Les élus de la Guyane revendiquent 50 centimes de baisse

« Aujourd’hui, le compte n’y est pas »

3 décembre 2008

Une délégation d’élus et de techniciens des collectivités guyanaises s’est rendue lundi en Préfecture pour une séance de travail destinée à examiner les propositions dévoilées sur Télé Guyane par Yves Jégo. Etaient représentés le Conseil régional, le Conseil général et l’Association des Maires. Fabien Canavy, vice-président du Conseil général de Guyane, conduisait la délégation. Il revient sur le bilan de ces discussions et explique la position adoptée par les collectivités. Cette interview a été publiée sur le site du Conseil général de Guyane.

Comment les collectivités guyanaises ont-elles réagi aux propositions d’Yves Jégo ?

- Nous avons d’abord voulu prendre le soin de les examiner dans le détail. Nous avons surtout cherché à obtenir auprès de la Préfecture des précisions quant aux propositions de l’Etat. Les réponses que nous avons reçues, comme celles que nous n’avons pas reçues, nous conduisent tous au même constat : le compte n’y est pas. En aucun cas les 10 millions d’euros annoncés ne peuvent permettre aux collectivités guyanaises de baisser de 20 centimes les taxes locales sur le carburant.

Comment êtes-vous arrivés à ce constat ?

- C’est bien simple : une baisse de 20 centimes se traduira pour les collectivités par une perte de recettes de 20 millions d’euros par an, un chiffre confirmé par la Préfecture. Ce que nous propose l’Etat, c’est donc une compensation pour quelques mois. Or, ce que les Guyanais attendent, c’est une baisse durable du prix du carburant : il n’est pas question pour les collectivités de baisser leurs taxes en décembre pour être contraintes de les rétablir quelques mois plus tard. Et la population guyanaise ne s’est pas mobilisée comme elle l’a fait pour n’obtenir que quelques mois de baisse des prix du carburant.

Les collectivités seraient donc perdantes dans le “marché” proposé par Yves Jégo ?

- Evidemment. Une baisse de 20 centimes se traduirait par une forte baisse des ressources disponibles pour les collectivités locales, notamment pour les communes : 900.000 euros par an pour Cayenne, 400.000 euros pour une commune comme Matoury, 500.000 euros pour une commune comme Saint-Laurent. En contrepartie, on leur promet des subventions pour des investissements qu’elles ne pourront de toute façon pas financer. Dans l’état de leurs finances, la plupart des communes n’ont pas en effet la trésorerie nécessaire pour faire face aux dépenses d’investissement dans l’attente des subventions de l’Etat, qui sont en fait des remboursements. Quant aux 10 millions d’euros annoncés, il faut savoir qu’ils seraient prélevés sur le Fonds exceptionnel d’investissement (FEI), un fonds doté de 16 millions d’euros de crédits de paiement qui sont déjà affectés à l’Outre-mer.

Dès lors, quelle sortie de crise proposez-vous ?

- Nous demandons la mise en place d’une double garantie. D’une part, une garantie sur l’évolution des prix du carburant, afin que la baisse de 50 centimes soit une baisse durable et sécurisée. D’autre part, une garantie de ressources pour les collectivités, toute baisse des taxes locales sur l’essence devant s’accompagner d’une compensation équitable et durable des ressources des collectivités locales. On peut imaginer, par exemple, qu’un fonds de garantie du prix de l’essence soit mis en place, qui pourrait être géré par l’Agence française de développement (AFD).

Dans cette attente, que dites-vous à la population ?

- Nous leur demandons de tenir bon. Aujourd’hui, le compte n’y est pas. Et la Guyane ne s’est pas mobilisée comme elle l’a fait depuis 8 jours pour renoncer aujourd’hui au milieu du chemin.

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