les services, les produits manufacturés, l’alimentaire et l’énergie.

À La Réunion, sur un an, la principale contribution à l’augmentation des prix est celle de l’alimentation (+8,1 % contre +14,3 % au niveau national), qui représente 15 % du panier de consommation. Les prix des produits alimentaires hors produits frais sont en hausse comparativement à mai 2022 (+9,1 %), alors que les prix des produits frais baissent sur un an (-8 %). En effet, en raison des mauvaises conditions météo début 2022 liées aux cyclones Batsiraï et Emnati, les prix des produits frais avaient fortement augmenté pendant plusieurs mois en 2022.

L’emploi privé diminue, notamment dans l’intérim

Au 1er trimestre 2023, 500 emplois disparaissent dans le secteur privé alors qu’au trimestre précédent, 2 900 emplois y avaient été créés. En particulier, l’emploi intérimaire se replie : -500 emplois par rapport au trimestre précédent, après deux trimestres de hausse (+100 au 3e trimestre 2022 et +300 au 4e trimestre 2022). Fin mars 2023, 5100 personnes sont en mission d’intérim. La baisse de l’emploi privé est aussi due à une légère baisse des contrats d’apprentissage : en mars 2023, 13 300 personnes, jeunes pour la plupart, sont en apprentissage, soit 200 de moins qu’en décembre 2022.

En revanche, après avoir diminué cinq trimestres consécutifs, l’emploi public augmente au 1er trimestre 2023 : +300 emplois. Ce trimestre, les contrats aidés non marchands « Parcours emploi compétences » (PEC) augmente de 1 100 par rapport à décembre 2022. Au 1er trimestre 2023, 10 500 personnes bénéficient de ce type de contrat. Sur un an, 1 100 emplois publics sont néanmoins détruits.

L’emploi baisse légèrement dans l’agriculture, la construction, l’industrie ainsi que dans les services aux ménages

Dans le secteur agricole, le nombre d’emplois hors intérim diminue ce trimestre : -200 emplois. Il avait fortement augmenté le trimestre précédent en raison des embauches de saisonniers plus importantes qu’à l’habitude.

Dans la construction, l’emploi hors intérim diminue aussi (-100 emplois) après avoir augmenté de 300 emplois le trimestre précédent.

L’emploi industriel hors intérim, particulièrement dynamique depuis plus d’un an, diminue de 100 emplois ce trimestre après une hausse de 300 emplois au trimestre précédent. L’essentiel des destructions d’emplois ont lieu dans l’industrie agro-alimentaire.

Par ailleurs, dans les services aux ménages, l’emploi salarié hors intérim diminue également de 100 emplois. Au trimestre précédent, 100 emplois avaient été créés.

Dans les services aux entreprises, les transports et l’hébergement-restauration, l’emploi continue d’augmenter

Au 1er trimestre 2023, dans les services aux entreprises, 300 emplois sont créés comme au trimestre précédent.

Dans les transports, l’emploi salarié hors intérim continue d’augmenter ce trimestre : +200 emplois après +300 emplois au trimestre dernier.

Dans les secteurs de l’hébergement-restauration, les créations d’emploi ralentissent (+100 emplois créés contre +200 au trimestre précédent).

Dans le commerce, l’emploi salarié hors intérim est stable ce trimestre contrairement à fin 2022 où 200 emplois avaient été créés.

L’emploi est stable dans les services non marchands

Fin mars 2023, 119 800 salariés et salariées travaillent dans les services non marchands (enseignement, administration publique, santé ou action sociale), un effectif stable depuis fin 2021. Ces personnes travaillent majoritairement dans le public (80 %), mais peuvent également exercer dans le privé (activités de soutien scolaire, enseignement de la conduite, médecin, etc.).

Le chômage s’établit en moyenne à 19 %

À La Réunion, au 1er trimestre 2023, le taux de chômage au sens du Bureau international du travail (BIT) s’établit en moyenne à 19 % de la population active. Depuis deux ans, le chômage est quasi stable : il oscille entre 17 et 19 %, à un niveau bien en deçà de sa valeur de fin 2018 (24 %). La baisse du chômage depuis 2018 est à relier au fort dynamisme de l’emploi des années 2021 et 2022. Au niveau national, le chômage concerne 7,1 % de la population active au 1er trimestre 2023.

