Éclairage sur la création d’importantes richesses

BTP : le secteur le plus dynamique de La Réunion

20 juin 2006

Un milliard d’euros de chiffre d’affaires, 2.000 créations d’emplois, valeur ajoutée en hausse de 11,3% : le secteur du BTP est l’un des moteurs de la croissance à La Réunion. C’est ce qu’affirme l’INSEE dans son bilan économique de l’année 2005.

Croissance économique de 4,9%, hausse du PIB de 7,3% : derrière ces 2 chiffres caractéristiques d’une économie dynamique, l’INSEE a identifié les principaux moteurs de cette expansion, et parmi eux le BTP. Tel est un des principaux enseignements du Bilan économique 2005 de l’INSEE, présenté vendredi lors d’une conférence de presse tenue conjointement avec l’IEDOM.
Tout le monde connaît le dicton : "Quand le bâtiment va, tout va". Cette maxime s’est vérifiée l’an dernier à La Réunion. Selon l’INSEE, il ressort que l’an passé, le BTP a connu une croissance de la productivité et des investissements très importante, liée au démarrage de grands chantiers commandés par le secteur public. Coïncidence heureuse : cette étude statistique est publiée alors qu’ont lieu les négociations salariales dans le secteur du BTP.

L’impact de la route des Tamarins

"Les travaux publics et de génie civil ont de plus constitué des moteurs puissants en 2005 avec principalement le chantier de la route des Tamarins et les travaux de basculement des eaux. L’investissement du secteur public s’est porté de surcroît sur des bâtiments d’enseignement, le renfort d’infrastructures et des travaux d’aménagement", explique l’INSEE dans son bilan économique 2005.
"Le secteur du BTP a été le secteur le plus dynamique en 2005. Avec une valeur ajoutée en progression de 11,3%", précise l’institut pour qui "le dynamisme du BTP a entraîné toutes les activités qui lui sont liées" : les services aux entreprises et les transports "ont aussi réalisé des résultats meilleurs que la moyenne avec des hausses de valeur ajoutée à prix constant de l’ordre de 5%".
Cette progression trouve son explication : "les grands travaux routiers et portuaires ainsi que la construction d’équipements publics ont fortement contribué à accélérer la croissance du BTP en 2005", écrit l’INSEE.
À titre d’exemple, l’institut insiste sur le chantier-vedette de l’année, la route des Tamarins, projet de la Région. L’INSEE note 115,5 millions d’euros de dépenses l’an passé, prévoit 270 millions d’euros cette année et "des dépenses supérieures à 200 millions d’euros" pour 2007 et 2008.

Plus d’un milliard d’euros

Le résultat de tous ces travaux est une croissance du chiffre d’affaires du secteur. "Selon les estimations établies à partir des indicateurs d’activités et des enquêtes annuelles d’entreprises réalisées par l’INSEE, le chiffre d’affaires global du secteur représenterait 1,07 milliards d’euros en 2005".
L’INSEE note que la croissance aurait pu être encore plus forte.
On a tout d’abord le non-respect des engagements dans la construction de logements sociaux. L’INSEE comptabilise "3.269 logements neufs, soit 86% des 5.483 logements inscrits au programme annuel validé par le Conseil départemental de l’habitat". Le "manque à gagner" des 2.214 logements auraient permis des créations de richesses et d’emplois.
Et ensuite, "les hausses des cours internationaux du pétrole et des matériaux ferreux. De plus, l’index du prix du fret affiche une hausse de près de 20% sur l’année à La Réunion". L’influence des cours des matières premières et l’impact du prix du fret sont là pour rappeler les contraintes de l’insularité et de l’éloignement, des handicaps structurels permanents qui font que La Réunion est une Région ultra-périphérique de l’Union européenne.
À l’heure où les partenaires sociaux du BTP discutent des salaires, cette étude de l’INSEE permet d’apporter un éclairage sur le volume des richesses créées l’an passé dans le secteur le plus dynamique de La Réunion.

Manuel Marchal


Routes : des centaines de millions d’euros investis

Région et Département ont largement contribué à la bonne marche des entreprises du BTP.

La route des Tamarins est le grand projet de l’année, celui qui mobilise les investissements les plus importants. D’une manière générale, tous les plannings ont été respectés, voire anticipés.
Ainsi, les viaducs de la savane ont avancé à un rythme soutenu, tout comme divers ouvrages d’art de la section 2. Les entreprises, bénéficiaires de plusieurs marchés, ont eu intérêt à passer rapidement sur d’autres ouvrages pour optimiser les moyens matériels et la gestion du personnel. Au final, l’année 2005 s’est terminée à 115,5 millions d’euros de dépenses dont 100,7 millions d’euros de dépenses de marchés de travaux. Le chantier devrait prendre de l’ampleur en 2006 avec des dépenses prévues à hauteur de 270 millions d’euros, dont 246 millions d’euros environ pour les seuls travaux. Les 2 années suivantes devraient également voir des dépenses supérieures à 200 millions d’euros. En 2005, l’ensemble du réseau routier n’a pas pâti du démarrage de ce grand chantier. Les travaux réalisés sur les Routes nationales et départementales se montent en effet à 199 millions d’euros, en hausse de 155% par rapport aux dépenses effectuées en 2004. Le réseau national a profité en premier lieu de ces investissements, le budget de la Région ayant plus que doublé.
En plus des nombreux travaux de renforcement, l’année a été marquée par l’achèvement de l’échangeur pour le raccordement Est du boulevard Sud et le lancement de l’ouvrage d’art au-dessus de la Rivière des Pluies.
Le réseau départemental a également bénéficié d’un fort soutien financier.
(Source : INSEE)


