Elections à la Chambre d’agriculture

Coordination rurale : “nouvelle énergie” du monde agricole réunionnais

13 janvier 2007

La quatrième et dernière liste d’agriculteurs est présentée par des nouveaux venus dans le monde agricole. La Coordination rurale de La Réunion s’est constituée en octobre 2006, dans le droit fil de celle qui s’est créée en France en 1991, à la suite d’un désaccord avec la FNSEA sur la Politique agricole commune (PAC). Ce sont des jeunes que révolte la régression du monde agricole, conséquence, selon eux, d’un asservissement à une gestion bureaucratique.

La Coordination rurale s’est constituée dans l’île, il y a 3 - 4 mois, à l’initiative d’un jeune agriculteur et éleveur de Piton Saint-Leu, Laurent Lebon, dans l’intention explicite d’insuffler une nouvelle énergie au syndicalisme agricole et de jouer les trublions dans les élections à la Chambre. « La Coordination rurale ne veut pas déstabiliser le syndicalisme traditionnel, mais le faire évoluer, avec l’objectif d’en faire changer la “ligne”. En effet, le projet de ce syndicat n’est pas du type institutionnel ou politique, nous ne disons pas “à gauche” ou “à droite” mais “en avant” », disent les nouveaux syndicalistes.

A La Réunion, ces jeunes agriculteurs ont réagi devant les problèmes de foncier et d’irrigation - ils déplorent la « dormance des syndicats devant l’antenne 8 du basculement des eaux » par exemple -, devant les revenus en baisse et les « contraintes administratives plus fortes ». Ils veulent remettre l’Homme, l’agriculteur, au centre de la politique agricole. Ils croulent sous les contrôles et les contraintes d’une bureaucratie qui fait d’eux des « rouages », des « fonctionnaires assistés », dénonce Laurent Lebon, qui n’est pas tendre non plus pour les autres syndicats. « La FDSEA dit oui à tout, la CGPER est trop univoque... Ceux qui sont censés nous représenter sont de mèche avec ceux qu’ils combattaient. C’est tout l’inverse d’un travail syndical normal. Ils se chargent de faire passer à la base ce qui a été décidé en haut lieu par les technocrates, et leur message est, une fois de plus, qu’il faut s’adapter... ».

Le programme de la Coordination rurale est de « replacer l’agriculteur au cœur de la politique agricole, faire connaître son immense responsabilité, car il détient les clés du développement, de l’emploi, de l’écologie, de l’équilibre social, de la santé publique, de l’indépendance alimentaire... », poursuit le président de la Coordination rurale 974.
Ses objectifs sont de remettre les organisations professionnelles agricoles et les Chambres au service des agriculteurs ; des agriculteurs qui pourraient « vivre dignement de [leur] métier » en reprenant leur « liberté de décision et d’entreprendre », pour assurer aux consommateurs réunionnais des produits de qualité et changer l’image des agriculteurs au yeux du reste de la société : la Coordination rurale rejette le principe de “l’agriculteur pollueur-payeur” et lui substitue celui de “paysan dépollueur-payé”. Elle affirme « le rôle vertueux de l’agriculture pour l’environnement », sa large contribution à la dépollution et sa participation au développement durable.
Ses propositions tiennent en 3 chapitres : Réorienter la politique agricole vers une politique de prix rémunérateurs (I) ; simplifier les démarches par une réforme législative, administrative, sociale et fiscale (II) et remettre les organisations professionnelles agricoles au service des agriculteurs (III).

Pour réorienter la politique agricole, la Coordination rurale avance la notion « d’exception agriculturelle » : pour protéger les productions locales des contraintes tarifaires imposées par l’OMC à la France et à La Réunion. Un autre axe prioritaire est celui de la préférence communautaire : renforcer la position des RUP « pour défendre la place de notre marché local sur le marché européen face au marché mondial ». La lutte contre « les distorsions de concurrence » causées par l’importation de produits agricoles extérieurs est un des chevaux de bataille de la Coordination rurale, qui veut aussi remettre en question « les marges abusives des distributeurs ».

La Coordination rurale estime par exemple, sur la question de l’avenir de la canne, que « la production d’éthanol à partir de la bagasse pourrait être une porte de sortie pour la production cannière »... Une porte de sortie qui remet en question les choix énergétiques des usiniers.
Sur beaucoup d’aspects de la politique agricole, la Coordination rurale arrive avec des propositions qui vont réactiver les débats. Ses membres espèrent faire leur entrée dans la Chambre d’agriculture, dans le collège des exploitants et assimilés. Récente, la Coordination rurale ne présente de liste que dans un seul collège, mais elle espère rééditer le coup de théâtre produit en France lors des dernières élections, où le mouvement national a remporté 15% des voix dans 40 départements. Pour ce scrutin, la Coordination rurale est présente dans 80 départements, dont La Réunion où elle se présente pour la première fois.

P. David


Collège des exploitants et assimilés (21 sièges)

Lebon Laurent - Dijoux Bruno - Mezino Marie Anise - Padre Jean Luxène - Le Borgne Thierry - Perrault Jean Camille - Leichnig Joseph - Dambreville Henri Claude - Bellon Jean-Philippe - Fontaine Cyril - Florian Etienne - Futol Emile Augustin - Futol Philippe - Hoareau David - Julie Olivier - Lambert Jean Denis - Lauret Henri Max - Monce François - Morel Dominique - Robert André - Sangamalom Jean - Sauver Joselito - Cadet Jean Raymond.


Brève sociale

Tous les partenaires sociaux de l’UNEDIC excluent toute fusion avec l’ANPE

Les partenaires sociaux constituant le bureau de l’UNEDIC ont exclu à l’unanimité toute idée de fusion avec l’ANPE, relevant du service public.

Dans une déclaration commune faite jeudi 11 janvier à l’issue de leur réunion mensuelle, l’ensemble des partenaires sociaux gestionnaires du régime d’assurance chômage (UNEDIC) ont « exclu toute fusion avec l’ANPE ».
Cette déclaration, adoptée à l’unanimité par les organisations syndicales (CGT, CFDT, FO, CGC, CFTC) et patronales (MEDEF, UPA, CGPME) siégeant au bureau de l’UNEDIC, déclare notamment que « la gestion paritaire du régime d’assurance chômage, dans les modalités d’intervention fixées par les partenaires sociaux, ce qui exclut de fait une fusion avec l’ANPE, garantit l’indemnisation des demandeurs d’emploi et l’indépendance du régime ».
L’ANPE fait partie du secteur public, s’occupant de l’emploi et du placement des chômeurs, tandis que l’UNEDIC relève du droit privé, étant financé par les cotisations des salariés et employeurs, et ce depuis sa création.


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Messages

  • de f Mainguet ,agriculteur en Saintonge

    Bravo, les amis .
    La Fnsea s’essouffle,c’est normal ,aprés 60 ans d’activité nous ne pouvons que lui souhaiter une bonne retraite.
    La CR au travers de son ouverture d’esprit, son analyse sans concession, est le porte drapeau des paysans d’aujour d’hui et de demain.
    Battons nous pour défendre notre dignité trop baffouée dans le monde .
    Battons nous pour maintenir une véritable reconnaissance de notre métier.
    Battons nous contre la technocratie,noueau fléau des temps modernes .

    françouais

  • Vas-y Laurent, on est tous a fond avec toi !!! Rebelle des temps modernes, chevallier à moto ou à tracteur, défends les droits de tes frères de terre. Au plus beau des "bouseux"... une fée des bois.


Témoignages - 80e année


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