Comment les banques gagnent leur vie, ou plutôt la nôtre

2 février 2008

Quel genre de valeur crée la Société Générale ? Autrement dit, quels services rend-elle à la collectivité ? Oublions le “petit” trader qui prenait des positions élevées pour compenser par la masse engagée la faiblesse des profits réalisés sur les marchés dérivés d’actions. Sans Jérôme K., et sans ses “déboires” sur le marché des crédits immobiliers, la Société Générale aurait dégagé 7 milliards d’euros de profits pour 2007, soit, eu égard à son actif, quelque chose comme 14% (7 divisé par 50) de taux de profit net. On n’est pas loin du fameux “15%” mythique de rendement exigé en amont par les fonds d’investissement sur les entreprises. On remarquera que la BNP fait le même taux de profit, ce qui donne une idée de l’absence de concurrence et du partage d’un marché captif entre les deux monstres ! En fait, les banques engagent ce qu’elles gagnent par la petite gestion ordinaire et discrète sur les ménages (frais de tenue de compte, un euro par ci un euro par là, etc...) sur les marchés spéculatifs, et doublent leurs profits en jouant sur le marché du risque, marché en expansion, puisque toutes arrivent à faire leur beurre simultanément.
Pour que tout le monde gagne, il faut que la taille du gâteau augmente, autrement dit, que le marché soit en croissance. Autrement dit, le marché du crédit est en croissance, mais ça, c’est la vie du capitalisme même ; et le marché du risque est en croissance !
Ce qui veut dire qu’in fine, les banques font payer des primes d’assurance aux ménages (c’est ça, le marché du risque) qui n’ont rien demandé. Dans un monde où le taux de croissance est de 4% et l’inflation de 3, un taux de profit normal est de 7%. De là à dire que les banques ont organisé un marché parasitaire du risque qui leur permet de capter 8% de la valeur créée par l’économie réelle, une question que l’on peut se poser. Preuve que le marché du risque est largement parasitaire de l’économie réelle. Autrefois, il existait un marché du risque pour le franc face au mark, qui a disparu, et tout le monde ne s’en porte que mieux. Certes, il faut bien un marché d’assurance de l’euro face au dollar. Mais pourquoi un marché du risque sur actions ? En quoi le commun des mortels et des entreprises doivent-ils spéculer sur les marchés d’actions ? Il ne s’agit d’ailleurs même pas d’actions, mais d’indices boursiers ! La croissance des marchés dérivés est-elle de la vraie croissance ? Je n’en suis pas sûr.

Bernard Maris, France Inter, Marianne2


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