BTP : l’apport décisif du secteur public

Dans son bilan économique 2005, l’INSEE souligne l’importance de la commande publique. Les investissements des collectivités, de l’État et de l’Europe contribuent de manière significative au dynamisme du BTP, et de l’économie réunionnaise en général.

Dans le domaine du génie civil, de grands chantiers sont aussi en cours. Les investissements réalisés se sont encore accrus pour atteindre 95,6 millions d’euros au cours de l’année 2005. La majeure partie des dépenses reste liée au basculement de l’eau (galerie aval du transfert de Salazie) et à la réalisation des périmètres irrigués de l’Ouest.
L’agrandissement du Port Est (quais, cercle d’évitage, creusement) et la darse de pêche du Port Ouest mobiliseront les participations de l’État, de l’Europe et de la CCIR au cours des 3 prochaines années, avec une livraison prévue en 2008. Concernant l’endiguement des ravines, la principale opération a été la réalisation de la dérivation de la ravine Duparc en secteur aval et centre-ville de Sainte-Marie.
Enfin, la construction d’équipements publics n’est pas en reste. Les investissements réalisés par les principaux maîtres d’ouvrages publics (Région, Département, État et CCIR) ont progressé de 11% en 2005 par rapport à l’année précédente. Le montant des dépenses constatées sur ce périmètre atteint près de 79 millions d’euros. La Région a notamment augmenté ces réalisations de 61% avec un niveau de 44,7 millions en finançant la construction et la réhabilitation de bâtiments d’enseignement (Lycée Amiral Bouvet, LEPAH Saint-Joseph), universitaires (Campus du Tampon) et culturels (Conservatoire de Saint-Benoît, Ferme Corail).
D’autres maîtres d’ouvrages publics tels que les administrations universitaires, hospitalières, pénitentiaires ou militaires ont réalisé des constructions non résidentielles importantes.
Les communes aussi ont fait un effort d’équipements. Parmi les réalisations d’envergure, on peut citer, dans le désordre, la médiathèque du Tampon, les centres nautiques à Saint-Paul (Plateau Caillou - Vue Belle), le siège de la CINOR, l’îlot du Grand Marché à Saint-Denis, les Jardins de la Plage à Saint-Pierre, la ZAC Avenir à Saint-Louis. Viennent compléter cette liste non exhaustive les travaux sur le bâti scolaire, les réseaux d’eaux potables et d’assainissement, le renforcement des réseaux électriques et enfin la modernisation de la voirie communale et urbaine.
(Source INSEE)


3.269 nouveaux logements sociaux sur 11.500

Avec 11.500 logements neufs, visés par le Consuel, un léger tassement de 1% fait suite à la hausse tout aussi légère de 2004. La part de la construction individuelle reste très importante avec 58% des logements construits. Les conditions financières faites au secteur privé restent attractives grâce à la défiscalisation et aux taux d’intérêt encore bas.
Les aides de l’État ont été attribuées à 4.702 logements sociaux, dont 3.269 logements neufs, soit 86% des 5.483 logements inscrits au programme annuel validé par le Conseil départemental de l’habitat du 9 juillet 2005.


18.000 salariés

C’est le BTP qui dynamise la création d’emplois. La bonne conjoncture économique, conjuguée à l’effort consenti pour la régularisation des situations avec le port du badge, se traduit par une hausse historique de l’emploi dans le secteur. La Caisse des congés payés du BTP a décompté près de 18.000 salariés en moyenne mensuelle, chiffre inégalé depuis 1992. Elle a géré ainsi plus de 2.000 emplois salariés supplémentaires, soit 13% de l’effectif 2004.
(Source INSEE)


La question des salaires selon l’INSEE

Les salaires versés dans le BTP ont été encore plus dynamiques que dans les autres branches. La masse salariale du BTP a connu une expansion exceptionnelle. Elle a progressé de plus de 20% sous l’effet conjugué des hausses d’effectifs (+12%) et des salaires (primes notamment). La masse salariale versée dans les services aux entreprises a également rebondi (+15%) tandis que celle des industries agroalimentaires a marqué le pas.
À noter que l’augmentation de la masse salariale n’induit pas obligatoirement une hausse des salaires des employés. C’est tout l’enjeu des négociations en cours.
(Source INSEE)

Route des Tamarins

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