Cher(e)s ami(e)s,
Au moment où la farine de blé venue des plaines d’Ukraine se fait de plus en plus rare sur nos marchés, je vous invite tous à la dégustation du pain à la farine de manioc que vous voyez sur ces images. Naturellement, il vous sera difficile d’en parler en toute connaissance de cause sans en avoir goûté un échantillon. De plus en plus de boulangers au Cameroun et en Afrique en proposent à leurs clientèles par ailleurs très occidentalisées sur ce plan.
La crise Russo-Ukrainienne qui a débuté il y’a 4 mois et 22 jours de cela, nous offre enfin l’opportunité de nous intéresser à nos ingrédients locaux pour la confection de nos produits de boulangerie.

A titre de rappel : Selon les chiffres publiés par la Banque Africaine de Développement (BAD) en mars 2022, les importations de blé représentent environ 90 % des 4 milliards de dollars US d’échanges de l’Afrique avec la Russie et près de la moitié des 4,5 milliards de dollars US d’échanges du continent avec l’Ukraine.
La production locale de ces denrées que favorise d’ailleurs nos écosystèmes agricoles, aboutirait à une énorme épargne en dépenses de nos devises. De surcroît, une pareille option produirait de nombreux emplois en Afrique.
Il convient de relever que selon une étude de "La Tribune Afrique" publiée en Avril 2021 au Maroc, pas moins de 65% des emplois en Afrique relève du secteur agricole, qui ne produit que 20% des besoins de cette population. Le défi des années futurs sera de moderniser l’agro-industrie africaine pour inverser cette tendance.

Le prix actuel de 400 fcfa affiché pour ces baguettes de pain pourrait baisser selon la théorie d’échelle bien connue en science économique qui postule que le niveau des prix des produits de consommation baisse avec l’augmentation des quantités demandées par les consommateurs. Consommons donc plus pour payer moins.
Les quelques données présentées plus haut, loin de causer le désarroi généralement constaté dans les populations africaines, devraient plutôt inciter les habitants du continent à persévérer dans la quête de leur souveraineté alimentaire.

Tant il est vrai qu’un ventre vide greffé d’une main tendue vers la charité internationale ne sauraient être les gages d’une autonomie individuelle et collective de l’Afrique. Or il n’y a pour les populations mendiantes ni respectabilité, ni dignité, ni exemplarité.
Paradoxalement, la crise actuelle en Europe de l’Est doit être considérée par nous comme un moment de changement dans le domaine de la sécurité alimentaire Africaine.

Source : Pr. Jean - Emmanuel Pondi via Agri Mag Africa (https://www.facebook.com/agrimagafrica/)