Une fréquentation touristique en progression constante après la crise sanitaire

Avec 363 600 nuitées enregistrées au 1e trimestre 2023, la fréquentation touristique dans les hôtels et autres hébergements collectifs touristiques continue de progresser. Elle se situe au-dessus de son niveau d’avant la crise sanitaire et augmente de 1,5 % par rapport au 1er trimestre 2022. La hausse de la fréquentation est notamment plus marquée en février (+8,6 % par rapport à février 2022).

Au 1er trimestre 2023, le taux d’occupation des chambres s’élève à 64,3 %, en progression de 2,4 points par rapport au 1er trimestre 2022. La hausse de la fréquentation d’hébergements touristiques concerne les établissements classés de catégories supérieures (de 3 à 5 étoiles), pour lesquels le nombre de nuitées augmente de 1,8 % par rapport au 1er trimestre 2022. A contrario, la fréquentation d’hébergements de catégories moindres (non classés et classement inférieur à 2 étoiles) recule de 1 %.

La fréquentation touristique progresse fortement dans les établissements du Nord-Est (+10,6 % par rapport au 1er trimestre 2022). La forte hausse du taux d’occupation (+8,5 points) compense le recul de l’offre (-3,7 %). Dans l’Ouest, la fréquentation augmente plus modérément (+1,2 %). Dans le Sud, elle recule (-3,8 %), sous l’effet cumulé de la baisse de l’offre de chambres et de celle du taux d’occupation.

Au 1er trimestre 2023, les hébergements touristiques reçoivent essentiellement une clientèle d’origine française, soit 93,4 % des nuitées. La clientèle française diminue cependant légèrement par rapport au 1er trimestre 2022 (-1,5 %). À l’inverse, la clientèle d’origine étrangère progresse fortement par rapport au début de l’année 2022 (+79,4 %), encore marquée par des restrictions de déplacement. Elle reste cependant inférieure à son niveau d’avant la crise sanitaire (-18 % par rapport au 1er trimestre 2019).

Ralentissement de la construction de logements

En un an, d’avril 2022 à mars 2023, 7 600 logements sont autorisés à la construction à La Réunion, soit 900 logements de moins par rapport à la même période un an auparavant (-11 %). Cette baisse concerne autant les permis pour les logements individuels (-10 %) que collectifs (-12 %). Au niveau national, la baisse est d’une ampleur comparable (-11 %), mais ne concerne pas les logements collectifs (+3 %).

À La Réunion, 6 100 logements sont mis en chantier entre avril 2022 et mars 2023, soit 1 200 de moins par rapport à la même période un an plus tôt (-16 %). Au niveau national, les mises en chantier baissent également, mais de manière moindre (-10 %). À La Réunion comme en France, la baisse est plus marquée pour les logements collectifs que pour les logements individuels.

Les créations d’entreprises se maintiennent au 1er trimestre 2023

À La Réunion, au 1er trimestre 2023, le nombre de créations d’entreprises dans l’ensemble des secteurs marchands non agricoles est stable par rapport au 4e trimestre 2022 (+0,5 %), avec 3 200 créations. Les créations d’entreprises baissent dans l’industrie (-8 %) et le secteur des « commerces, transports, hébergements et restauration » (-4 %). Elles augmentent au contraire fortement dans les « autres services » (+13 %) et de manière moindre dans la construction (+5 %).

Au niveau national, les créations d’entreprises baissent de 5 %. Elles diminuent dans l’ensemble des secteurs, sauf dans la construction où elles se stabilisent.

Au 1er trimestre 2023, les créations d’entreprises individuelles sous le régime du micro-entrepreneur représentent 60 % des créations d’entreprises, une part un peu moins élevée qu’au niveau national (63 %). Ces créations augmentent à La Réunion par rapport au 4e trimestre 2022 (+8,5 %), tandis qu’elles reculent en France (-4 %).

Quant aux créations d’entreprises hors entreprises individuelles sous le régime de micro-entrepreneur, elles reculent ce trimestre à la fois à La Réunion (-9 %) et en France (-7 %).

Le nombre de défaillances d’entreprises cumulé sur un an augmente de 21 % à La Réunion au 1er trimestre 2023 par rapport au 1er trimestre 2022. Cette hausse est moindre qu’au niveau national (+51 %).


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