Port Est

Arrivée d’un 4ème portique plus performant

18 décembre 2007

L’inauguration du 4e portique du port-est, vendredi, a réuni les représentants des pouvoirs publics - Chambre de commerce et d’industrie, mairie, préfecture - et les usagers du port. Le Préfet a fait connaître à cette occasion la décision d’engagement de l’Etat, à hauteur de 24 millions d’euros, pour la réalisation du port de plaisance (port-ouest).

Avec une capacité de déchargement doublée - il peut prendre deux conteneurs à la fois - ce 4e portique est plus performant que ses trois voisins.
(Photo PD)

Outils essentiels au débarquement des navires, les portiques ont un rôle stratégique dans le déploiement de l’activité portuaire, dans un contexte maritime où de plus en plus d’échanges se font par conteneurs, comme l’ont souligné les participants à l’inauguration de ce 4e portique.
« Une panne sur un portique, c’est une immobilisation d’un navire à quai pendant 24h ou 48 h, à raison de 25.000 à 30.000 dollars par jour d’immobilisation... C’est notre hantise » a dit Alain Gaudin, Président de la commission “Port” à la CCIR et vice-président du Comité régional des Pêches.
Avec une capacité de déchargement doublée - il peut prendre deux conteneurs à la fois - ce 4e portique est plus performant que ses trois voisins, lesquels toutefois vont connaître une “mise à jour” dès que le marché de la remise à neuf, lancé en 2008, aura abouti. « Fin 2009, sûr, les trois premiers portiques auront été remis à neuf » précise le président de la commission port à la CCIR.
A ce renforcement de la logistique doit répondre la définition d’une stratégie de développement des activités portuaires que beaucoup d’acteurs économiques, à commencer par les travailleurs du port eux-mêmes, appellent de leurs vœux.
La CGTR ports&docks, pour sa part, prône depuis plusieurs années un fonctionnement portuaire 24h/24 avec des équipes renforcées et le développement d’une activité de transbordement, dans le cadre d’un port d’éclatement régional.

P. David


Alain Gaudin, président de la commision Port à la CCIR

Le transbordement n’a de sens que dans un travail inter-régional

Un 4ème portique, pour importer toujours plus de conteneurs repartant à vide ? Ou est-ce le signe d’une avancée vers un positionnement stratégique et économique nouveau ?

- Ce qu’on voit aujourd’hui, c’est que des ports de la région, qui ont pris l’option du transbordement, sont complètement engorgés, victimes d’une politique à mon sens un peu rapide et pas maîtrisée. Il faut faire du transbordement. En accompagnement de ce 4e portique, nous allons avoir un espace de 4 ha de terre plein (sur 5 ha disponibles), livrés fin juin 2009. Faire du transbordement, cela a du sens si cela sert l’économie de la région, dans un travail inter régional. De plus, l’accompagnement de ce 4e portique suppose aussi d’agrandir de 100 à 150 mètres le quai actuel (20-21) pour que les quatre portiques puissent travailler en même temps. Si nous pouvons faire travailler sur deux grands navires simultanément, deux portiques par navire, nous aurons un des meilleurs taux d’activité de la zone.

Cette perspective que vous évoquez a-t-elle déjà donné lieu à des mesures tangibles ?

- Tout à fait. Le transbordement n’est plus une illusion, un horizon lointain. CMA-CGM a commencé à en faire. Mais nous devons faire attention à ne pas engorger le port. Il ne faut pas que les intrants soient pénalisés par rapport aux conteneurs de transbordement. Mais il y a un transbordement régional à faire. On voit bien la difficulté qu’ont les îles voisines à commercer entre elles, avec des attentes de 1 ou 2 mois... C’est l’horreur. Mayotte n’arrive plus à être approvisionnée “en direct”. Nous devons nous positionner en ce sens. Nous ne serons peut-être pas compétitifs sur les tarifs, mais nous pouvons l’être sur des “niches”.

Et comment avance l’idée d’une compagnie régionale maritime ?


- Une étude de la CCIR est en cours ; on en aura bientôt les résultats. Il nous faut travailler ensemble. Si nous voulons développer la coopération régionale, il faut que les marchandises aussi circulent. Je crois que tout le monde a bien compris cela et une volonté commune existe ¬- Etat, Région... C’est une très bonne chose. Dans les tout premiers mois, le transport maritime entre nos îles sera peut-être un peu compliqué, en raison de sa faiblesse, mais si on ne le lance pas, il ne grandira jamais. Nous avons à nos portes Madagascar qui, j’en suis sûr, sera un jour le grenier de l’océan Indien. Pourquoi faire venir de très loin des produits de qualité, des matières premières qui existent à quelques encablures de chez nous.

Qui y aura-t-il dans cette compagnie ?

- C’est une question à laquelle je ne peux pas répondre à l’heure qu’il est ; mais j’ai senti une très forte motivation à la Région et je suis sûr que des opérateurs économiques sont prêts à soutenir cette création. L’Europe aussi, dans la mesure où les APE n’auront de réelle efficacité que s’ils servent à développer des échanges régionaux, plutôt qu’à détruire le tissu économique de l’un ou de l’autre.
La situation économique que nous connaissons aujourd’hui est invraisemblable. Nos volumes d’échanges avec la région ne sont pas bons. Un de mes vœux les plus chers est de parvenir à vivre harmonieusement avec les îles voisines, sur la base d’une bonne circulation des hommes et des marchandises. Ce n’est pas utopique. Il faut que nos économies arrivent à se compléter. Je pense que nous allons y arriver. La raison va l’emporter. Il y a des matières premières près de chez nous et nous avons les moyens de les transformer, dans l’agro-alimentaire par exemple.

Propos recueillis par P. David

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