Les jeunes de la CGPER et la protection des sols

’Assez du double discours’

29 avril 2005

Quelle politique de protection des terres agricoles est aujourd’hui mise en place, si les planteurs assistent fatalement au déclassement des terrains destinés à l’agriculture ? C’est la question que posent les jeunes de la CGPER.

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Pour l’heure, on assiste à la progression du béton, qui gagne toujours plus de terrains. Alors que "l’ensemble des planteurs et la plupart des responsables politiques s’inquiètent de la filière canne et des conséquences économiques et environnementales de la possible disparition de la canne à sucre", la Confédération générale des planteurs et éleveurs de La Réunion (CGPER) constate que "certains maires, qui se déclarent défenseurs de l’agriculture en organisant des foires et en signant des chartes agricoles, sont les principaux "déclasseurs" de terrains et veulent envoyer les planteurs cultiver la forêt".
Le syndicat agricole cite l’exemple du maire de Bras-Panon. Selon les jeunes de la CGPER, Daniel Gonthier "tente depuis quelques semaines de récupérer un terrain de 5,5 hectares pour y construire un lotissement, alors que la SAFER vient d’attribuer le terrain à un jeune agriculteur".
Plus grave, selon eux, la Mairie de Bras-Panon "prévoit de déclasser 25 hectares des meilleures terres à canne pour y construire des collèges et zones d’activités avec la complicité de certains responsables agricoles". Cela pose bien évidemment le problème de la disparition des terres et, de cause à effet, des activités de la filière.
Avant-hier, les agriculteurs panonnais se réunissaient sur l’exploitation de Jean-Dominique Sinapin, qui risque de perdre cette parcelle qui lui permet de vivre.

Agriculteur cherche un squat agricole !

"À l’époque, la Mairie de Bras-Panon s’était portée candidate sur ce terrain pour y construire un lotissement d’habitat", explique Éric Soundrom, porte-parole des jeunes de la CGPER. La Mairie aurait proposé, en échange de ce terrain "à forte valeur agronomique" (plus de 100 tonnes pour un hectare) et en bon état, un morceau de forêt de 12 hectares inexploitables, sans moyens d’accession, pentu de surcroît, à la Caroline.
Devant cette proposition incongrue, le comité technique de la SAFER a refusé l’échange, indiquant qu’on ne pouvait pas envoyer un planteur cultiver la forêt alors qu’il existe des terrains agricoles à travailler. Daniel Gonthier tient tête apparemment. Il revient à la charge, en faisant indiquer par ses services son intérêt pour ce terrain, qui devrait être un emplacement réservé au prochain Plan local d’urbanisme (PLU).
Selon la Mairie de Bras-Panon, c’est le meilleur emplacement pour la construction d’un lotissement pour la simple raison qu’il jouxte les réseaux AEP (adduction d’eau potable et l’électricité). Face à ce stratège administratif, la SAFER se voit dans l’obligation de refuser l’officialisation de la vente avec Jean-Dominique Sinapin, sous seul prétexte que la Mairie va l’acquérir.
La SAFER propose donc un contrat d’occupation précaire au jeune agriculteur, "ce qui équivaut à un statut de squatter sans droit ni titre", explique Éric Soundrom.

Que défend-t-on ?

Les exemples ne manquent à Bras-Panon, selon le syndicaliste. À côté du terrain de Vincendo, près de 4 hectares qui produisent 420 tonnes de cannes et qui vont être préemptés par l’EPFR (Établissement public foncier de La Réunion) pour la construction d’un collège ou encore le déclassement de 14 hectares dans le fond de Paniandy pour la création d’une zone d’activité. Les meilleures terres agricoles de Bras-Panon se bradent.
Dans trois jours, une forte délégation de la commission agricole du Parlement européen viendra à La Réunion pour voir s’il est vraiment nécessaire de maintenir la filière canne à La Réunion. Alors ce genre de décision de la Mairie de Bras-Panon oblige une question. Du moins Éric Soundrom la pose : "ne faudrait-il pas mieux convaincre d’abord certains politiques locaux sur l’intérêt de la canne à La Réunion avant de convaincre Bruxelles ?".
La CGPER reste cependant alertée par le problème du logement à La Réunion et de l’importance de générer de l’activité économique. "Cela ne doit pas se faire au détriment de l’agriculture et plus particulièrement des planteurs de cannes. Actuellement on déloge ces planteurs sans penser à les reloger ou à trouver un nouvel outil de travail", regrette Éric Soudrom.

Bbj


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