La Quinzaine nationale du commerce équitable représente l’opportunité pour l’association Réunion Équitable d’informer et de sensibiliser à nouveau la population réunionnaise sur le concept et la démarche du commerce équitable. Bien que la pratique soit de plus en plus répandue en France et en Europe, elle reste encore timide et abstraite pour une grande majorité de la population réunionnaise.
Parce qu’acheter des produits équitables, c’est offrir dignité et rétributions décentes aux producteurs les plus défavorisés du Sud, de même que consommer des produits de qualité tout en respectant l’écosystème, la jeunesse solidaire de Réunion Équitable poursuit son investissement, avec pour but la promotion de pratiques équitables dans les échanges commerciaux à La Réunion, dans la zone océan Indien et Afrique australe.

Posons-nous la question

Lorsque le matin, l’arôme du café et la fraîcheur d’un jus d’orange nous aident à entamer la journée, l’on est bien loin des considérations humaines et sociales véhiculées par le commerce équitable. Et pourtant, si l’on considérait que l’alléchant café qui fume dans notre tasse, - deuxième marchandise d’échange au monde après le pétrole -, provient de l’Afrique et de l’Amérique du Sud, là où les paysans travaillent et vivent dans le dénuement le plus total, peut-être nos tonifiants matinaux auraient-ils alors un autre goût, celui de la mauvaise conscience.
Les produits de consommation courante, tels que le café ou encore le thé et le jus d’orange, importés et achetés à bas prix, dépendent des fluctuations du marché mondial (spéculations, aléas climatiques) qui rendent la situation des producteurs du Sud précaires.
C’est en constatant le déséquilibre Nord-Sud d’un commerce mondial inégal, que des organisations de producteurs et de consommateurs ont imaginé de nouvelles pratiques économiques. Depuis 1980, les échanges du commerce international se sont multipliés par 14, la planète a perdu 30% de ses richesses naturelles et le 1,3 milliard d’habitants des pays pauvres sont 86 fois moins riches que la population américaine, et tout cela, aux dépens des populations les plus fragiles. Il fallait réagir.
Grâce aux produits labellisés "commerce équitable" (pas encore distribués à La Réunion), les petits producteurs sont assurés d’être payés décemment, d’avoir de réels moyens de subsistance, sans assistanat. Alors avec un café équitable accompagné d’une confiture péi, c’est une consommation intelligente, un acte citoyen responsable, favorable pour la digestion.

Payer plus mais surtout payer mieux

Pour un paquet de 250 grammes de café issu du commerce équitable, il faudra débourser entre 2,3 et 3,35 euros, au lieu de 1,8 à 3 euros pour un produit classique. Ce coût supplémentaire semble ne pas poser de problème au consommateur, dès qu’il est assuré que le supplément investi profitera directement au producteur.
Il faut savoir que les 15% de surcoût lui sont intégralement reversés. Un prix d’achat fixe lui est garanti sans considération de fluctuations de marché, de même qu’un pré-financement des récoltes afin de mener une action agricole durable. Ainsi assuré, le producteur peut à son tour offrir soins et éducation à ses enfants.
Une réglementation rigoureuse permet un contrôle de qualité des produits, un travail décent sans exploitation des enfants. Les "coyotes", comme sont appelés les distributeurs intermédiaires qui spolient l’argent des producteurs sans justification aucune, sont ainsi expulsés du système équitable et les producteurs regroupés en coopération sont dès lors les seuls interlocuteurs des importateurs.
Le commerce équitable offre ainsi, aux producteurs désireux, les moyens de l’autonomie, la compensation équitable de leur travail, car "quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant, ainsi qu’à sa famille, une existence conforme à la dignité humaine", selon la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen. Une prime est également accordée à ceux d’entre eux qui souhaitent se lancer dans la culture biologique, plus respectueuse de l’écosystème tropical.
C’est ainsi que 50% du café bio mondial provient des producteurs engagés dans la démarche équitable du label Max Havelaar, le plus reconnu en Europe et le plus actif en France, à l’origine de la Quinzaine du commerce équitable.

