Le bombardement de week-end d’une ville portuaire du Yémen par Israël a marqué une nouvelle escalade de la guerre menée à Gaza. Il a eu lieu dans un lieu stratégique, l’entrée de la Mer Rouge. C’est par là que transite habituellement une grande partie des importations de La Réunion.
En effet, près des trois quarts viennent de l’Europe, et environ la moitié depuis la France. La plupart sont transportées par bateau. Le chemin le plus court entre l’Europe et La Réunion passe par le Canal de Suez et la Mer Rouge, entre les côtes de l’Afrique et de l’Arabie.
Dans cette région, un des conflits les plus meurtriers du monde se déroule depuis plusieurs années au Yémen. L’attaque de Gaza par l’armée israélienne le 7 octobre a eu d’importantes répercussions dans cette région. La lutte du peuple palestinien contre le colonialisme israélien y a de nombreux soutiens. C’est le cas notamment des Houthis qui contrôlent une grande partie du Yémen et doivent faire face à une coalition équipée d’armes fournies par l’Occident. Ils ont décidé de venir en aide aux Palestiniens en frappant le centre du pouvoir israélien.

Israël porte la guerre de Gaza à la Mer Rouge

Vendredi dernier, un drone parti du Yémen a touché un bâtiment près de l’Ambassade des États-Unis située à Tel-Aviv, capitale d’Israël. A la direction d’une des armées les mieux équipées du monde, les colonialistes au pouvoir en Israël ont subi une humiliation. Pour se venger, ils ont donné l’ordre de bombarder un port yéménite situé à près de 2000 kilomètres au Sud de la Palestine.
Ce raid de l’aviation israélienne fait de l’entrée de la Mer Rouge un lieu d’évolution des bombardiers israéliens. L’extension de la guerre menée par Israël à Gaza à cette région a des répercussions. Elle est cause d’insécurité supplémentaire pour le trafic maritime.
Depuis le lancement de l’offensive israélienne contre Gaza, des bateaux naviguent sous la menace d’être une cible potentielle d’attaques. Cela a amené des déroutements pour éviter cette région. Cela oblige les bateaux à contourner tout le continent africain. Le coût du transport maritime augmente.
Durant la pandémie de COVID-19 et au début de la guerre en Ukraine, les spéculateurs avaient profité de la situation pour augmenter leurs profits. La conséquence fut l’inflation durable qui touche La Réunion et qui rend la situation toujours plus difficile chaque jour pour la majorité de la population.
Le bombardement israélien risque d’être utilisé par les spéculateurs de la même manière.

La Réunion au cœur d’une des régions les plus dynamiques du monde

Cela démontre une fois de plus la fragilité de La Réunion face à des événements se déroulant à des milliers de kilomètres et sur lesquels les Réunionnais ne peuvent avoir de l’influence.
Pourtant chez nos voisins, les Européens ne sont plus les premiers fournisseurs de produits importés. La Chine est devenue le premier partenaire économique du continent africain. Par ailleurs, les pays d’Afrique s’organisent pour augmenter les échanges entre eux. A terme, ils pourront donc se passer totalement des importations venues d’Europe si besoin est.
Le commerce entre La Réunion et les pays de sa région est négligeable.
Or, l’océan Indien redevient le centre de gravité de l’économie mondiale, avec le développement de l’Asie et de l’Afrique. En plein cœur de cette région, notre île tourne le dos à son environnement au profit d’une relation commerciale quasi-exclusive avec l’Europe, héritée de la période coloniale.
Renforcer les échanges avec nos voisins et s’inscrire dans le courant de la réorganisation du monde permettront à La Réunion de se libérer des conséquences d’événements aussi lointains que la guerre à Gaza ou en Ukraine. Cela suppose aussi un changement des mentalités, avec la prise de conscience que les Réunionnais peuvent trouver dans leur environnement des solutions pour remettre en cause le néocolonialisme dominant leur économie.

M.M.