Des patrons veulent la suspension de l’octroi de mer pendant 6 mois

Coronavirus : la Région Réunion fera-t-elle payer les Réunionnais pour sauver les profits des importateurs de voitures ?

28 mai 2020, par Manuel Marchal

D’après un représentant des professionnels de l’automobile interviewé mardi par Réunion Première, les vendeurs de véhicule neuf se retrouvent avec 3.000 voitures sur les bras d’une valeur totale de 60 millions d’euros. Ces vendeurs demandent une suspension de l’octroi de mer sur les importations de véhicules neufs afin de faciliter l’écoulement de ce stock, soit un important manque à gagner pour les collectivités réunionnaises fortement dépendantes de cette taxe sur la consommation. La Région Réunion répondra-t-elle à cette demande de patrons qui ont bien profité de l’arrêt du chantier du tram-train pour continuer à s’enrichir ?

En raison de l’épidémie de coronavirus et des restrictions qui en ont découlé, les vendeurs de voitures neuves ont connu une activité nulle pendant deux mois. Selon un membre de cette profession, ce sont près de 3.000 voitures qui auraient dû être vendues et qui ne le sont pas, pour une valeur de 60 millions d’euros. D’où une demande adressée à la Région Réunion : une suspension de l’octroi de mer pendant 6 mois afin de baisser les prix de vente pour écouler plus facilement cette marchandise.

Sachant que les recettes de l’octroi de mer bénéficient avant tout au fonctionnement des collectivités, selon signifie de demander à la Région Réunion de faire supporter par les communes le prix des ristournes accordées aux éventuels acheteurs. C’est bien sûr plus facile que baisser ses marges. En cette période électorale, un membre du lobby du tout-automobile a donc rappelé à Didier Robert qu’il doit être fidèle à la politique mise en œuvre depuis 2010 par la Région : priorité au tout-automobile pour assurer les profits des importateurs et des vendeurs. Cette politique s’est faite au détriment des Réunionnais, privés d’un train qui était financé. L’argent obtenu par Paul Vergès auprès de Paris pour cela a été détourné dans un projet de route en mer qui est désormais impossible à terminer, car les matériaux ne seront jamais disponibles pour un tel gaspillage à La Réunion.

Pour tout décideur public, la priorité doit être la sauvegarde des emplois et pas celle des profits des patrons. Pour vendre plus facilement, ces patrons n’ont qu’à baisser leurs marges. Celles-ci sont déjà jugées excessives par une étude de l’Observatoire des prix et des revenus dans le domaine de la vente de pièces détachées neuves parue déjà voici plusieurs années. Cette profession, qui bénéficie depuis 10 ans d’une politique régionale très favorable à ses intérêts, peut bien faire des efforts au lieu de demander encore une aide à la Région Réunion qui sera payée par tous les Réunionnais, y compris ceux qui, par choix ou contrainte économique, utilisent les transports collectifs et ne comptent pas acheter une voiture neuve. Et surtout, pas de chantage à l’emploi.

M.M.

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