Le commerce équitable à La Réunion

Le label Max Havelaar fait partie de la Plate-forme du commerce équitable, aux côtés de plusieurs autres associations engagées dans la démarche et signataire d’une charte commune. Il est soutenu par la Communauté européenne, le ministère des Affaires étrangères, le secrétaire d’État à l’Économie solidaire, mais aussi par l’association réunionnaise Réunion Équitable, qui souhaite le représenter localement, tout comme d’autres labels.
Cette dernière sait qu’elle a encore à promouvoir le concept auprès des consommateurs locaux, comme elle le fait déjà en proposant dégustations, informations, échanges. Au vu de la niche recensée par un acteur de la grande distribution locale, le consommateur réunionnais adhère déjà au café équitable, reste à lui faire découvrir les nombreux autres denrées alimentaires des labels "sociaux", tels que l’huile d’olive palestinienne, ou encore l’huile d’Argane, le chocolat...
Réunion Équitable souhaite également faire prendre conscience aux distributeurs locaux que la démarche leur est profitable en termes d’image et d’éthique. Le plus grand défi que l’association s’est fixée reste de fédérer les entreprises réunionnaises autour du commerce équitable, de les inciter à s’engager dans une action concrète et bénéfique au développement des pays voisins, avec en prime la garantie d’un approvisionnement régulier et de qualité.

Créer un label

Pour le président de Réunion Équitable, Sébastien Martial et son trésorier, David Guyomard, tous deux étudiants investis et impliqués dans la démarche solidaire, l’association pourrait se proposer en tant qu’association locale de référence, avec ses propositions, son cahier des charges et une charte du commerce équitable de la zone pour toutes les associations souhaitant s’unir autour d’un projet de coopération régionale et de développement durable. Un label propre à la zone pourrait favoriser les exportations sans avoir à passer par des intermédiaires. Une véritable dynamique entre les différents particularismes du commerce insulaire pourrait fédérer monde associatif et institutions autour d’un même projet de développement, alternative et complément au commerce européen.
Créer un label social, une commission de contrôle des producteurs équitables aux Comores, à Madagascar, à Mayotte représenterait pour cette jeunesse volontaire, lucide et responsable, un nouveau pont de solidarité, de fraternité avec les îles voisines, les prémices d’une réelle dynamique commerciale insulaire, non pas basée sur un simple principe d’assistanat, mais bien d’autonomie et de prise en charge.

Estéfany

o Contacts : Sébastien Martial au 0692.70.73.46/ David Guyomard au 0692.69.05.88 ou le site : www.reunion-equitable.asso.re

Programme de vendredi 7 mai

- Journée découverte du Commerce équitable et de la solidarité internationale, sur le parvis de la Faculté du Moufia :

- 11 heures : installation des stands d’une dizaine d’associations œuvrant dans le domaine de la solidarité internationale (Ligue des droits de l’homme, Arche...)

- 11 heures 30 : Force Indigène présente son spectacle "Zamalgame" avec des fonnkèrs de Francky Lauret et Baboo B’Jalah, sur un son électronique de Jako Maron et Digital Groove

- 12 heures 30 : Musik "Kfé Blan" par Jean-Yves Hoarau et Romuald Drouard

- 13 heures 30 : fonnkèrs de Patrice Treuthardt

- 14 heures : démonstrations et présentations de différentes percussions par Bernard Coutaye

- 15 heures : contes et fonnkèrs par Sully Andoche

- 16 heures à 17 heures : maloya avec Zénès Maloya

- 20 heures : musique réunionnaise avec Tapok, à la salle Vladimir Canter

- 21 heures à 22 heures 30 : Salem Tradition

- Cycle de conférences gratuites et ouvertes à tous (Saint-Denis, le Port, Saint-Louis, le Tampon, Saint-Pierre et Saint-Benoît) et dégustations

- Lundi 10 mai : projection de films et débat, de 18 à 21 heures, Salle Lucet Langenier à Saint-Pierre
- Mercredi 12 mai : conférence, dégustations (café/thé), débat, de 18 à 21 heures, Grand Marché à Saint-Denis
- Jeudi 13 mai : projection de films/débat, de 18 à 21 heures, Amphithéâtre 250, campus Sud de l’Université du Tampon
- Vendredi 14 mai : projection de films, dégustations (café/thé), débat, à partir de midi à Live Formation au Chaudron à Saint-Denis, organisés par l’association Initiatives dionysiennes