Agriculture, innovation et développement

Quand le conflore se fait mousser…

6 septembre 2024, par Rédaction Témoignages

Autour de Calvert Leichnig, agriculteur à Saint Philippe et président d’une association de cultivateurs de conflore, le dimanche 1er septembre, une cinquantaine de membres du PCR en journée d’étude se sont intéressés à cette culture traditionnelle et à l’innovation qu’elle a suscitée et portée. Calvert est l’un des membres d’une famille connue dans toute l’île pour avoir développé deux vanilles de haute gamme : la vanille bleue et la « vanille givrée ». A la Petite-Ile, l’atelier d’Abrita a été au cœur d’une transformation du conflore, d’abord en farine, puis en une bière légère et parfumée : La Réyonèz.

1. La culture du conflore à La Réunion

A La Réunion, le conflore – ou canna indica – est une plante d’ornement, mais il est surtout connu pour son rhizome très riche notamment en amidon, avec un pouvoir énergétique de 1400 cal/kg qui favorise son utilisation dans l’alimentation. Utilisé autrefois en « manzé koshon », il a aussi permis de lutter contre la famine à l’époque du blocus de l’île. Il aurait en outre de nombreuses autres applications en cosmétique, pharmacie, papeterie… mais cela, ce sera peut-être pour le futur de l’île.

Depuis deux décennies, Luc Henriot Abriel, un Réunionnais de Grand-Bois, se bat pour la promotion et l’exploitation du conflore. Aujourd’hui âgé de 49 ans, il a passé son enfance avec des grands-parents qui cultivaient et transformaient « la rouroute » (arrow-root) et le conflore. Vers 16 ans, il part vivre un temps à Mafate et retrouve le conflore dans le cirque.

La société qu’il a créée avec deux associés, plus tard, pour la valorisation de cette plante (voir plus loin) travaille en étroite collaboration avec une dizaine de planteurs répartis dans l’Est, le Sud et l’ouest de l’île (jusqu’à Saint-Leu)

Ces agriculteurs cultivent le conflore sur environ 10 ha : ils récoltent les rhizomes 2 fois par an et les livrent à l’atelier de Petite-Ile. Le rendement, selon les sols, oscille entre 50-70 tonnes/ha et 90 tonnes/ha. Ces agriculteurs entretiennent et protègent la semence.

ILs se sont regroupés dans une ASL (association syndicale libre), présidée par Calvert Leichnig, pour partager leurs expériences et se concerter sur les décisions. Ils ont pu ainsi se mettre d’accord sur un juste prix de leur production à hauteur de 140 €/ tonne, négocié avec la société d’Abrita.

Leur modèle de fonctionnement – entre producteurs d’une part et industriels de l’autre – devrait inspirer d’autres secteurs de l’économie où il n’y a pas de transparence et peu de démocratie, où les transactions ne sont pas équitables et les plus-values réalisées s’évaporent de La Réunion.

Selon Calvert Leichnig, le conflore est plus rentable que la canne à sucre, sans aide. Le prix moyen de la canne (incluant les aides) est de 103 €/tonne pour la période 2022-27 de la convention canne. Toutefois, la culture du conflore reste une culture d’appoint, pour un complément de revenu aux agriculteurs.

Il a cependant un autre atout, qui lui aussi a été négligé par les instances agricoles : c’est sa capacité à fournir un aliment pour bétail de haute qualité. « Si le projet avait pu démarrer il y a dix ans – explique Calvert Leichnig – la question de l’aliment-bétail serait peut-être réglée à ce jour ». Il serait même possible de l’envisager à l’échelle de l’océan Indien, dans le cadre d’accords de coopération avec nos voisins – 30% étant produit à La Réunion et le reste dans les îles voisines.

À suivre… De la farine de conflore à la bière (péi à 70%)

Présentation du conflore par Calvert Leichnig"
Présentation du conflore par Calvert Leichnig.
Une vue des participants enthousiastes.
Une vue des participants enthousiastes.
Après la viste pause-déjeuner. On reconnaît Elie et Gélita Hoarau, Camille Dieudonné, Ginette Sinapin, Jean Michel Folio et Pascale David.
Après la viste pause-déjeuner. On reconnaît Elie et Gélita Hoarau, Camille Dieudonné, Ginette Sinapin, Jean Michel Folio et Pascale David.

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus