Le débat sur l’octroi de mer rappelle un indicateur de la crise

Seulement 22 000 emplois pour la production locale : qui profite de la productivité exceptionnelle des travailleurs réunionnais ?

15 mars 2024, par Manuel Marchal

La conférence de presse des collectivités et du patronat organisée hier à la Région a fait apparaître un indicateur de la crise : la production locale, c’est seulement 22 000 emplois soit moins de 10% des salariés du public et du privé. Avec les difficultés rencontrées pour l’application des conventions collectives, les salaires sont souvent au SMIC ou juste au-dessus alors que le PIB de La Réunion dépasse 20 milliards et la valeur ajoutée est supérieure à 7 milliards. Rappelons que près de 180 000 Réunionnais sont inscrits à Pôle emploi. Qui profite de la productivité exceptionnelle de ces 22 000 travailleurs ?

Depuis que la Cour des comptes a ébranlé le patronat et les collectivités qui dépendent de l’octroi de mer pour fonctionner, un nombre est souvent cité : 22 000. D’après le patronat, c’est l’effectif des travailleurs affectée à la production locale. Ces emplois risqueraient de disparaître si l’octroi de mer n’existait plus, à cause de la baisse des prix des produits importés taxés qui entrent en concurrence avec la production locale. Ces 22 000 emplois représentent moins de 10 % des emplois à La Réunion, sur un effectif global de près de 300 000, secteurs public et privé confondu.
Or, La Réunion a un PIB annuel de plus de 20 milliards d’euros. En dehors des banques, des assurances et de l’agriculture, la valeur ajoutée créée dans notre pays dépasse 7 milliards d’euros. Cela donne une idée de la productivité exceptionnelle des travailleurs réunionnais pour des salaires la plupart du temps au SMIC tandis que près de 180 000 Réunionnais sont inscrits à Pôle emploi.
Le débat causé par le rapport de la Cour des comptes a donc le mérite de soulever ce problème : la faiblesse du nombre d’emplois eu égard à la richesse créée.

A quand une étude sur la répartition des richesses créées par les travailleurs ?

Ces 22 000 travailleurs ne sont pas millionnaires mais sont souvent payés au SMIC ou légèrement au-dessus à cause de l’absence d’application des conventions collectives à La Réunion. Ils sont plus productifs qu’en Occident, notamment en France, où les salaires sont plus élevés.
Manifestement, la répartition des richesses créées pose problème. Ne serait-il pas intéressant de faire une étude sur la manière dont les 20 milliards d’euros de PIB et les plus de 7 milliards de valeur ajoutée sont répartis à La Réunion entre Paris, les patrons et les travailleurs seuls créateurs de cette richesse ?

M.M.

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