Économie - filière pêche

Bienvenue au Cap Tristan, au Cap Charlotte et au Marine Ursule

18 mai 2007

La flottille réunionnaise de palangriers de surface se dote de 6 nouveaux navires. Hier, trois d’entre eux rejoignaient le port de la Pointe des Galets, sous les yeux attentifs du Président de la CCIR, Eric Magamootoo, et Luçes Julie, Président de la SCOPAR, coopérative de gestion et d’armement situé au Port. Accueil en mer.

Ces navires sont destinés à la pêche au large pour des marées de 15 jours.
(photo WT)

Le soleil était au rendez-vous, et on oublierait même la houle qui déferlait dans l’Ouest et le Sud. Un petit comité de gens de la mer se retrouvait sur le Scorpio et le Vétyver pour aller accueillir et escorter le Cap Tristan, le Cap Charlotte et le Marine Ursule, trois bateaux de 24 mètres, en acier, commandé à un chantier chinois début 2006. Après avoir quitté la Chine en janvier dernier, ils arrivent enfin. Les trois autres bateaux, le Clipperton, le Fournaise et le Manohal, arrivaient quant à eux hier dans la soirée et tôt ce matin. Petite mise en scène. Le Cap Tristan, le Cap Charlotte et le Marine Ursule nous attendent patiemment dans la baie de La Possession. Ils s’alignent le temps de la pause photo, pour finalement gagner le port chacun à son tour.
L’arrivée de ces bateaux appelle un regard fier sur la pêche réunionnaise. Ces navires sont destinés à la pêche au large pour des marées de 15 jours, et à traiter les captures avec l’objectif d’atteindre le plus haut niveau de qualité. Des armateurs réunionnais, des professionnels expérimentés, Jean-Marc Tatibouët, Christy Faivre, Thierry Penot, Jean-Max Hubert, Philippe Roucarie et Frédéric Payet, sont aux commandes de navires à la pointe de la technologique. Ils ont fait la traversée de la mer de Chine depuis le port de Fuzhou en face de Taiwan, se sont accordé une escale à Singapour, avant d’emprunter le détroit de Malacca, pour enfin arriver à bon Port. C’est le cas de le dire.

Des navires aux performances internationales

Les 6 navires ont été créés sur le chantier chinois de Fujian Shipyard Industry. Ce choix de partenariat Réunion et Chine a été dicté par la nécessité de construire 6 navires en même temps et à des prix concurrentiels. Les 6 promoteurs de ce projet sont soucieux de la qualité des travaux, ont participé à la conception technique des bateaux et ont suivi le cours des travaux de réalisation, sous l’œil spécialiste d’un cadre technique français, chargé de veiller au respect des cahiers de charges. Les 6 patrons de pêche se sont donné les moyens de tester leur machine, s’habituer à la manœuvre et aux matériels à bord. Un des bateaux s’accordait un dernier test de filage, avant de gagner La Réunion. Fuhzou, La Réunion, le partenariat n’est pas banal. Fuhzou est réputé pour sa construction navale et a déjà fourni la France en bateaux de pêche. Pour autant, ces navires de type ligneurs palangriers, s’ils sont de confection chinoise, sont garnis en équipement italien, français, espagnol, allemand et américain. Les moteurs sont de motorisation Baudouin. Longs de 23,90 mètres pour une largeur de 7,40 mètres, ils disposent d’une puissance de propulsion de 615 chevaux, alors que sa conception a été étudiée pour minimiser la consommation de carburant, soit une économie substantielle de 500 litres jour. Le dossier de presse insiste sur le fait que ces navires de pêche sont « classés “Croix de malte” et “Le Point” par le bureau Veritas, et ont fait l’objet de contrôles et d’essais par les officiers du Centre de Sécurité de La Réunion ».

Au service d’un secteur économique porteur

L’arrivée de ces 6 navires génère immédiatement environ 60 emplois directs en mer. Ces navires sont destinés à passer 300 jours en mer avec des équipes en rotation. L’impact pour l’emploi à terre doit être aussi pris en compte. Les armateurs estiment à environ 180 les emplois qu’ils génèreront. Il est notable que ce projet s’est déroulé dans le cadre corporatif. Les pêcheurs, leurs familles, les sociétés de pêches, des groupes d’officiers se sont regroupés au sein de la Société coopérative de pêche artisanale réunionnaise (SCOPAR). Chaque navire coûte 1 million 250.000 euros et a bénéficié d’aides directes (IFOP, État, bonification d’intérêts) à concurrence de 37,7% et d’aides indirectes à concurrence de 6% de fait de la défiscalisation. Chaque promoteur doit rembourser pendant 10 ans 5.000 euros par mois. La filière de la pêche réunionnaise dans son ensemble est aujourd’hui au deuxième rang en valeur exportée, derrière l’industrie sucrière. Elle a certes à répondre à de nombreux défis pour se positionner de manière plus forte. Mais la pêche réunionnaise doit surtout aller plus loin, sur les aspects qualitatifs, sur la structuration des marchés, la formation des pêcheurs, sur la connaissance du milieu et de la gestion durable des ressources. Et les armateurs de préciser que « la pêche réunionnaise est en pointe en sélectivité de ses pratiques et milite pour une pêche responsable ». Bientôt, notre journal vous invitera à visiter en images un des navires de la SCOPAR.

Willy Técher


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