L’INSEE vient de publier une enquête sur la consommation des ménages par poste qui reflète les fortes inégalités de la société réunionnaise. Selon l’enquête, concernant les ménages à revenu modeste, l’alimentation est le premier poste du budget des ménages qui y consacrent 21% de leurs dépenses. Pour les ménages les plus aisés, ce sont les transports qui viennent en tête de liste. (Voir graphique ”Consommation par poste, selon le niveau de vie du ménage”).

La plus grande partie du revenu des familles modestes est consacrée à l’alimentation et au logement

Sur ces deux postes, les ménages à revenu modeste dépensent deux fois moins que les ménages du haut de l’échelle. Ainsi, alimentation et logement absorbent ensemble 41 % du budget des ménages les plus modestes. Ces deux postes de base ne représentent en revanche que 27% des dépenses de consommation des ménages les plus aisés, selon l’INSEE. (Voir graphique“Part du revenu consacrée à l’alimentation et logement”)
La dépense moyenne en alimentation d’un ménage du premier quartile (c’est-à-dire des ménages les plus modestes) frôle les 2.700 euros annuellement, tandis que celle d’un ménage du quatrième quartile (ménages aisés) dépasse les 5.000 euros. L’alimentation pèse ainsi nettement plus lourd sur le budget des ménages du premier quartile (21 %) que sur celui des ménages du quatrième quartile (14%).

Les voyages et excursions sont le fait des ménages les plus aisés

Cette étude nous montre aussi que les voyages et excursions sont presque exclusivement le fait des ménages les plus aisés qui y consacrent 870 euros par an, soit neuf fois plus que les ménages du premier quartile. Il en est de même pour l’équipement audiovisuel, photographique et informatique qui est aussi largement le fait des ménages les plus aisés avec des dépenses cinq fois supérieures à celles du premier quartile. C’est aussi le cas pour l’édition et la presse, mais avec des montants un peu plus faibles. (Voir graphique “Revenu consacré au voyage et excursion”)
Cette enquête de l’INSEE fait apparaître que nous vivons dans une société très inégalitaire. Rappelons que 52% de la population réunionnaise vit en dessous du seuil de pauvreté. Cette inégalité découle notamment d’un taux de chômage record à La Réunion (près de 30%).

2009 sera une année très difficile

Les perspectives pour l’année à venir sont très pessimistes avec la crise que nous traversons actuellement. Depuis le début de l’année, le chômage n’a cessé d’augmenter dans l’île. +11% sur 1 an, soit 6.080 demandeurs d’emploi de plus. Concernant les offres d’emplois déposées à l’ANPE, on enregistre un recul de 7,7% sur 1 an (d’octobre 2007 à octobre 2008). Sur les dix premiers mois de l’année, le recul atteint 8,8%, soit 3.464 offres de moins. De même, on assiste à une précarisation des emplois. Le nombre d’emplois durables (contrats dont la durée est supérieure à 6 mois) a chuté de 19,6%, tandis que les offres d’emplois occasionnels (contrats inférieurs à un mois) ont augmenté de 19,4%. L’évolution des différents indicateurs fait apparaître une dégradation de la situation.
Le maintien des grands chantiers, l’accélération des projets d’investissement et la relance des grands travaux suspendus sont plus que jamais les priorités immédiates dans un contexte d’aggravation de la crise. Lors de la conférence de presse du 23 octobre 2008, Paul Vergès avait lancé un SOS en appelant à l’union de tous les Réunionnais. L’impact de la crise financière va quant à lui amplifier les défis de la croissance démographique, du changement climatique et de la mondialisation. Face à cette situation, le président de la Région lançait un « S.O.S. politique et social ». Cela rend d’autant plus urgente la nécessité de rassembler tous les Réunionnais autour de l’intérêt général du pays.

Risham Badroudine