CGPME : Le défi des TPE-PME

« Bienvenue dans La Réunion de 2030 »

30 novembre 2007

Le Syndicat des petites, très petites et moyennes entreprises (CGPME) veut prendre à bras le corps « les défis des TPE-PME réunionnaises face aux nouveaux enjeux pour nos industries, commerces et services » et persuader les petits entrepreneurs, dans tous les secteurs d’activité, qu’ils peuvent tirer parti d’un contexte « extrêmement favorable ». Comment ? C’était l’objet
de la conférence-débat tenue hier à la Halle du Port.

En présence de plusieurs dizaines d’entrepreneurs et de représentants des collectivités locales, du CESR, de la CCIR et de l’Etat, le président de la CGPME, Pascal Thiaw-Kine a cherché hier à mettre en exergue et valoriser « la volonté de réussir ensemble » qui doit animer, selon lui, la foule des petits entrepreneurs qui font l’essentiel du tissu économique de l’île. « L’idée centrale de cette rencontre est de démontrer qu’on bénéficie d’un contexte extrêmement favorable : comment les TPE-PME vont-elles se l’approprier ? » En se regroupant, pour rompre l’isolement et créer des espaces d’échanges et de mutualisation des moyens ; en réfléchissant ensemble à des voies stratégiques correspondant aux différentes activités de l’île, selon une grille d’analyse que Pascal Thiaw-Kine a présentée aux participants, hier.
Il s’agit, selon le mot d’Alain Simon, expert en géopolitique récemment invité dans l’île, de « convertir nos points faibles en atouts ». Pas de matière première ? Pas de solide marché intérieur ? Ce sont autant d’atout, si on les renverse, pour « être présents au 21e siècle », - ce que Pascal Thiaw-Kine a résumé par l’apostrophe de « Bienvenue dans La Réunion de 2030 ».
À partir d’une grille d’analyse des activités réunionnaises, classant ces dernières le long des axes de l’attractivité et des atouts, croisés comme des vecteurs cartésiens, trois catégories identifient les activités en “fragiles”, “à potentiel” et en “activités rentables”. Dans la première catégorie figurent le petit commerce et la petite industrie, l’artisanat et la petite agriculture ; dans la seconde, l’agronutrition, la pêche, les NTIC, l’énergie, l’environnement et le tourisme ; et dans la troisième, la téléphonie, les assurances, les banques, la grande distribution, l’automobile, le BTP, les jeux de hasard.
La quatrième sphère potentielle, celle des “activités étoiles” - qui n’existe pas encore - pourrait apparaître si la solidarité, l’innovation et les investissements concourent à faire progresser chaque catégorie, dans l’application de droits et de devoirs exercés par chacune.
Le débat qui s’est ensuite instauré avec la salle a permis aux représentants des différentes institutions, interpellés par la CGPME, de dire en quoi leur action vient conforter le tissu des TPE-PME : en quoi les grands chantiers ouverts par la Région peuvent-ils servir à conforter, dans certains secteurs, le tissu des TPE-PME ? Et comment soutenir l’économie solidaire ? Comment renforcer l’exportation ? En quoi la Réunion économique (regroupement de six organisations patronales) peut-elle œuvrer - à travers le projet “Ile Verte” souvent cité en exemple - à une identité visible, reconnaissable, de La Réunion de 2030 ? Le président de la CCIR a résumé en six points les principaux facteurs à réunir pour permettre aux TPE-PME de jouer pleinement leur rôle et le représentant du Conseil général a rappelé l’impact du “Pacte Social” du Département et son contrat unique d’insertion, pour réinsérer dans le tissu économique 4.000 personnes qualifiées. Un tiers des contrats uniques d’insertion est destiné aux entreprises, aidées à 50%, a-t-il rappelé.
Du côté des institutions et de l’administration, les discours ne présentaient pas de nouveautés notables. Tout au plus, le fait d’être réunis et invités à répondre chacun à une question posée par les petits entrepreneurs, aura donné à ces derniers une vision plus globale des dispositifs en place.
Quant aux questions posées par la salle, elles ont mis en avant les difficultés rencontrées par les petits entrepreneurs, souvent traités en « vilains petits canards » selon un petit patron du sud, qui a dit la « solitude des TPE » lorsqu’elle cherche à se faire une place.
Le caractère dynamique de la rencontre d’hier, déjà présent dans le nombre d’entreprises réunies, était renforcé par différents exemples donnés pour illustrer les voies à suivre. La principale est le regroupement des moyens et des compétences, comme l’a souligné dans un film court projeté sur grand écran, Dominique Vienne, l’animateur de COREM, une société de génie électrique qui a grossi de 37 employés en trois ans et qui veut apporter « une alternative réunionnaise », en se mettant « au service des PME ». C’est aussi le point de vue apporter par Rémy Hoareau, de la coopérative de constructeurs, les Maisons CAR.RE.
Enfin, le dynamisme des TPE-PME a été honoré par l’attribution de deux prix “Esprit d’entreprise” à deux femmes, deux dirigeantes de TPE - Bio-Système et Zinc-Réunion.
Beaucoup des éléments de débat avancés hier visaient à définir un « modèle économique réunionnais », mettant en avant les qualités des entreprises de petite taille. Rappelant la proposition d’un “Small Business Act” pour faciliter l’accès des TPE réunionnaises aux marchés des grands donneurs d’ordre, le président de la CGPME a conclu les débats avec deux objectifs qui certainement vont susciter la curiosité et les questionnements : les TPE - a-t-il dit - peuvent contribuer à 1% de croissance supplémentaire et 1% de chômage en moins, chaque année, sur les dix ans à venir. C’est l’ambition affichée hier et c’est aussi deux défis de plus.

P. David


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