Lettre de Nassimah Dindar à Didier Robert

Coronavirus : la Région Réunion doit aider toutes les entreprises victimes des effets du confinement

28 avril 2020

Dans un courrier adressé à Didier Robert, Nassimah Dindar rappelle que « les dispositifs nationaux ne répondent souvent que partiellement aux attentes et aux besoins » des entreprises réunionnaises victimes des effets du confinement. Elle souligne que le président de la Chambre de commerce et d’industrie a montré l’insuffisance de l’aide de la Région car 73% des entreprises n’emploient aucun salarié, et ne sont donc pas éligibles à ce dispositif. Elle constate les difficultés rencontrées pour utiliser le Prêt garanti par l’État car les banques demandent des conditions très difficiles à réunir pour cautionner les 10 % du risque restant à leur charge. En conséquence, elle demande à la Région d’aider toutes les entreprises victimes de la crise causée par le coronavirus, notamment en se portant caution pour les demandes de Prêt garanti par l’État, et en venant en aide aux sociétés réunionnaises en difficulté à cause du COVID-19 et qui ne sont pas éligibles à l’aide de l’État.

Monsieur le Président,

La crise sanitaire du Covid-19, que nous connaissons actuellement, est sans précédent au niveau national comme au niveau local. Son ampleur est considérable, tant par son aspect sanitaire, que par son aspect économique, lié notamment aux longues semaines de confinement qui ont été imposées pour enrayer la vague épidémique.

Le 24 mars dernier, dans une tribune publique, j’ai appelé chacun à exercer pleinement ses responsabilités, depuis l’Etat jusqu’à l’ensemble des collectivités locales, et de manière générale, tous ont essayé de répondre dans leur champ de compétences pour limiter au maximum l’impact désastreux de cette mise à l’arrêt de la vie économique et sociale.

Les dispositifs nationaux, en revanche, ne répondent souvent que partiellement aux attentes et aux besoins des entreprises ultramarines. Dans le cadre de la Délégation Outre-Mer du Sénat nous sommes en train d’entendre nombre d’opérateurs économiques, et nous rédigerons rapidement un ensemble de propositions qui seront transmises au Gouvernement.

D’ores et déjà, il apparaît, comme d’ailleurs le faisait remarquer Ibrahim Patel, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie et Vice-président au Conseil Régional, que le volet 2 du dispositif d’aide aux entreprises, géré par votre Collectivité, ne répond pas aux besoins du tissu économique de La Réunion. En effet, pour pouvoir y prétendre, une entreprise doit avoir au moins 1 salarié. Or, à La Réunion, 29.000 entreprises, soit 73% des entreprises, n’emploient aucun salarié, et ne sont donc pas éligibles à ce dispositif.
Par ailleurs, pour bénéficier du fonds de solidarité, l’entreprise doit être à jour de ses cotisations sociales et fiscales. Mais la crise récente des Gilets Jaunes qui a déjà affecté considérablement notre économie a mis à mal la trésorerie de nombre de structures, qui, dès lors, ont accumulé des dettes fiscales et sociales.

Enfin, les banques ultramarines sont plus frileuses encore que leurs confrères de l’Hexagone pour accorder les prêts pourtant garantis par l’Etat à hauteur de 90%, en demandant des documents et des prévisions comptables que les entreprises ne sont pas en mesure de leur fournir.

La Région Réunion que vous présidez a, me semble-t-il, tout son rôle à jouer pour aider nos entreprises à bénéficier des dispositifs d’aide qui ont été mis en place et dont elles sont, dans les faits, exclus :
• d’une part, il pourrait être judicieux que la Région mette en place un dispositif similaire à celui de l’Etat, mais ouvert cette fois aux entreprises n’employant aucun salarié, afin de venir en soutien de ces 29.000 sociétés en souffrance
• d’autre part, il pourrait être intéressant que la Région, sous réserve d’un engagement de l’entreprise à régler ses dettes fiscales et sociales, puisse se porter caution pour que la société puisse accéder aux dispositifs d’aide
• enfin, en cas de persistance des banques dans leurs exigences inatteignables, la Région pourrait aussi se porter caution pour garantir auprès des établissements bancaires les 10% des emprunts hors champ de garantie de l’Etat.

Je sais combien le soutien à l’économie de La Réunion, pleine compétence de la Région Réunion, est une de vos priorités, C’est pourquoi je me suis permis de vous adresser ces suggestions afin que vous puissiez les soumettre à l’analyse de vos services. Il me semble en tous les cas qu’il est urgent que nous puissions intervenir si nous ne voulons pas que nos entreprises les plus fragiles, vitales pour notre économie, disparaissent à l’issue de cette crise.

Vous remerciant par avance, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes meilleures salutations

A la Une de l’actuDidier RobertCoronavirus

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