Agriculteurs, ils travaillent à plus de 100 % et cherchent à écouler leurs produits pendant le confinement

Coronavirus : espaces de vente sécurisés à Sainte-Suzanne pour acheter des fruits et légumes directement au producteur

28 mars 2020, par Manuel Marchal

Agriculteurs à Sainte-Suzanne, Madame Grimaud, Madame Robert, Dominique Fontaine, Philippe Césaria, Willy Fontaine, Robert Dominique, sont, comme tout le secteur, confrontés aux effets de la crise sanitaire. Comment en effet continuer à écouler leurs produits alors que le confinement limite les déplacements au strict nécessaire ? La Mairie de Sainte-Suzanne vient à leur aide en proposant une solution innovante : l’ouverture d’espaces de vente directe sécurisés, situés sur le domaine public, réservés aux agriculteurs de Sante-Suzanne,. Le premier a été lancé hier sur le parking situé devant le collège Lucet Langenier à Quartier-Français.

Les agriculteurs ont une grande responsabilité, celle de nourrir la population. C’est pourquoi ils sont autorisés à continuer à travailler. L’état d’urgence sanitaire s’accompagne d’une mesure inédite, le confinement de la population. Amenée à durer jusqu’au 15 avril, cette mesure s’est accompagnée d’une autre qui porte un coup aux agriculteurs : l’interdiction des marchés forains.
Ceci a entraîné une surcharge considérable de travail pour ces agriculteurs, car comme le rappelle l’un d’entre eux, « nous devons totalement nous réorganiser alors que nous travaillons déjà à 100 %, cela nous oblige à 40 % de travail en plus ».
Face à cette situation, les communes s’organisent. A Sainte-Suzanne, la commune a en effet décidé d’accorder des autorisations temporaires d’occupation du domaine public (AOT). Il s’agit de permettre aux producteurs de Sainte-Suzanne d’écouler leurs produits auprès de la population de la commune. Max Ponin explique que la volonté de la commune est de soutenir les agriculteurs pour limiter les pertes au maximum.

Des agriculteurs inquiets aux côtés de Max Ponin, la commune de Sainte-Suzanne travaille avec les producteurs à la recherche de solutions.

Agriculteurs en grande difficulté

En effet, à Sainte-Suzanne comme ailleurs, la situation des agriculteurs est inquiétante. Ainsi, des planteurs de bananes se retrouvent avec des dizaines de milliers de fruits à écouler rapidement par exemple. Agriculteurs à Sainte-Suzanne, Madame Grimaud, Madame Robert, Dominique Fontaine, Philippe Césaria, Willy Fontaine, Robert Dominique commercialisent en vente directe. La fermeture des marchés forains ne leur permet plus de vendre leurs produits selon le circuit habituel.
Par conséquent, le chiffre d’affaires s’effondre alors que les charges sont toujours les mêmes, et qu’il reste toujours les crédits à rembourser.
Une autre difficulté se profile, celle de la hausse des prix des intrants. Car si des engrais sont encore stockés à La Réunion, la matière première pour les réaliser se fait de plus en plus rare. Par conséquent, le prix va augmenter, ce qu’un agriculteur en vente directe ne peut pas répercuter afin que la population ait encore les moyens de s’acheter des fruits et légumes frais.
Dominique Rivière souligne que la situation des producteurs de fleurs est encore plus dramatique, car les fleurs ne se mangent pas et ne sont pas des produits de première nécessité.
Les agriculteurs sont également pénalisés par la fermeture des guichets des agences bancaires. Il n’est donc plus possible de retirer plusieurs milliers d’euros en espèces pour payer cash les achats d’intrant. Le guichet automatique fixe un plafond de retrait qui est insuffisant.
Enfin, le prolongement du confinement compromet la tenue de deux fêtes religieuses, le ramadan et Pâques, durant lesquelles les agriculteurs peuvent espérer écouler des animaux.

Les barrières imposent un seul sens de circulation pour les clients.

Le droit de manger des produits frais et le droit d’écouler sa production

La première réponse apportée aux agriculteurs par la Mairie de Sainte-Suzanne est donc de proposer à ces producteurs de vendre dans des espaces sécurisés. Le premier a vu le jour hier devant le collège Lucet Langenier à Quartier Français. A peine Dominique Fontaine commençait à monter son étal que les premiers clients affluaient.
Pour respecter les gestes barrières, un sens de circulation est imposé aux clients afin qu’ils ne se croisent pas. Des marquages au sol rappellent aussi l’obligation de maintenir une distance de sécurité d’au moins un mètre entre chaque personne pour éviter la propagation du coronavirus.
Les ananas vendus un euro rappellent que la vente directe permet d’éviter les abus qui existent dans la grande distribution en raison de la multiplication des intermédiaires qui prennent chacun leur marge.

Pas de croisement possible et des marquages au sol visibles, tout est fait pour éviter la propagation du coronavirus.

Chaque jour, un agriculteur différent viendra vendre sur cet espace. Il incombe donc aux producteurs concernés, une cinquantaine à Sainte-Suzanne, de s’organiser pour tourner sur l’emplacement. D’autres espaces de vente sécurisés pour les agriculteurs de Sainte-Suzanne sont prévus dans d’autres quartiers. Car l’autre objectif de cette initiative est de limiter les déplacements des clients. Ceux-ci pourront donc trouver dans leur quartier des fruits et légumes à un prix abordable.
Cette initiative en complète d’autres mises en œuvre par des agriculteurs de notre île, comme la livraison à domicile de caisses de produits frais. Manifestement, le monde est en train de changer à cause du coronavirus, ce qui remet complètement en cause les circuits de vente actuels. La priorité est aujourd’hui de favoriser la proxmité et donc les circuits courts afin de limiter la propagation du coronavirus, et de contrer les abus de ceux qui profitent de la situation pour spéculer et faire monter les prix.

M.M.

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