Le bilan du CIRAD

Attention à notre sol réunionnais

16 août 2006

Depuis 1984, le CIRAD met à profit ses recherches agronomiques en vue de développer les pays du Sud et de l’Outre-mer. À La Réunion, cet institut de recherche est au service de la qualité de l’agriculture réunionnaise. Exemple.

Le développement agricole de La Réunion ne se peut sans considération de l’impact de l’intervention de l’homme sur le sol réunionnais, et des phénomènes liés au réchauffement climatique. Le CIRAD (Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement) est un pôle d’excellence et apporte chaque année des approches intéressantes. Il innove, et intervient également dans l’aide à la prise de décision, la surveillance (grippe aviaire, maladies vectorielles émergentes, l’usage des pesticides, etc.).
Pour le bilan de ses activités 2005, l’instance de recherche agronomique revient sur ses découvertes, ses actions en faveur du développement durable. "À La Réunion, le CIRAD s’est doté d’infrastructures scientifiques de qualité et renforce ses pôles de compétences de façon à répondre aux demandes de développement de l’île. Dans une perspective de coopération régionale au cœur de l’Océan Indien, il participe aux grandes réflexions de la recherche internationale sur des thèmes comme le changement climatique, le développement durable et la protection de l’environnement", lit-on sur le site Internet du CIRAD. Récemment, il communiquait sur les traces métalliques retrouvées dans les sols réunionnais. Question de relever les différentes pratiques dangereuses pour nos réserves en eaux, ou pour la qualité de nos sols ?

Notre sol est riche, mais ...

La question touche le recyclage des déchets agricoles, potentiellement intéressant à valoriser, mais qu’il importe de maîtriser. L’impact environnemental de l’épandage de déchets agricoles oblige un raisonnement de la pratique, pour ne pas contaminer les milieux. Par ailleurs, les Eléments Traces Métalliques (ETM) prélevés dans plusieurs échantillons de sols réunionnais révèlent des taux supérieurs à la limite réglementée par la législation française. "À La Réunion, les sols sont particulièrement riches en éléments traces métalliques et notamment en chrome, cuivre, mercure, nickel et zinc. Or, la législation française interdit les épandages agricoles de boue d’épuration si la teneur des sols en ETM dépasse des valeurs limites réglementaires. Si l’on ne considère que le nickel, 80% des échantillons de sol présentent des concentrations supérieures aux valeurs limites", lit-on encore dans un dossier de presse. Quelle est l’origine de ces éléments métalliques ? Quelle est la capacité de ces éléments, issus d’un sol naturellement riche, à être transportés par l’eau et, par là même, leur nocivité pour l’environnement et pour l’Homme ?

Encore des ETM à étudier

L’origine des fortes teneurs en ETM des sols réunionnais est donc naturelle et liée à l’origine volcanique de l’île, expliquent les scientifiques. Pour l’impact immédiat sur les hommes et l’environnement, les experts notent que les concentrations mesurées sont inférieures aux valeurs seuils préconisées par l’Organisation Mondiale de la Santé pour l’eau de consommation. "Dans le même temps, un essai comparant des applications de plusieurs types d’engrais (compost de lisier de porc, compost de fiente de volaille ou engrais chimique) sur des cultures maraîchères (chou, carotte, haricot, tomate ou laitue) a été mis en place à la station CIRAD des Colimaçons. Il a montré que la laitue est l’espèce qui absorbe les quantités les plus importantes d’ETM. Cependant, là encore, quelle que soit la culture considérée, les concentrations mesurées sont toujours inférieures aux concentrations maximales réglementaires. Cet essai va être reconduit durant plusieurs années, avec deux récoltes annuelles, afin d’étudier d’éventuels effets à plus long terme", poursuit le CIRAD.
Le travail du CIRAD est certes notable, puisque ses résultats donnent à réfléchir au monde agricole, mais aussi aux décideurs politiques qui doivent savoir anticiper, pour un développement raisonné et durable de l’agriculture réunionnaise. Le CIRAD le reconnaît lui-même, d’autres éléments doivent être étudiés, afin que soit appréhendé l’impact sur l’environnement réunionnais et les humains. On peut donner toute confiance à cet institut français de qualité, reconnu dans le monde entier. Saura-t-on prendre en compte ses données ?

Willy Técher


Le CIRAD (Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement)

Vieille de plus de cent ans, la recherche agronomique tropicale française a connu un réel essor lorsque l’expansion et l’exploitation des productions tropicales ont été prises en considération dans l’économie nationale, dans la seconde moitié du XXème siècle. La création du CIRAD fut l’aboutissement de ce processus. Comme tout organisme vivant, le CIRAD continue à s’adapter aux changements de la recherche et de l’aide au développement. Il participe ainsi pleinement, dans le cadre de sa mission, à l’équilibre de notre planète.
Le CIRAD est l’institut français de recherche agronomique au service du développement des pays du Sud et de l’Outre-mer français. Il privilégie la recherche en partenariat. Le CIRAD a choisi le développement durable comme ligne de force de son action à travers le monde. Cette démarche prend en compte les conséquences écologiques, économiques et sociales, à long terme, des processus de transformation des sociétés et des territoires du Sud.
Le CIRAD intervient par des recherches et expérimentations, des actions de formation, d’information et d’innovation, et des expertises. Ses compétences relèvent des sciences du vivant, des sciences humaines et des sciences de l’ingénieur, appliquées à l’agriculture et l’alimentation, à la gestion des ressources naturelles et aux sociétés.

W. T.


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