Deux convois partis des usines sucrières du Gol et de Bois-Rouge ont convergé devant la préfecture à Saint-Denis

CGPER et Jeunes Agriculteurs mobilisés « pour sortir d’une crise sociale et économique »

31 janvier, par Manuel Marchal

Ce 30 janvier à l’appel de la CGPER et de Jeunes Agriculteurs, deux convois ont convergé à la préfecture de La Réunion. Les représentants des agriculteurs ont remis une motion au préfet : « Sécurité alimentaire : propositions pour sortir d’une crise sociale et économique ». Une revendication est déjà satisfaite : la rencontre d’urgence avec le préfet. Elle aura lieu aujourd’hui à 14 heures.
La motion demande des mesures de limitation des importations, un moratoire des nouvelles normes phytosanitaire afin de les adapter à la réalité du pays, et une négociation d’« un moratoire sur les dettes sociales, fiscales et bancaires des agriculteurs ».

C’était la deuxième journée de mobilisation des agriculteurs réunionnais hier. A l’appel de la CGPER et de Jeunes Agriculteurs, ce 30 janvier, deux convois étaient organisés au départ de l’usine du Gol dans le Sud et de celle de Bois-Rouge dans l’Est. Tracteurs et camionnettes ont convergé devant la préfecture à Saint-Denis afin de remettre une motion au représentant de l’État. Des véhicules portaient des pancartes avec différents mots d’ordre : « on veut vivre », « le lokal lé vital » ou « not fin sra zot faim ».
Outre des représentants des deux syndicats, le président et la directrice de la coopérative Avipole étaient également dans le mouvement, le conseiller régional délégué à l’agriculture, Jean-Bernard Maratchia, la sénatrice Evelyne Corbière Naminzo, ainsi que des militants culturels dont des membres du Collectif Pangar !

Une partie de la délégation représentant les agriculteurs mobilisés hier.

Limiter la concurrence des importations

Dans un texte commun, CGPER et JA demandent à l’État de s’engager sur des mesures pour limiter la concurrence des importations. Tout d’abord pour « conditionner l’accès des importations à notre marché par le respect des mêmes normes que celles qui nous sont appliquées ». Ensuite, « augmenter le taux d’octroi de mer sur les importations qui concurrencent directement la production locale en élevage et fruit et légumes : oignons, pommes de terre, carotte, ail, bovins, volailles, petits ruminants et porcs » et « « interdire les importations concurrentes quand la production locale est en phase de récolte ».
Le monde agricole est très attentif aux négociations menées par l’Union européenne avec des pays tiers qui peuvent concurrencer la production locale. Jean-Michel Moutama, président de la CGPER, a rappelé les accords avec la Nouvelle-Zélande et le Chili notamment, ainsi que les accords discutés par l’UE avec les pays voisins de La Réunion.
Les agriculteurs doivent faire face à une hausse importante des coûts des intrants depuis plusieurs années. Ceci impacte gravement la trésorerie. A cela s’ajoutent les conséquences de la sécheresse persistante depuis plusieurs années, et des épisodes de fortes pluies dévastatrices.
C’est pourquoi les manifestants demandent de « négocier un moratoire sur les dettes sociales, fiscales et bancaires des agriculteurs ».

Moratoire sur les dettes et la réglementation phytosanitaire

Rappelant qu’ils sont « les défenseurs les plus convaincus de l’environnement, car c’est leur outil de travail », les agriculteurs demandent de revoir l’application des normes sanitaires. Elles sont plus strictes à La Réunion car une partie du territoire est un Parc national, a rappelé Guillaume Sellier, président de Jeunes Agriculteurs.
Là aussi, un moratoire est demandé afin d’examiner point par point comment une adaptation réunionnaise de la réglementation est possible. Les agriculteurs sont par exemple confrontés à l’interdiction de plusieurs molécules sans qu’une alternative soit proposée. Or, les agriculteurs réunionnais sont formés à un usage raisonné des produits phytosanitaires dans le but de protéger l’environnement.
L’accessibilité de tous les agriculteurs aux aides européennes est également demandée. En effet, la complexité du montage des dossiers rend bien difficile l’accès à ces aides aux producteurs indépendants qui travaillent pourtant en respectant les normes européennes.
Après avoir remis la motion, la délégation a annoncé la tenue d’une réunion avec le préfet afin d’examiner les différents textes déposés par des syndicats d’agriculteurs depuis lundi. Elle se tiendra ce 31 janvier à 14 heures.

M.M.

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